Rabat-New Delhi : Le business maroco-indien à l’heure de l’Afrique
Le Maroc est bien placé pour devenir une porte d’entrée pour les entreprises indiennes vers les marchés de l’Afrique de l’Ouest. Plus de 100 rencontres B to B ont été organisées, jeudi 20 avril, par Maroc Export à l’occasion du Forum d’affaires maroco-indien. Les principaux secteurs porteurs sont les énergies renouvelables, les infrastructures, l’industrie pharmaceutique, l’automobile, l’eau & assainissement et la production cinématographique.
Principalement orientées phosphates et dérivés, les relations économiques entre le Maroc et l’Inde sont appelées à s’étendre et à se diversifier. La fréquence des visites des délégations s’est nettement accélérée depuis la visite royale à New Delhi, en octobre 2015, en marge de la troisième édition du Sommet Afrique-Inde. Jeudi 20 avril à Casablanca, c’était au tour du Maroc d’accueillir une forte délégation indienne venue rechercher de nouvelles opportunités de business.
À l’initiative des équipes de Maroc Export, le Forum d’affaires maroco-indien a connu la participation de plus de 200 entreprises et a été marqué par la tenue de pas moins de 100 rencontres B to B, couvrant plusieurs secteurs d’activité, de l’automobile aux technologies de l’information et de la communication (TIC) en passant par les banques, les infrastructures, les énergies renouvelables, l’eau & assainissement, etc.
La délégation indienne a été présidée par le secrétaire d’État à la diplomatie économique auprès du ministère des Affaires étrangères. Étaient également présents les représentants de certaines organisations en charge de l’export, ainsi que les dirigeants d’une cinquantaine de grandes entreprises indiennes, Tata Motors, Mahindra & Mahindra, Micromax (dixième acteur mondial dans la téléphonie mobile), Suzlon, Lioyd Electric & Engineering Limited pour ne citer qu’elles.
Gagnant-gagnant
«Nous aspirons à renforcer la coopération entre nos deux pays et à bâtir ensemble un partenariat gagnant-gagnant», a souligné Zahra Maafiri, directrice générale de Maroc Export, à l’ouverture du forum. Elle a invité les membres de la délégation indienne à réfléchir aux complémentarités qui peuvent enrichir le partenariat, notamment en Afrique, rappelant par la même occasion les 55 accords de libre-échange (ALE) signés par le royaume, ainsi que le retour récent du Maroc à l’Union africaine et le projet d’adhésion à la CEDEAO. «L’Inde est fortement présente en Afrique du Sud. Le Maroc l’est en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest. Casablanca est ainsi bien placée pour jouer le rôle de passerelle entre le Maroc et l’Inde», a affirmé Moncef Belkhayat, qui s’exprimait sous la casquette de vice-président du Conseil régional Casablanca-Settat. Inversement, les entreprises marocaines sont invitées à découvrir les opportunités du marché indien, lié lui aussi par des ALE avec les pays du Sud-Est asiatique (Singapour, Thaïlande, Malaisie), sans compter ceux en cours de négociation avec l’Australie et l’Union européenne. Avec un taux de croissance de plus de 7 % en 2016, l’Inde est la quatrième puissance économique au monde, après les États-Unis, l’Allemagne et le Japon. Forte de sa population qui avoisine 1,2 milliard dont 550 millions de jeunes âgés entre 25 et 48 ans, elle est classée huitième dans l’indice de confiance des investissements directs étrangers (FDI Confidence Index), rendu public en début de semaine. Mieux, l’Inde est classée au premier rang en se référant à l’indice de profitabilité (40 centimes gagnés contre chaque dollar investi). Au pays de Ghandi, le besoin en unités d’habitation est estimé à 14 millions pour les 15 ans à venir. C’est dire que le marché indien est porteur pour les entreprises marocaines.
Parmi les secteurs à fort potentiel énumérés jeudi dernier par le secrétaire d’État à la diplomatie économique au ministère des Affaires étrangères, Nagaraj K. Naidu, figure celui des NTIC (plus de 420 millions d’utilisateurs Internet et plus de 5 millions de transactions de recharge téléphonique par jour). Idem pour le secteur des énergies renouvelables (besoin d’une capacité supplémentaire de 200 GW issus du solaire), ou encore du côté du secteur pharmaceutique (70% des vaccins sont fabriqués en Inde). Des synergies -voire des JV- peuvent aussi se développer dans le domaine de la production cinématographique entre les réalisateurs et producteurs des deux pays. «Je vous invite à venir investir avec un plan d’action tenant compte des spécificités de chacun des 29 États que compte le pays», a lancé le secrétaire d’État indien en s’adressant aux entrepreneurs marocains.