Éco-Business

Sociétés cotées : croissance à deux chiffres pour la capacité bénéficiaire

La vigueur des résultats bancaires, conjuguée à un redressement graduel de l’activité industrielle, a permis à la capacité bénéficiaire des sociétés cotées d’augmenter de 10,4% en 2024, pour s’établir à 36,5 milliards de dirhams. Selon BMCE Capital Global Research, cette performance aurait même dépassé les 16% de croissance si l’on exclut l’impact exceptionnel du litige opposant Maroc Telecom à WANA. Une trajectoire positive qui confirme la résilience du marché.

L’année 2024 aura été celle d’une forme de normalisation bénéfique pour la Bourse de Casablanca. Portée par une solide performance du secteur financier et un retour progressif de la croissance dans l’industrie, la capacité bénéficiaire des sociétés cotées s’est établie à 36,5 milliards de dirhams, en hausse de 10,4% sur un an. Un chiffre qui aurait même grimpé à 16,8% en données retraitées, selon les analyses de BMCE Capital Global Research (BKGR), preuve que les fondamentaux du marché demeurent solides malgré certains soubresauts sectoriels.

Un choc ponctuel dans les télécoms
La principale leçon de cet exercice tient à la contribution déterminante du secteur financier, et en particulier des banques. Avec un produit net bancaire en progression de 12,6% pour atteindre 93,3 milliards de dirhams, le segment affiche une rentabilité robuste, traduite par un résultat brut d’exploitation (RBE) en hausse de 21,9%.

Cette performance, selon BKGR, résulte d’un double levier, la dynamique commerciale des établissements de crédit d’une part, et la rigueur dans la maîtrise des charges d’autre part. Le coefficient d’exploitation global des banques s’est ainsi amélioré de près de cinq points, passant à 42,8%, niveau rarement atteint ces dernières années. Le résultat net part du groupe (RNPG) des financières bondit de 25,6%, atteignant 19,6 MMDH.

Cette progression, pour la quatrième année consécutive, confirme la centralité du secteur bancaire dans l’écosystème boursier marocain, avec une contribution de plus de 55% à la capacité bénéficiaire totale du marché en 2024. Si les chiffres globaux restent bien orientés, ils masquent un choc de taille : l’impact du litige désormais enterré qui opposait Maroc Telecom à WANA Corporate.

L’opérateur historique a enregistré une charge exceptionnelle de 6,04 milliards de dirhams sur son résultat d’exploitation, pour un impact net de 4,15 MMDH sur le RNPG. Résultat, un effondrement de la contribution d’IAM aux bénéfices du marché, tombée en territoire négatif (-89,5% de contribution).

Retraité de cet incident isolé, le marché industriel aurait vu son RNPG croître de 21,5% au lieu de reculer de 4,4%. Une dynamique portée notamment par Marsa Maroc (+49% de RNPG), LafargeHolcim Maroc (+18%) ou encore TotalEnergies Marketing Maroc, qui a vu son résultat net multiplié par près de 19 par rapport à 2022.

Un marché globalement conforme aux attentes
Au-delà du cas IAM, le secteur industriel montre des signes de reprise. Le chiffre d’affaires global a progressé de 3%, et le résultat d’exploitation, bien que diminué de 7,2%, aurait bondi de 10% une fois le litige exclu. BKGR met en avant la contribution positive d’acteurs comme Afriquia Gaz (+46,6% de REX) ou TGCC (+57,1%), dont la rentabilité a profité à la fois de la baisse des coûts des intrants et d’une meilleure organisation opérationnelle.

La marge opérationnelle retraitée du secteur gagne ainsi 1,1 point, preuve que la reprise s’accompagne d’une amélioration qualitative. Le retour du dynamisme au second semestre 2024, après un début d’année ralenti par le calendrier religieux et les effets de base, a joué un rôle important dans ce redressement.

Selon BKGR, les résultats publiés sont en ligne avec les anticipations, avec un taux de réalisation de 101,1% sur un périmètre de 40 valeurs représentant près de 90% de la capitalisation. Les financières dépassent même légèrement les attentes (103,4%), tandis que les assurances (101%) et les industries (98,7%) se situent dans la fourchette prévue.

Au total, 56 sociétés cotées ont vu leur capacité bénéficiaire progresser en 2024, contre seulement 14 en recul. Cette large majorité témoigne d’une reprise structurelle des résultats à l’échelle de la cote.

Une trajectoire rassurante
Malgré la baisse significative du dividende par action (DPA) de Maroc Telecom, la masse globale de dividendes ne recule que de 3,2%, à 17,3 MMDH. Hors IAM, la progression atteint même 13,1%, portée par les revalorisations de groupes comme Attijariwafa bank (DPA de 19 DH contre 16,5 l’an dernier), Managem (DPA de 40 DH ) ou Addoha, qui renoue avec une distribution après plusieurs années d’abstention.

L’effet combiné de cette résilience et de la hausse de la capitalisation boursière induit toutefois un recul du rendement global (D/Y), qui passe de 3,6% à 2,8%. Mais la valorisation du marché, mesurée par un PER moyen de 20,5x, reste en ligne avec ses moyennes historiques.

En neutralisant l’effet IAM, le PER ressort à 18,4x. Au terme de cet exercice, l’analyse de BMCE Capital Global Research est claire. La Bourse de Casablanca affiche une trajectoire saine, où les performances des entreprises reflètent l’évolution réelle de leur activité.

La croissance des résultats, dans un contexte pourtant marqué par des incertitudes, souligne la capacité de résilience du tissu économique coté. Les fondamentaux sont là, et les investisseurs semblent l’avoir compris. Reste à transformer l’essai en 2025, dans un environnement monétaire plus favorable et avec, potentiellement, une reprise plus homogène des différents secteurs de la cote.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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