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Salaheddine Mezouar : “J’irai jusqu’au bout”

Salaheddine Mezouar vient de se réunir avec les parlementaires du groupe de la CGEM pour dresser un bilan d’étape et fixer les priorités de la rentrée. Dans un entretien accordé aux Inspirations ÉCO, il estime qu’il est temps de prendre des initiatives pour lancer des débats sur les questions de fond. Vertement critiqué par ses détracteurs, Mezouar ne compte pas changer de méthode et dit vouloir aller jusqu’au bout.

Dans quel cadre s’inscrit votre réunion avec le groupe parlementaire de la CGEM ?
Cette interaction avec le groupe parlementaire se fait de manière régulière, soit à Casablanca, soit par d’autres moyens de communication sur des sujets, des textes ou des orientations. Et avant la clôture de la session parlementaire de printemps, il était nécessaire de faire un bilan d’étape. Je pense que de par la spécificité du groupe parlementaire de la CGEM et cette première expérience au sein du Parlement, il est important d’avoir cette interaction pour maintenir un lien entre la CGEM et son groupe parlementaire. La présence physique est importante même si on se retrouve dans d’autres contextes. Il est fondamental que les parlementaires puissent avoir une orientation de la présidence de la CGEM, d’autant plus qu’il faut déjà commencer à préparer la prochaine rentrée. Nous avons beaucoup de sujets que la CGEM va aborder durant cette deuxième phase de notre mandat, lesquels ont une sensibilité particulière: la prochaine loi de Finances après les Assises de la fiscalité et les adaptations nécessaires, la problématique générale de la question de paiement qui, continue à perdurer et qui a un impact sur les entreprises, le Code du travail, la loi sur les grèves… Ce sont des questions qui vont être posées à la rentrée. À cela s’ajoute le contexte général de l’entreprise, de l’économie et de la compétitivité globale, du financement de l’économie… Ces sujets doivent être présents dans les débats, tout comme les questions ayant trait à la formation et l’employabilité, ainsi que les problématiques liées à la concurrence déloyale. Beaucoup de sujets sont sur la table et vont être les chantiers de la CGEM.

Quel bilan faites-vous de l’action des parlementaires de la CGEM ?
Mon appréciation est positive. Le groupe parlementaire de la CGEM a une identité particulière qui est claire. La contribution des parlementaires de la CGEM est différenciée et apporte aussi un angle différent par rapport aux sujets qui sont abordés, sachant que nous avons passé beaucoup de textes de loi en relation avec l’entreprise, les CRI, la région… La CGEM a apporté sa vision sur nombre de sujets en relation avec le secteur privé et sa compétitivité. Il s’agit de l’image d’un groupe qui s’affirme, qui est écouté et respecté.

Mais ne pensez-vous pas que vos parlementaires doivent être plus présents pour marquer les discussions et les travaux parlementaires ?
Globalement, les parlementaires de la CGEM sont présents dans tous les travaux et commissions parlementaires. Des interventions et des nuances se font quand il le faut. Il y a un alignement quand il n’y a pas de sujet de divergence, et je pense que, globalement, le groupe fonctionne dans la responsabilisation de tous ses membres. Maintenant, il y aura certainement des sujets sur lesquels la voix de la CGEM devra être beaucoup plus marquée et les propositions beaucoup plus débattues. Des initiatives doivent être prises par les parlementaires pour animer le débat. Nous sommes des agitateurs d’idées et de débats, et il faut que cette dimension de la CGEM soit beaucoup plus présente dans les différents sujets que nous voulons aborder. Cela crée de l’animation mais aussi le débat. Il est en effet important de créer le débat sur les sujets de fond, et je pense que le moment est venu de prendre des initiatives pour lancer celui-ci.

Cela se fera-t-il à partir de la prochaine rentrée ?
Quelques initiatives ont déjà été prises. Ce n’est peut-être pas assez, mais ce qui est important pour nous, c’est de fixer le cap ainsi que les sujets que nous devrons porter au vu du contexte économique, des défis et des enjeux. La démarche de la CGEM sera axée sur ces questions-là.

Pensez-vous que le gouvernement soit réactif ?
Nous veillons à ce que les interactions se fassent aussi avec le gouvernement parce qu’il y a des décisions qui doivent être prises. Nous n’avons pas de leviers de décision mais plutôt des leviers de débat, de proposition et de pression. Aussi est-il fondamental d’avoir cette interaction positive avec le gouvernement. Nous avons une plateforme CGEM-gouvernement qui sera l’occasion de réunions beaucoup plus soutenues et régulières à partir de la rentrée parce qu’on s’est engagé mutuellement à la faire avancer. Ce lien avec le gouvernement sera responsable mais en ayant la posture qu’il faut, en fonction du degré de maturité de chaque sujet.

Sur le plan législatif, les législations de discorde ne manquent pas. Tenez-vous toujours à la réforme du Code du travail en tant que priorité ?
La question du Code du travail est un sujet qui a été largement débattu dans le dialogue social, et des engagements ont été pris. Je pense que notre pays ne peut plus se permettre de botter en touche car c’est contre-productif pour la création d’emplois, pour l’amélioration de l’environnement et surtout pour l’adaptation à l’évolution et aux mutations du contexte. Quand on parle du Code du travail, il ne s’agit pas de chercher à nuire à une partie ou une autre. Il s’agit plutôt de se mettre d’accord sur des principes et à les traduire dans le cadre du code.

C’est donc une priorité, tout comme le projet de loi organique sur la grève. Où en sont les négociations autour de ce texte?
Chacun a sa position, mais le gouvernement a pris un engagement, et il faut qu’il le respecte. Il faut poser le débat. Il faut qu’on sorte de cette forme de blocage contre-productif. On peut ne pas être d’accord sur tout, mais il faut également faire confiance aux débats parlementaires pour pouvoir avancer sur le consensus.

Comment se porte maintenant la CGEM, qui vient d’être secouée par des tensions internes ?
La CGEM se porte bien. On peut avoir des épiphénomènes ici et là. Et quand on observe ce qui se passe dans toutes les organisations -quelle que soit leur nature- aujourd’hui, dans le contexte qui est le nôtre, ce n’est pas spécifique à la CGEM. On peut avoir des divergences d’approche et de points de vue mais, ce qui est important pour moi, c’est le cap qui est marqué. On ira vers ce cap avec ceux qui sont prêts à travailler, à s’engager honnêtement et loyalement en faveur de la CGEM. J’ai fait l’effort du consensus et celui du maintien de la cohésion pour que tout le monde soit à l’intérieur, mais quand la situation devient contre-productive, il faut trancher. Ma position est claire: je travaillerai avec ceux qui veulent travailler, ceux qui veulent avancer dans l’intérêt général de l’entreprise et de la CGEM. Il n’y a pas de débat de fond. Ce sont des épiphénomènes et des réactions individuelles que je comprends, mais je n’ai pas à continuer à les traiter comme si c’était un gros sujet pour la CGEM, qui est une organisation qui a 70 ans, qui a son histoire. Il faut accepter que l’organisation évolue, s’ouvre. L’ouverture est en effet sa vocation, de même que l’émergence de nouvelles idées…

Quid du mode de fonctionnement, qui est critiqué ?
Dans son mode opératoire et dans son mode de fonctionnement, la CGEM doit continuer, à chaque étape, à évoluer et elle est dans une étape où elle a besoin d’évoluer. J’ai fait le choix d’un mode de fonctionnement qui est beaucoup plus responsabilisant, beaucoup plus inclusif. C’est ce choix-là qui me paraît le plus adapté à l’évolution que doit avoir la CGEM. On peut ne pas être d’accord avec ce choix. Néanmoins, la CGM a aujourd’hui besoin d’un corps qui bouge, d’un corps qui évolue, d’un corps qui s’accepte et qui accepte les autres et d’un corps qui doit veiller à ce qu’il y ait plus de responsabilisation et plus d’ouverture parce que notre tissu économique a évolué, les attentes ont changé, et parce que nous avons des défis énormes. La CGEM est écoutée, représentative et a toutes les qualités pour être une organisation qui «tire vers le haut». On ne peut pas revenir, à chaque étape, sur des démissions ou sur des réactions pour uniquement montrer que rien ne marche. Ce n’est pas la bonne démarche. J’ai dirigé des structures beaucoup plus complexes que la CGEM, mais je reste cohérent avec ma démarche, mes convictions, ce que je conçois comme étant mon rôle du fait de la confiance qui m’a été donnée, et j’irai jusqu’au bout.q



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