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Production électrique : l’ONEE hérite de la part du lion dans la MT

Le gouvernement a officiellement procédé à la publication des enveloppes en Gigawattheures pour l’injection d’énergie électrique produite à partir de sources d’énergies renouvelables au réseau électrique de moyenne tension, ventilée par gestionnaire de réseau électrique de distribution, sur la période 2022-2031. Il en ressort que l’ONEE hérite de la part du lion, ce qui a été mal perçu par les opérateurs. 

Le gouvernement verrouille le marché de la production électrique moyenne tension (MT) à partir de sources renouvelables sur les dix années à venir. C’est, du moins, la façon dont les opérateurs perçoivent le message qu’il a envoyé, suite à la publication des enveloppes en Gigawattheures (GWh) pour l’injection d’énergie électrique produite à partir de sources d’énergies renouvelables au réseau électrique de moyenne tension, ventilée par gestionnaire de réseau électrique de distribution, sur la période 2022-2031 (Voir tableau).

En effet, même si son intention est juste de dire à l’ONEE et aux sociétés délégataires et régies autonomes de distribution d’eau et d’électricité que «voici quels sont les niveaux annuels que la production d’électricité MT, à partir de sources renouvelables, ne doit pas dépasser dans vos régions respectives», la publication envoie un mauvais signal. En effet, au moment où tout le monde veut investir dans le GWh à 0,5 centimes, via le photovoltaïque, on constate que, sur les dix années à venir, c’est l’ONEE qui décroche le jackpot. 221,2 GWh pour l’ONEE contre 268,7 GWh pour tous les autres Pour preuve, prenons le cas, par exemple de l’année en cours. L’ONEE s’est vu attribuer le droit de produire 221,2 GWh contre 268,7 GWh pour toutes les 11 sociétés délégataires et régies autonomes de distribution d’eau et d’électricité réunies (Voir tableau). À la question de savoir pourquoi, la réponse qui a été donnée est «parce que l’ONEE opère sur tout le territoire national, alors que les autres sont des distributeurs régionaux».

En effet, en 2022, la Lydec, la mieux lotie de tout le groupe, n’a pas le droit, par exemple, d’accepter sur toute la région Casablanca-Settat où elle opère, des projets de production d’électricité à partir de sources photovoltaïque ou éolienne dépassant 86 GWh. C’est à dire que même si plusieurs unités industrielles de la région décident de se lancer dans la décarbonation cette année, leur production cumulée ne devrait pas dépasser ces 86 GWh. Idem, à partir de 2026 et ceci jusqu’en 2031, Lydec n’aura droit annuellement qu’à une production de 144 MW, alors que celle de l’ONEE va aller crescendo sur toute la période des dix années, en commençant à 221,2 GWh en 2022 pour finir à 855,7 GWh en 2031. Si certains spécialistes se demandent quels sont les critères qui ont présidé à ce choix, les opérateurs, eux, se disent qu’ils vont devoir encore attendre longtemps avant l’ouverture de la loi 13-09 au privé pour la production d’électricité de moyenne et basse tensions, à partir de l’énergie solaire. Les opérateurs, peu optimistes sur l’imminence de l’ouverture de la loi 13-09 «Le marché est encore sous un contrôle étroit et les pouvoirs publics entendent prendre encore leur temps, tout le temps nécessaire pour traiter ce dossier de «souveraineté», qu’ils jugent très délicat», estiment-ils.

En effet, «l’enjeu de l’ouverture de la loi 13-09, c’est justement de parvenir à l’ouvrir au privé tout en préservant l’équilibre du système actuellement en vigueur. Autrement dit, nous ne voulons pas tomber sur ce qui est arrivé au secteur informatique, il y a quelques années, c’est-à-dire l’anarchie totale où on ne maîtrisait rien. Chacun venant vendre sur le marché marocain du matériel informatique venu de je ne sais pas où, à qui il voulait, au prix qu’il voulait. Non, nous ne voulons pas que cela arrive dans le domaine des énergies renouvelables», rappelait l’ex-ministre de l’Énergie. Dès lors, avant d’ouvrir la 13-09 dans le domaine solaire, l’Exécutif veut se doter d’un vrai cadre d’encadrement où tout sera fixé à l’avance, notamment : le nombre de kilowattheures qui sera attribué au privé, sa répartition entre l’industrie et le résidentiel, le quota par catégorie, le délai qui sera imparti au privé pour produire, la normalisation des produits qui seront admis à la commercialisation au Maroc à travers l’étiquetage, les conditions de vente à l’ONEE, etc. Ceci sans oublier les divers accords avec les autorités territoriales et l’entrée effective en service du gendarme du marché de l’électricité, en l’occurrence l’Autorité nationale de la régulation électrique (ANRE), dont les prérogatives sont en train d’être étendues aux énergies renouvelables.

Sur ces différents aspects de cadrage, rappelons que l’ex-ministre et son équipe avaient décidé d’attribuer 1.400 à 2.000 MW maximum à la moyenne tension d’ici 2030. Autrement dit, la production électrique par le privé, à partir de source solaire, sera alignée sur les mêmes objectifs que les centrales que construit Masen dans le solaire, l’éolien et l’hydraulique. Suivant ce plan, les tranches de production seront, cependant, de 400 MW chaque deux ans, soit à multiplier par cinq pour atteindre l’échéance de 2030. Des seuils de production seront, également, fixés pour l’industrie et le résidentiel. On parlait d’une moyenne de 2 MW par unité industrielle. Par contre, rien n’avait filtré sur le seuil concernant le résidentiel.

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO


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