Patrimoine : les ménages blindent leur épargne
En réponse aux répercussions de la crise de la Covid-19, les ménages ont constitué une importante épargne. Leur patrimoine financier culminait à 876 MM DH à fin 2020 en hausse de 43 MM DH par rapport à l’exercice précédent.
876 MMDH ! C’est le montant du patrimoine financier qu’ont accumulé les ménages en 2020. Cette épargne s’est même accrue de 43 MMDH en dépit de la crise induite par la pandémie. C’est en partie ce qui ressort du dernier rapport de stabilité financière de Bank Al-Maghrib. Même s’il ressort en léger ralentissement par rapport à 2019 (5,1% contre 5,3%), le rythme de progression reste, selon les constatations de la banque centrale soutenu compte tenu de la situation. Il faut dire que les effets de la crise sur leurs revenus, les ont contraint à réduire leur consommation finale en particulier pendant le second quart de l’année après l’instauration des mesures de restrictions et de confinement sanitaire.
L’impact sur les revenus induite par les impacts de la covid atteint, à prix courant, est important (20,5% et 9,8% au cours du deuxième et du troisième trimestres). Notons que ce patrimoine se constitue à hauteur de 82,7% de dépôts bancaires pour des raisons évidentes de durcissement des restrictions sanitaires et des déplacements. Ainsi, les dépôts auprès des banques ont culminé à 724 MMDH à fin 2020, progressant de 5,5% soit l’équivalent de 38 MMDH supplémentaires. S’élevant à plus de 534 MMDH, les dépôts des résidents qui sont en hausse de 6,6% dominent à l’évidence l’épargne globale des ménages avec une proportion de 74%. Même tendance pour les dépôts des Marocains Résidents à l’Étranger (MRE) qui se maintiennent autour de 26%, en hausse de 2,6% à près de 190 MMDH. C’est là la preuve de la résilience des transferts MRE face aux conséquences de la crise sanitaire sur leurs pays de résidence.
Dans ce sillage, les dépôts en devises des particuliers résidents ont accéléré leur progression à 12,8% même si leur part dans le total des dépôts reste limitée à 1,1%. Dans le détail, BAM avance que les dépôts à vue, principale composante de l’épargne auprès de banques avec 63%, ont eux aussi accéléré leur rythme de progression à 10% pour se hisser à 456 MMDH. En revanche, les comptes d’épargne qui représent 23% des dépôts, fortement réduit leur croissance à 1,9% pour ce chiffré à 166,5 MMDH.
«Cette évolution reflète, par ailleurs, que les dépôts à terme se sont de nouveau contractés de 6,4%, soit un retrait de 6,5 MMDH en une année pour se monter à 94 MMDH au terme de l’année en 2020», souligne BAM dans son rapport.
Dans ces condition, leur part dans le total s’est réduite à 13%. L’Institut d’émission justifie ce recul notamment par la tendance baissière des taux d’intérêt assortis aux dépôts à terme observée au cours des dernières années, «qui n’encourage pas les particuliers à faire des placements en ces produits». En 2020, les taux moyens pondérés des dépôts à 6 mois et 12 mois se sont respectivement établis à 2,56% et 2,87% après 2,72% et 3,01% en 2019 et 2,77% et 3,09% en 2018. Pour les placement des ménages sous forme de contrat d’assurance vie, ils se sont aussi inscrit à la hausse (+9,1%), la raison à cela. Il faut dire que ces placements restent attractifs pour leurs avantages fiscaux. En revanche pour les placements des ménages en valeurs mobilières ont connu une forte baisse (5% contre une progression de 7,4% une année auparavant) pour se fixer à 57 MMDH. BAM précise que ces placements sont majoritairement constitués de titres de propriété à hauteur de 97%, composés d’actions et de titres d’OPCVM.
L’endettement ralentit sa croissance
S’il ne baisse pas, l’encours de la dette globale des ménages ralentit sa progression. Il a ainsi augmenté de 2,9% à 369 MM DH affichant une décélération nette par rapport au niveau de progression de 5% de 2019. La dette est principalement composée des crédits à l’habitat et de consommation accordés par les banques et autres sociétés de financement. Ces prêts constituent d‘ailleurs plus du tiers de leur portefeuille crédit. Pour BAM, «cette évolution limitée en 2020 recouvre une hausse modérée des prêts immobiliers résidentiels (4,6%) et une légère baisse des prêts à la consommation (-0,2%)». D’autant plus que les incertitudes liées à la crise a poussé une bonne partie des ménages à repousser les projets d’acquisition des biens immobiliers et à limiter leur niveau endettement.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO