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Protectionnisme, transparence, garanties… Les maux des fonds souverains persistent

Depuis 2007, les fonds souverains sont reconnus comme étant des acteurs importants du système monétaire et financier international. Les investissements des fonds souverains se révèlent à la fois essentiels et bénéfiques pour les marchés internationaux. Pourtant, certains obstacles persistent. Une actualisation des principes de Santiago serait prévue dans ce sens. Détails.

La semaine dernière, le Maroc a réuni les plus grands fonds souverains membres de l’International Forum of Sovereign Wealth Funds (IFSWF). Le réseau mondial qui fête son 10e anniversaire compte 32 fonds souverains (sur 78 fonds présents dans le monde) qui gèrent environ 80% des actifs souverains de la planète. Organisée par l’IFSWF et le fonds souverain marocain Ithmar Capital, la rencontre a mobilisé plus de 200 participants autour du thème : «Gouvernance, investissement et innovation dans un monde en évolution».

Au cours des dix dernières années depuis la création du Forum international des fonds souverains (IFSWF) et des principes de Santiago, l’IFSWF s’est attaché à améliorer les normes de gouvernance et de transparence au sein de la communauté des fonds souverains à l’extérieur. L’évènement était d’ailleurs l’occasion de réfléchir à une éventuelle actualisation des principes de Santiago «qui ne sont pas des lois internationales mais les fonds adhérents au forum doivent s’y conformer…C’est une sorte de guide pour les fonds et les États», martèle Edwin Truman, professeur, économiste et chercheur. Un climat de protectionnisme croissant a resurgi après s’être dissipé il y a une dizaine d’années. Les fonds souverains ont commencé à susciter la suspicion dans certains milieux, en partie en raison de leur rôle dans la facilitation de la libre circulation des capitaux internationaux. «Depuis 2007, les fonds souverains ont été reconnus comme des acteurs importants du système monétaire et financier international…La libre circulation des investissements et des capitaux est la chose la plus importante pour nous tous et le protectionnisme devient une réelle menace pour cela», alerte le directeur d’un fonds souverain. Il faut dire que ces fonds ont longtemps été critiqués pour leur opacité, surtout quand certains fonds exerçaient une forte influence sur l’imaginaire collectif des acteurs financiers publics et privés, des gouvernements et des grandes institutions. Le contexte de la dernière crise financière n’ayant pas aidé, les fonds souverains avaient décidé de réagir, encouragés par le Fonds monétaire international et le Trésor américain.

Le groupe de travail qui regroupait 26 fonds souverains à l’époque s’est réuni pour établir un ensemble de principes et de pratiques généralement acceptés (GAPP), qui sont devenus connus sous le nom de principes de Santiago. Ils définissent des principes et des pratiques de base pour une gouvernance solide et transparente des fonds souverains, fondée sur des normes professionnelles du secteur des investissements en matière de contrôles opérationnels, de gestion des risques et de responsabilité. Par ailleurs, si les perceptions des fonds souverains ont évolué, la confusion persiste quant à la manière de les définir. Cela se comprend car ils constituent un groupe d’institutions diverses. Certains fonds souverains sont vieux de plusieurs décennies, d’autres sont nouvellement créés ; certains sont financés par les recettes pétrolières, d’autres n’ont aucun lien avec les revenus tirés des produits de base ; certains investissent principalement dans des obligations et des actions, d’autres affectent la majeure partie de leur capital à des actifs alternatifs comme les fonds de capital-investissement. Beaucoup investissent en dehors de leur propre pays, certains exclusivement chez eux. Aujourd’hui, tout nouveau membre du Forum IFSWF en plus de la réglementation de son propre pays devra respecter également ces normes de gouvernance puisqu’elles représentent un gage de transparence à l’échelle internationale. D’ailleurs, cette année l’IFSWF a encore amélioré son processus d’auto-évaluation en fournissant aux membres un ensemble de lignes directrices pour les aider dans leur travail préparatoire. Ces auto-évaluations sont requises régulièrement afin d’assurer un certain suivi et communiquer sur les pratiques les plus pertinentes. Les nouveaux adhérents (Panama, Ghana, Égypte, Ouganda, Rwanda…) ne dérogeront pas à cette règle. Pour ce qui est du Maroc, le fonds Ithamr Capital assure suivre scrupuleusement ce guide.

«Cela a été très facile pour nous de nous conformer à ces principes puisque la réglementation marocaine est assez complète et englobe certains aspects de ce guide», souligne Tarik Senhaji, DG du fonds souverain marocain. Une aubaine pour le Maroc qui se définit comme porte d’entrée des investissements en Afrique. Il faut dire que sur le continent, rien que les capitaux nécessaires chaque année pour le financement des investissements en infrastructures peuvent atteindre 130 milliards de dollars (estimation). Pour les financer, tous les leviers seront nécessaires.

D’ailleurs, l’Afrique (qui dispose de 13 fonds souverains) a vu croître de 39% les actifs de la gestion de ses fonds souverains entre 2009 et 2015. Le continent a également reçu pas moins de 50 milliards de dollars d’IDE en 2017 (contre 40 milliards en 2010) dont 20% ont été consacrés aux secteurs de l’eau et du gaz, 19% aux services et 18% à la construction. Ce ne sont pas les projets qui manquent en Afrique mais «notre challenge est aussi de rendre les projets bancables afin de pouvoir intéresser les investisseurs», retient Ibrahima Kane, DG du Fonds stratégique d’investissement du Sénégal (FONSIS). Pour lui, l’Afrique malgré son énorme potentiel doit encore démontrer qu’elle dispose d’un climat d’affaires apaisé, dépourvu d’éventuelles chasses gardées. 



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