Paiement par carte : «20% de notre parc de terminaux sont inactifs»
Les Inspirations ÉCO : Le ratio de paiement des porteurs marocains de cartes bancaires reste très bas. Qu’est-ce qui explique cette réticence des Marocains à payer par carte ?
Mikaël Naciri : Le ratio de paiement progresse lentement et ne dépasse pas les 8%. Notre objectif est de doubler ce ratio pour atteindre des niveaux comparables à ceux de pays du même niveau de développement que le Maroc. Le cash demeure prépondérant au Maroc et domine une très grande majorité des transactions. Les GAB sont les premiers concurrents des TPE. Sur les 12 millions de cartes en circulation au Maroc, moins de 2 millions sont actives en paiement. Il y a, bien entendu, des porteurs de cartes qui sont réfractaires à la technologie, d’autres qui ne font pas suffisamment confiance -à tort, car les niveaux de sécurité des cartes au Maroc sont extrêmement élevés et le taux de fraude sur cartes marocaines quasiment nul- dans ce moyen de paiement. Nous pouvons également parler d’un manque de moyens matériels chez bon nombre de nos compatriotes, porteurs de cartes, qui pourrait expliquer ce résultat. Nous notons toutefois, depuis 3 ans, une réelle accélération de l’usage de la carte en paiement (taux de progression supérieurs à 20% par an) chez les commerçants, mais aussi sur les sites internet.
Pensez-vous que l’introduction de nouvelles technologies, comme le paiement sans contact, puissent améliorer cette situation ?
Le paiement sans contact est un accélérateur des paiements de faibles montants. Au Maroc, les petits commerces, épiceries, taxis, tram seront les leviers d’accélération des paiements sans contact. Mais ce sont aussi ces secteurs d’activité qui sont les plus réticents à accepter la traçabilité de leurs transactions. Les équiper en terminaux de paiement n’est donc pas aisé. Par ailleurs, le nombre de cartes sans contact, émises par les banques marocaines, ne dépasse guère les 100.000 cartes, ce qui reste insuffisant. Il faudra attendre encore quelques mois, voire quelques années, avant de voir l’impact de cette nouvelle technologie sur les paiements au Maroc.
L’introduction des solutions de paiement mobile permettra-t-elle de chambouler les habitudes ?
Concernant ce point, les banques, les opérateurs télécoms, sous l’impulsion de la Banque centrale et de l’ANRT, travaillent actuellement sur la création d’un écosystème de paiement par mobile. Il devrait voir le jour en 2017….mais personne ne peut aujourd’hui parier sur sa réussite. Il y a certes un potentiel important de transformation du cash en monnaie électronique, mais il faudra également plusieurs années pour convaincre et conquérir un nombre important d’utilisateurs.
Le marché marocain est-il suffisamment équipé en Terminaux de paiement électroniques (TPE) ?
Un nombre important de commerçants ne sont pas équipés en Terminaux de paiement électroniques. Nombre d’entre eux ne souhaitent pas s’équiper pour éviter toute traçabilité de leurs chiffres d’affaires. Les commerces structurés, agissant dans les secteurs de la restauration, du prêt-à-porter, la grande distribution, l’hôtellerie, les pharmacies…, sont majoritairement équipés et acceptent les paiements par carte. Les équipes commerciales du CMI s’efforcent d’équiper environ 5.000 nouveaux commerçants par an, et se concentrent sur les commerces à potentiel. Il n’est pas dans l’intérêt du CMI de déployer des TPE qui demeureront inactifs. C’est le cas aujourd’hui de près de 20% de notre parc de terminaux.
Il est très fréquent de rencontrer des marchands, magasins, stations-services qui ne disposent pas d’équipements adaptés ou qui souffrent de matériel défectueux…
Une grande partie des pannes de TPE est due aux télécoms. En effet, les commerçants qui utilisent le réseau filaire fixe (RTC) souffrent énormément de coupures ou de dysfonctionnements télécom. L’opérateur historique est mobilisé en permanence aux côtés du CMI pour atténuer ces problèmes. Pour nos clients, nous leur proposons d’autres formules de connexions (En IP pour les enseignes à réseau, les hôtels, et en GPRS pour le paiement en mobilité…) qui permettent une plus grande rapidité de transaction. Les TPE, comme toute machine, peuvent tomber en panne pour différentes raisons (alimentation ou imprimante défectueuses, problème d’afficheur, dégradation avec des produits liquides…). Le CMI assure la maintenance gratuite des équipements et dispose d’une équipe dédiée, de plus de 15 techniciens, pour assister les clients en cas de panne et procéder, le cas échéant, au remplacement du terminal.