Province d’Al Hoceima: l’usine laitière d’Imzouren cherche gestionnaire
La Direction régionale de l’Agriculture de la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima a lancé un appel à manifestation d’intérêt portant sur la gestion de l’usine laitière d’Imzouren, fermée depuis septembre 2021.
Mise en place dans le cadre du Pilier II de développement de la filière laitière, lancée en 2016 dans la province d’Al Hoceima, l’usine laitière d’Imzouren cherche un gestionnaire.
Celui-ci aura pour mission d’assurer un fonctionnement optimal de cette unité, dont la superficie totale est de 3.028 m2 (dont 1.251m2 de superficie construite).
La Direction régionale de l’agriculture de la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima a lancé, à cet effet, un appel à manifestation d’intérêt pour l’exploitation de cette usine qui est à l’arrêt depuis le 24 septembre 2021.
Initialement, le porteur et gestionnaire du projet était l’Union des coopératives agricoles d’Ajdir. Celle-ci avait commencé à exploiter ladite usine depuis novembre 2018 en vertu d’une convention de cession conclue à cette fin.
À noter que la fermeture de cette usine s’est traduit par un manque à gagner en termes de création d’emplois, d’autant que l’unité en question a une capacité de transformation de 20 tonnes/jour et qu’elle est déjà équipée afin de permettre la pasteurisation du lait et la fabrication de ses dérivés.
Engagements
Il est prévu qu’une convention soit signée, pour acter le cadre général de gestion, avec les personnes morales de droit public ou privé qui seront retenues pour l’exploitation de cette usine.
Laquelle portera sur tous les aspects de la gestion, administrative, technique et financière, dans le respect des normes techniques et sanitaires. Il s’agira aussi de mettre en œuvre une stratégie d’exploitation, une approche commerciale et un programme d’investissement.
Autre points saillants : l’amélioration de la qualité des produits valorisés et leur conditionnement, la réfection des locaux, le maintien des prérogatives de contrôle et de supervision de l’État dans l’exécution de la convention de partenariat ainsi que le retour de l’unité en fin de contrat.
L’exploitant retenu se devra aussi de présenter un business-plan étalé sur la période d’exploitation de l’unité. À ce sujet, soulignons que la durée de la convention est de dix années à compter de la date de notification de l’approbation de ce cadre contractuel.
Elle peut être renouvelée par tacite reconduction. Il faut dire que le cadre d’exercice des prérogatives du partenaire-exploitant sera suivi de près par la tutelle.
Ainsi, au démarrage de chaque exercice, celui-ci devra présenter au comité de suivi son programme d’exploitation et de gestion détaillé, qu’il s’agisse des prix de référence ou ceux des différentes prestations….
«L’objectif principal de cette opération est la recherche d’une meilleure plus-value à travers une production de qualité susceptible de conquérir le marché régional et national», est-il expliqué dans les grandes lignes de l’appel à manifestation d’intérêt.
Cet objectif, ajoute la même source, est conditionné par la canalisation d’une grande partie de la production vers le processus de transformation et de conditionnement de l’unité dans une démarche de valorisation de qualité.
«Ce passage obligé est la seule condition pour faire accéder le produit à des plateformes plus rémunératrices au niveau du marché régional, voire national».
C’est dans ce sens aussi que le futur gestionnaire aura à agir -en collaboration avec l’Union des coopératives d’Ajdir et ses coopératives membres- en matière d’approvisionnement en lait.
Il faudra, par ailleurs, prospecter de nouveaux producteurs.
Ceci étant, l’exploitant devra s’engager à s’approvisionner en priorité auprès des coopératives membres de l’union des coopératives d’Ajdir, d’Al Hoceima et des nouveaux producteurs potentiels, «sans exclure la possibilité de s’approvisionner ailleurs dans les zones limitrophes».
Quid du volet financier ?
Une fois que la convention de partenariat sera approuvée par les autorités compétentes, le futur exploitant sera notifié pour fournir à l’administration une caution bancaire de sécurisation du patrimoine mis à sa disposition.
Celle-ci est de l’ordre de 500.000 DH, sur laquelle seront prélevées les sommes nécessaires à la remise de l’unité en l’état où elle lui est remise une fois la convention arrivée à échéance ou après sa résiliation.
Une redevance d’exploitation annuelle de 300.000 DH est aussi prévue.
Elle «sera engagée au profit des bénéficiaires pour le développement de l’amont laitier», est-il expliqué.
Ceci, sachant qu’à la signature de la convention, le nouveau partenaire aura à s’acquitter des arriérés de redevances d’eau potable, de l’ordre de 134.000 DH. Parmi les points culminants du volet financier, figure également l’aspect concernant le prix du lait.
Il est, en effet, spécifié que le futur exploitant s’engagera à acquérir le lait à un prix minimum de 3,5 DH/litre. La redevance du lait sera versée à chaque producteur au prorata de la quantité livrée.
Avant la fermeture, les tentatives de sauvetage
Il est à rappeler que des tentatives de sauvetage de ladite usine avaient été initiées pendant le mandat d’exploitation de l’Union des coopératives d’Ajdir. En février 2020, une réunion consacrée à l’examen de la situation de l’usine laitière d’Imzouren et des difficultés qui entravent son développement, s’était tenue avec les agriculteurs membres de l’Union.
Présidée par le gouverneur de la province d’Al Hoceima, Farid Chourak, cette réunion a été l’occasion de s’arrêter sur les difficultés du secteur, notamment les dettes accumulées et la faible production, qui ne dépasse pas 15 tonnes par jour en été, tandis que la capacité de production de l’usine atteint 20 tonnes.
Le gouverneur de la province avait exprimé la disposition des autorités locales à soutenir cette usine, exhortant le directeur provincial de l’agriculture à accompagner et soutenir les agriculteurs pour l’acquisition de bovins afin d’augmenter la production.
Il s’était également dit prêt à aider l’Union des coopératives agricoles d’Ajdir à acquérir une flotte de camions de haute qualité pour faciliter la commercialisation du lait à l’échelle régionale. Par ailleurs, il avait été décidé d’accorder des aides financières pour soutenir les agriculteurs en difficulté.
Le nombre de coopératives contribuant à la production de lait du Rif, s’élevait à l’époque à 6, regroupant 400 familles et environ 2.400 agriculteurs. L’usine laitière d’Imzouren employait quelque 55 personnes.
Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO