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Production oléicole : la chute se confirme

Pour la troisième année consécutive, la saison oléicole 2024 connaît une chute drastique de la production. Entre faibles rendements, hausse des coûts et baisse de la consommation, les producteurs d’olives ne sont pas au bout de leur peine. Quant aux prix, ils sont contenus grâce aux importations, notamment d’Espagne. Les prévisions tablaient sur des hausses vertigineuses.

L’année 2024 n’a pas été de tout repos pour les producteurs agricoles. Alors que de subtiles lueurs d’espoir se dessinaient à l’horizon, augurant d’une production agricole plus prometteuse, ne serait-ce que de peu, les espérances se sont anéanties, du moins pour la filière oléicole. Il est vrai que les précipitations survenues durant le mois d’octobre ont permis aux agriculteurs de s’accrocher, mais pour la culture oléicole, il n’y avait plus rien à espérer. Et les perspectives pessimistes ont fini par se concrétiser. La récolte, qui a démarré dès la deuxième quinzaine du mois de novembre, ne fait que corroborer une campagne désastreuse pour la troisième année consécutive.

«Il s’agit d’une petite campagne. Jamais la production n’a été aussi faible. Certes, la qualité y est, mais les quantités ne suivent pas au grand désarroi des producteurs qui sont en mauvaise posture avec des coûts de revient particulièrement élevés puisque la récolte est dérisoire. Non seulement le prix de l’olive est cher, mais celui de la main-d’œuvre se situe également à un niveau élevé en corrélation avec le volume, ce qui renchérit davantage le coût de revient », déplore Rachid Benali.

Coûts de revient
Le professionnel indique que le coût de revient se situe entre 2 et 3 dirhams, contre 1 DH auparavant, sans compter les charges fixes adossées à la production. Quant au prix de l’olive, il est de 13 DH le kilo. Tout compte fait, la perte pour le producteur est estimée à 3 DH/kg. Cependant, la récolte, qui habituellement s’étend jusqu’au mois de janvier, pourra s’achever plus tôt que prévu.

Selon Rachid Benali, président de l’Interprolive et de la COMADER, 80% de la production globale est déjà récoltée. Des chiffres renseignant sur le volume de la production ne sont toujours pas disponibles, mais la situation laisse envisager le scénario le plus défaitiste.

Nourreddine Ouazzani, directeur de l’Agropole olive de Meknès et expert international en oléiculture et huile d’olive, a estimé une production comprise entre 80.000 et 100.000 tonnes, ce qui représente une baisse de 45 à 50% par rapport à une année normale, soit entre 120.000 et 180.000 tonnes.

Or, si la pénurie d’eau persiste, ce qui a été le cas durant le mois de novembre, les répercussions seront de taille. Les prévisions tablent dans ce cas sur une production de 40.000 à 60.000 tonnes. Cela confirme la courte durée de la saison oléicole. L’essentiel de cette production proviendra d’oliveraies irriguées traditionnelles et de jeunes oliveraies intensives. Ces oliveraies irriguées représentent environ 30% de la superficie oléicole du Maroc, estimée à 1,22 million d’hectares.

Pour rappel, dans ses prévisions, le ministère de l’Agriculture s’attendait à un repli de la production d’olives pour la saison 2024/2025 de 11% par rapport à l’année dernière, et de 40% par rapport aux saisons normales.

Impact sur les prix et la consommation
Côté prix, le litre d’huile d’olive est actuellement vendu entre 90 et 110 DH maximum, en fonction de la qualité. Des prix qui demeurent en deçà des prévisions, car tout portait à croire que vu la faible récolte, une envolée des prix était attendue sur le marché, au point de dépasser les 120 DH/l. Ainsi, le niveau de ces prix reste relativement correct.

Pour Benali, l’annonce des importations a fait reculer les prix et a contribué à la stabilisation du marché. Selon le professionnel, il est prévu d’importer 10.000 tonnes d’Espagne d’ici la fin de l’année, avec en prime la suspension des droits d’importation.

Toutefois, la différence de prix par rapport à l’huile d’olive locale n’est pas énorme. Elle est de 10 DH. Tandis que pour les produits en provenance de Tunisie, il n’y a pas de restriction quantitative. Autre point à soulever, le niveau de consommation qui se dégrade crescendo en raison de la cherté du produit.

D’ailleurs, le constat est général. Même en Espagne, les prix ont été revus à la baisse, suite à une demande qui dégringole. Le Maroc ne déroge pas à la règle. Comme il ne s’agit pas d’un produit de première nécessité, le recours à des produits de substitution a pris le dessus.

Rachid Benali
Président de l’Interprolive et de la COMADER

«Il s’agit d’une petite campagne. Jamais la production n’a été aussi faible. Certes, la qualité y est, mais les quantités ne suivent pas au grand désarroi des producteurs, déjà en mauvaise posture avec des coûts de revient particulièrement élevés compte tenu d’une récolte dérisoire. Outre la cherté de l’olive, le prix de la main-d’œuvre se situe à un niveau élevé en corrélation avec le volume, ce qui renchérit davantage le coût de revient.»

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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