RAM « décroche » sur le ciel du Sénégal
«Ne nous trompons pas, la clé de la réussite d’une aventure industrielle comme celle-ci, c’est la solidité d’engagement du gouvernement. Les 100% du capital sont détenus par la Caisse de dépôts et de consignations. Il reste 17 milliards à libérer. On ouvre les fonds, mais en conservant notre autonomie stratégique. Il n’est absolument pas question de laisser entrer un investisseur qui prendrait 51% de l’entreprise. J’appelle de mes vœux le privé national». Les paroles sont celles de Philippe Bohn. À 55 ans, ce monsieur Afrique d’Airbus maîtrise bien son sujet et constitue la force de frappe du Sénégal qui veut lancer une compagne nationale Air Sénégal SA qui démarrera son premier vol commercial.
Les ambitions aérienne de Macky Sall
On rembobine. En 2003, RAM détenait 51% d’Air Sénégal International (ASI) contre 49% pour l’État sénégalais. Or, ce mariage s’avère malheureux pour les deux partenaires en raison de divergences stratégiques. D’un côté, la compagnie marocaine pousse la logique du profit jusqu’au paroxysme, de l’autre l’État sénégalais qui, a le sentiment de servir de pompe à fric. Au final, Air Sénégal International est condamné à l’atterrissage forcé et les deux partenaires mettront des années à discuter de qui va payer l’ardoise des 91,5 millions d’euros de déficit résultant de cet échec.
Pour mettre sur orbite Air Sénégal SA, Macky Sall fait preuve d’audace en faisant appel à Philippe Bohn. Au niveau de la symbolique, ce dernier représente un retour de la funeste France-Afrique en raison du management Franco-français qui va diriger la compagnie, indique les médias sénégalais.
Pour forcer le trait, Macky Sall écarte les cadors de l’aérien sénégalais, dont les commandants Malick Tall et Thierno Niane. Ce dernier occupera désormais le poste de directeur général de la Caisse de dépôt et consignations qui détient 100% de la compagnie naissante. En clair, Macky Sall veut une compagnie gérée de main de fer avec des outils modernes, loin des manœuvres abscons de politiciens.