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Quotas de l’espadon. Banco pour le Maroc

Lors de la 20e rencontre extraordinaire de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT), tenue au Portugal, un accord a été arraché par le Maroc au profit des pêcheurs opérant en Méditerranée. Les quotas alloués ne sont pas remis en cause. Coulisses d’un long épisode de négociations à l’issue duquel la délégation marocaine a marqué un -gros- point au profit du royaume. 

Les stocks d’espadon dans la Méditerranée sont en diminution et leur reconstitution est fixée pour l’an 2031, estime le comité scientifique de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT). Pour atteindre cet objectif, le comité recommande la mise en œuvre, par toutes les parties contractantes, d’un programme de rétablissement de 15 ans à compter de l’année prochaine. À l’issue d’une semaine de réunions et d’âpres négociations qui se sont tenues à Vilamoura (Portugal), l’ICCAT a ainsi suivi les recommandations du comité scientifique. La commission a réussi à aboutir à un accord pour diminuer progressivement les quotas d’espadon qui, jusqu’à présent, n’avaient jamais bénéficié d’une telle mesure de protection, commente une source à l’ICCAT. Après une bataille très serrée entre l’ICCAT et les pêcheurs autour du plan d’aménagement présenté par l’UE pour l’espadon de la Méditerranée, ladite commission a fixé, pour l’année 2017, un quota – ou TAC (Total admissible de capture)- de 10.500 tonnes pour la Méditerranée, soit à peu près le volume actuellement prélevé, les pêcheurs de l’Union capturant près de 80% du quota alloué.

Les arguments de la diminution
Dans son rapport examiné lors des travaux de la 20e rencontre de l’ICCAT, réunie du 14 au 21 novembre pour fixer un quota de pêche du thon rouge en Méditerranée et dans l’Atlantique (www.leseco.ma), le comité scientifique de l’ICCAT a souligné que les captures de l’espadon, avec l’état surexploité des stocks au cours des 30 dernières années, ont brutalement baissé, atteignant des niveaux très faibles. Fer de lance des parties favorables à l’aménagement de l’espadon dans la Méditerranée, l’UE avait déposé auprès du secrétariat de l’ICCAT le projet d’un plan d’aménagement des pêcheries de cette espèce au niveau de la zone méditerranéenne.

L’Union a rappelé dans son projet que le comité scientifique de l’ICCAT recommande, pour la survie de cette espèce, la diminution des quotas alloués aux 45 États membres. Reconnaissant l’évaluation des stocks effectuée par les scientifiques de la commission en 2016, l’ICCAT recommande donc de réduire considérablement les prises et d’augmenter le contrôle des débarquements et des rejets. Un groupe de travail de cette instance internationale sera d’ailleurs constitué en février 2017 en vue d’établir un schéma d’allocation juste et équitable du quota d’espadons de la Méditerranée, lit-on dans un document de l’ICCAT et dont Les Inspirations ÉCO détiennent copie. Au cours de la période 2018-2022, toujours suivant les recommandations du comité scientifique, l’ICCAT devra progressivement baisser le total admissible de capture de 3% par an. Cette politique, qui prévoit une évaluation scientifique des stocks en 2019, portera ses fruits d’ici à l’horizon 2031, estime-t-on à l’ICCAT dont la nouvelle politique devrait inciter à plus de rigueur sur les pêcheries de l’espadon dans la Méditerranée, selon des observateurs marocains. En vertu de l’amendement de la recommandation 13-04, le secrétariat de l’ICCAT doit donc suivre une politique rigoureuse visant à contrôler les prises d’espadons de toutes les parties contractantes. Et conformément aux recommandations de cette instance internationale : «le 15 janvier de chaque année, au plus tard, les CPC doivent transmettre au secrétariat de l’ICCAT la liste de tous les navires de capture autorisés à pêcher activement l’espadon. Les gouvernements en question doivent désigner les ports dans lesquels les débarquements d’espadons de la Méditerranée sont autorisés».

À compter de 2018, les États membres (CPC) devront soumettre tous les ans à l’ICCAT leur plan de pêche avant le 15 mars. Dans la circulaire diffusée lundi 21 novembre par l’ICCAT, il est aussi précisé que ce plan doit inclure des informations détaillées concernant le quota alloué par type d’engin, y compris aux pêcheries sportives et récréatives (le cas échéant) ainsi que les prises accessoires. D’autres mesures, qui sont notamment citées dans le projet présenté par l’UE, sont également adoptées par l’ICCAT. «Les CPC devront procéder au suivi de l’efficacité des périodes de fermeture et elles devront soumettre à l’instance, au plus tard deux mois avant la réunion annuelle de la commission, toutes les informations pertinentes sur les contrôles et les inspections appropriées visant à assurer le respect de ces mesures», indique-t-on à l’ICCAT.

Le Maroc gagne la bataille de l’espadon…
Tandis que l’UE a déposé sa demande auprès du SG de l’ICCAT, les 45 pays membres de cette instance internationale étaient loin de faire front commun pour accepter le projet européen, confie Kamal Bennouna, membre de la délégation marocaine, présidée par la SG du ministère Zakia Driouch. «Il est encourageant de voir que l’ICCAT a entendu les recommandations du comité scientifique, et qu’il a formulé des amendements au projet proposé par l’UE pour le rétablissement des stocks de l’espadon de la Méditerranée», constate la même source, qui ne manquera pas de souligner que la commission «a clôturé ses travaux sur une victoire marocaine».

Au ministère de la pêche maritime, on se félicite également de la décision de l’ICCAT. «Nous nous réjouissons de la décision de l’instance en matière d’engagement pour la conservation de l’espadon de la Méditerranée. Et nous nous félicitons encore plus car nous avons réussi à faire entendre les intérêts du Maroc et à faire des amendements dans le projet présenté par l’UE pour l’aménagement de l’espadon dans la Méditerranée», est-il souligné au ministère.En clair, déclare-t-on au sein de la délégation marocaine, le projet final amendé ne présente pas de mesures restrictives pour le Maroc, notamment au niveau de la pêche artisanale en Méditerranée. «La délégation marocaine a réussi à conserver les acquis du royaume. Elle a aussi réussi à faire valoir la spécificité de la petite pêche en amenant les autres délégations concernées à adopter des mesures de contrôle prenant en considération la nature de cette flotte et son environnement», déclarent les responsables du ministère.


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