Éco-Business

Opticiens-optométristes : lucrative, la profession suscite les convoitises

Disposer d’un magasin d’optique est un business juteux. L’appétence pour la profession est telle que le fléau de faux diplômes s’est amplifié et les magasins d’optique se sont multipliés, ce qui suscite l’inquiétude du syndicat du secteur.

Au fil des dernières années, les magasins d’opticiens optométristes se sont multipliés. Le business est juteux et les conditions d’exercice font que ce secteur intéresse de plus en plus de monde. Or, le revers de la médaille de cette prospérité est l’apparition d’un phénomène de faux diplômes. Malgré le combat acharné que mène le Syndicat national des opticiens, le phénomène persiste. Récemment encore, d’ailleurs, explosait l’affaire Cristaline de Meknès qui a défrayé la chronique.

La chasse aux faux diplômes
En effet, l’école spécialisée en optique délivrait de faux diplômes pour la modique somme de 25.000 dirhams. D’ailleurs, le directeur pédagogique a été écroué et l’audience pour le jugement fixé au 29 août prochain. Ce dernier a été pris au piège sur ordre du parquet général. «Le syndicat a toujours fait cavalier seul pour mener son combat visant à protéger la profession des intrus. Une bataille qui a donné ses fruits,  puisque nous avons pu faire fermer boutique à bon nombre de faux opticiens. Et pour ce qui concerne l’affaire de Meknès, le syndicat était conscient de ces pratiques, mais faute de preuve, nous avons sollicité l’aide du parquet.

D’ailleurs, d’autres écoles continuent de vendre de faux diplômes, mais cette affaire sonne comme un signal d’alerte», déclare Hanane Dabir, opticienne et membre du Syndicat national des opticiens de la Région de Casablanca-Settat. Dans la foulée, le Syndicat a réussi à confondre une trentaine de faux praticiens qui sont actuellement sous les verrous. Ces arrestations ont dévoilé qu’outre les faux diplômes, certaines autorisations délivrées, en principe, par la trésorerie générale font également l’objet de falsification. Notons que pour l’ouverture d’un magasin d’optique, un certain nombre de démarches sont à observer.

Après avoir déposé le dossier auprès de la préfecture, une enquête est diligentée par les services de police. Le bureau dédié aux diplômes, qui relève du ministère de la Santé, au sein de l’administration, doit s’assurer de l’authenticité des documents. L’aval est enfin donné par la trésorerie générale. Pour le syndicat, le manque de contrôle a laissé le champ libre à ces pratiques qui portent préjudice à la profession. «L’État doit durcir le ton et multiplier les contrôles, aussi bien au niveau des opticiens que des importateurs. Car en tant que professionnel, il paraît inadmissible de voir certains produits sensibles tels que les lentilles vendues dans des salons de coiffure, sans parler des conditions de conservation. Les citoyens ne se rendent pas compte du danger. Ces produits sont en contact direct avec la cornée. L’endommagement de cet organe peut être irréversible», prévient l’opticienne.

Un business juteux
Il faut dire que l’intérêt pour la profession s’est accentué avec la période de confinement. Les magasins d’optique ayant maintenu leur activité durant cette période, certains y ont vu une opportunité de business. «Il est désolant de voir les diplômes d’opticien vendus à des personnes ne disposant d’aucune qualification, voire d’une formation de base. Nous avons assisté à des commerces de proximité qui se convertissaient en opticiens du jour au lendemain. Quand et comment, telle est la question», s’indigne notre interlocutrice.

A noter que cela fait une dizaine d’année que le système a commencé à se dégrader. En cause, le changement de tutelle, souffle-t-on parmi les professionnels. Auparavant, les écoles privées, qui dispensent la formation, opéraient sous la houlette du ministère de l’Enseignement supérieur.

Depuis, la tutelle est passée entre les mains de l’OFPPT. C’est ainsi que certains malintentionnés ont saisi la faille juridique relative à la présence obligatoire qui n’est pas exigée, a contrario des établissements existants. En dépit de ces problèmes, le syndicat tient à redonner à la profession toutes ses lettres de noblesse. Soulignons que le nouveau texte de loi réglementant l’activité stipule que, désormais, pour poursuivre une formation spécialisée en optique optométriste, il faut être titulaire d’un bac scientifique, alors qu’auparavant, cette formation était ouverte à toutes les filières. Les nouvelles dispositions ne sont pas encore entrées en vigueur mais certaines écoles se sont d’ores et déjà mises au diapason. Par ailleurs, le syndicat appelle le département de la Santé à renforcer ses actions de sensibilisation en matière de santé visuelle.

Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO

 


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