Objectifs de développement durable. Cap sur 2030
Alors que la Cour des comptes a établi un rapport critiquant l’approche de réalisation des ODD 2030, le secrétariat d’État, dirigé par Nezha El Ouafi , défend sa stratégie face à Jettou, aujourd’hui, en commission à la Chambre des conseillers.
Adopté en 2015 dans le sillage de l’assemblée générale des Nations Unies, le programme de mise en place des Objectifs de développement durable a fait l’objet d’un diagnostic de la part de la Cour des comptes. Il s’agit d’un travail basé sur la mise en oeuvre de 17 Objectifs de développement durable (ODD), déclinés en 169 cibles. Les magistrats financiers ont ainsi constaté que le gouvernement n’a pas pris les mesures nécessaires pour mettre en oeuvre les recommandations issues de ces consultations. En plus, le niveau d’appropriation des objectifs par les parties prenantes, notamment le secteur public, le secteur privé, la société civile et les citoyens, s’avère peu satisfaisant. Cette situation résulte, d’une part, de l’absence d’un cadre institutionnel national dont la mission est d’améliorer le niveau de coordination et de complémentarité entre les parties prenantes, et d’autre part, de l’absence d’une stratégie de communication afin d’améliorer la prise de conscience et la connaissance des objectifs et leur appropriation.
De son côté, le Secrétariat d’État au développement durable a tenu à apporter des éléments de réponse au ton inquisitoire de l’instance de contrôle. Tout d’abord en rappelant que le département est en voie de priorisation des ODD à suivre au Maroc, et des modalités de leur appropriation, de fixation des indicateurs à suivre, les structures et les acteurs responsables de ce suivi, ainsi qu’un cadre approprié au niveau national pour la concertation et l’échange de l’information y relative, de la mise en place d’un cadre adéquat pour renforcer la synergie et la coordination entre les différents acteurs clés concernés par la mise en oeuvre des ODD ainsi que le mode de gouvernance approprié.
Le département de Nezha El Ouafi souhaite ainsi implémenter un schéma organisationnel, et les mesures nécessaires sur le plan technique, institutionnel, législatif et réglementaire ainsi que les mesures d’accompagnement en termes de plaidoyer, de concertation, de communication, de formation et de sensibilisation pour réussir la mise en oeuvre et le suivi de la réalisation des ODD. La mission de magistrats financiers a en outre noté aussi le rythme lent des travaux de convergence, d’alignement et de mise en cohérence de la Stratégie nationale du développement durable (SNDD) et des stratégies sectorielles avec les objectifs de développement durable. D’ailleurs, la mise en oeuvre de la SNDD soulève des insuffisances liées à son appropriation et à l’existence de discordances entre les parties prenantes sur le cadre adéquat pour arrêter ses projets et actions prioritaires et pour son alignement avec les Objectifs de développement durable. Pour le Secrétariat d’État, la stratégie se veut «opérationnelle» en s’appuyant sur les stratégies sectorielles, les plans et les programmes en cours de mise en oeuvre. «La stratégie n’est en aucun cas une rupture avec les choix de développement opérés par le royaume», assure le département ministériel.
Face aux allégations de manque de concertation, le SEDD affirme avoir mis en place un processus de concertation multi-acteurs pour identifier les grands enjeux, les axes stratégiques et les objectifs en matière de développement durable. La stratégie nationale précise par ailleurs les mesures à prendre, que les différentes parties prenantes se sont engagées à réaliser. Ce processus réalisé en concertation avec les différents départements ministériels s’est déroulé en quatre grandes étapes. Un cadrage (mars – mai 2013) ayant permis d’élaborer un benchmark des typologies de la SNDD, la définition d’un périmètre et la définition d’une méthodologie d’analyse des stratégies sectorielles à travers les indicateurs existants. Un diagnostic du développement durable (juin – décembre 2013) pour l’analyse des stratégies sectorielles à travers la grille d’analyse d’opérationnalité, la définition des thématiques clés avec leurs indicateurs et l’identification des objectifs fondamentaux. Est venue ensuite une définition d’une feuille de route stratégique (janvier – juin 2014) pour la priorisation des objectifs fondamentaux en enjeu, l’identification des axes stratégiques en ligne avec les enjeux et la déclinaison des axes stratégiques en plan d’actions. Enfin, a été aboutie l’élaboration des modalités de mise en oeuvre (septembre 2014 – janvier 2015) qui a débouché sur la proposition d’un cadre réglementaire, fiscal, et institutionnel, la définition du mode de gouvernance de la SNDD et la définition du processus de suivi et d’actualisation de la SNDD.