Pêche : À Casablanca, l’informel sévit !

À en croire des sources bien informées, au port de pêche de Casablanca, l’activité serait prise en otage par l’informel. Près de 60% de la production capturée dans les pêcheries de Casablanca transiterait en dehors du circuit normal.

Depuis quelques semaines, les mareyeurs au port de Casablanca sont sur le pied de guerre. Des sources professionnelles affirment aux Inspirations ÉCO que la raison en est qu’une grande quantité de produits halieutiques échappe au circuit normal de distribution. Un an après que l’Association nationale des mareyeurs grossistes de poissons blancs de Casablanca ait interpellé le département de tutelle sur l’activité informelle de certains mareyeurs au sein de ce port (www.leseco.ma), ce problème refait surface, prenant en otage l’activité sur ce site portuaire. «C’est l’anarchie ici, surtout les soirs. Quotidiennement, des centaines de personnes entrent au port. Aucun contrôle n’est effectué pour savoir qui  est professionnel  et qui ne l’est pas», déplore-t-on au sein de l’Association nationale des mareyeurs grossistes de poissons blancs.

Manque à gagner
Il y a une semaine, une dizaine de véhicules transportant du poisson n’ayant pas transité par le circuit normal a d’ailleurs fait l’objet d’une plainte à la délégation de pêche maritime de Casablanca, indique-t-on au sein de cette même association. «Nous avons aussi interpellé la police sur cette nouvelle affaire, qui, notons-le, n’est pas un cas unique dans ce port puisque de grandes quantités continuent de passer par le circuit informel sans que les contrebandiers ne soient dérangés par les agents de contrôle», lance le président de cette association, qui affirme que la situation a même pris de l’ampleur, ces derniers temps.

Celui-ci ajoute que l’organisation des circuits de débarquement et de commercialisation des produits halieutiques ne serait pas respectée par tous les mareyeurs opérant dans ce port car le trafic rapporte gros aux «contrebandiers». Selon la même source, un poisson de «contrebande» serait actuellement servi sur le marché, aussi bien au niveau local que dans les régions. À l’Association des mareyeurs semi-grossistes, on ne décolère pas non plus. Les membres de cette association, créée il y a quelques semaines, tirent eux aussi la sonnette d’alarme. «Un marché noir sévit ici depuis plusieurs mois déjà. Il faut des solutions urgentes. Nous avons un problème réel avec les propriétaires des barques, lesquels ne vendent leurs produits qu’à ces mareyeurs opérant dans le circuit informel», souligne l’un de ses membres.

Les résultats d’une enquête attendus
Pour commencer, un PV a été établi dans l’ambition d’interpeller les responsables du secteur au sujet de ces opérations informelles, qui échappent aux statistiques officielles de l’Office national des pêches (ONP.) Pour nos sources, le manque à gagner correspondant à ces opérations illégales, dans lesquelles seraient impliqués des pêcheurs et des mareyeurs grossistes, est énorme. En chiffres, selon certains professionnels, chaque jour, en moyenne une vingtaine de bateaux débarquent leurs captures dans ce port. En une journée, est-il précisé, un bateau peut ramener entre 200 et 300 caisses de poissons, ce qui représente au total quelque 30 tonnes de poissons par jour. «Près de 60% de la production globale capturée au niveau des pêcheries de Casablanca ne passe pas par la criée.

Cette importante quantité, qui n’est donc pas déclarée, reste cachée dans les cales des bateaux», témoigne Redouane Rochdi, président de l’Association nationale des mareyeurs grossistes de poissons blancs, lequel ne manquera pas de rappeler que l’année dernière un courrier avait été adressé au département de tutelle dans lequel son association demandait qu’une enquête soit menée pour mettre fin à ce problème. Le ministre Aziz Akhannouch avait en effet diligenté des inspecteurs pour effectuer lesdites investigations, notamment à la Délégation régionale de la pêche maritime de Casablanca et à l’ONP. Près d’un an après cette enquête, les résultats n’ont pas encore été rendus publics.