Nouvelle vague d’investissements dans l’automobile
26 nouvelles usines viendront renforcer les écosystèmes industriels de Renault et de Peugeot ainsi que celui nouvellement lancé par l’équipementier français Valeo. Plusieurs conventions ont été signées, lundi, devant le souverain portant sur un investissement de 13,78 MMDH, avec à la clé pas moins de 11.568 emplois directs.
Plus rien ne semble pouvoir arrêter l’industrie automobile. Le secteur vient prouver une nouvelle fois ses bonnes performances et sa capacité à attirer des investissements de masse et de qualité. Pas moins de 26 conventions d’investissement ont été signées lundi dernier devant le souverain portant sut un montant global d’investissement de 13,78 MMDH dans le secteur automobile. Dans le détail, il s’agit d’un renforcement des écosystèmes Renault et Peugeot et la mise en place d’un nouvel écosystème sous l’égide de l’équipementier français Valeo.
Nouvelles spécialisations
Cette nouvelle vague d’investissements introduit de nouvelles spécialisations au Maroc et renforcent l’intégration locale tout en permettant de générer 11.568 emplois directs. «Le lancement de ces investissements amorce désormais la production au Maroc de jantes en aluminium, de tableaux de bord, de pare-chocs, de sièges ou encore de boîtiers électromécaniques», a précisé Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique (photo). Sur les 26 investissements, six projets s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre de l’écosystème Renault, qui développe une plateforme mondiale d’approvisionnement depuis le royaume. Grâce à la structuration de cet écosystème d’envergure, le constructeur s’approvisionne actuellement en pièces usinées à hauteur d’un milliard d’euros par an à partir du Maroc et a atteint un taux d’intégration locale de 55%. Treize investissements seront réalisés dans le cadre de l’écosystème PSA Peugeot, qui impulse un nouveau développement pour l’ensemble de la filière et participe à faire émerger un pôle industriel d’excellence à Kénitra. Cinq autres investissements s’inscrivent dans le cadre des activités de l’écosystème «câblage et connectique», lancé en octobre 2014, et, enfin, deux investissements seront déployés dans le cadre d’un écosystème inédit piloté par Valeo. Concernant l’écosystème Renault, les nouveaux investissements ont été effectués avec plusieurs pays, notamment un opérateur coréen dans la fabrication de jantes en aluminium. «Une usine lourde sera installée sur pas moins de 20 hectares», explique Elalamy. D’autres investissements seront effectués dans des secteurs comme la mousse de siège, qui constitue l’un des éléments qui pèsent le plus à l’import dans la construction automobile. Il s’agit également de partenariats avec des opérateurs européens dans le secteur des éléments filtrants et des systèmes d’injection. Pour sa part, l’écosystème Peugeot a accueilli pas moins de 12 investissements, notamment une collaboration avec l’un des géants chinois de la fabrication des jantes en aluminium, un opérateur américain spécialisé dans la transmission et la direction assistée. Par ailleurs, l’écosystème attirera également des opérateurs italiens (boîtes électromécaniques), français (intérieurs, pare-chocs, matériaux plastiques), chinois (compresseur pour climatisation), japonais (direction assistée), espagnols (rétroviseur, aboutissage). «En travaillant avec de grands constructeurs comme Renault et Peugeot, nous avons également réussi à attirer des équipementiers lourds tels que Valeo, qui disposera désormais de son propre écosystème», souligne le ministre. Il s’agit de l’implantation d’usines d’éclairage électronique et de systèmes d’étanchéité. Valeo s’est engagé à installer 5 équipementiers qui ne sont pas encore présents au Maroc. La cérémonie présidée par le roi Mohammed VI a également été l’occasion de signer une convention relative à cinq investissements dans le cadre de l’écosystème «câblage et connectique» concernant les opérateurs «TE Connectivity», «Sews», «Fujikura Maroc», «Yazaki Morocco Meknès». «Le câblage -et surtout la connectique- représente l’une des consommations les plus importantes pour le secteur automobile. Le Maroc importe l’équivalent de 60 millions d’euros de connecteurs. C’est pourquoi nous avons voulu renforcer ce segment», précise le ministre de l’Industrie.
Le PAI tiendra ses promesses
«Pour espérer attirer autant de fournisseurs, il fallait absolument avoir deux constructeurs pour faire en sorte que le marché soit suffisamment porteur», précise Moulay Hafid Elalamy. Le Maroc pourrait attirer encore plus de constructeurs dans la perspective de l’installation d’un nouvel opérateur. La récente annonce de l’implantation du géant chinois du transport électrique «BYD Auto Industry» est également de bon augure pour l’installation de nouveaux métiers dans un futur proche. Le ministre entend en tout cas dupliquer la formule dans d’autres grands secteurs porteurs, comme l’aéronautique. «Si nous avions privilégié l’automobile, c’est que nous disposions d’une fenêtre de tir assez réduite qu’il ne fallait pas rater. Maintenant que nous avons fait ce que nous avions à faire, nous allons aller encore plus loin dans d’autres secteurs», promet le ministre. Les écosystèmes implantés à ce jour ont permis la création de plus de 80.597 emplois, soit 90% de l’objectif à horizon 2020. Ils ont généré en 2016, un chiffre d’affaires à l’export de 60 milliards de dirhams, soit une hausse de 50% par rapport à 2014. Pour Peugeot PSA, l’activité semble tourner à plein régime avec pas moins de 1 milliards d’euros d’achats effectuées sur les 2 milliards prévues. «Les commandes qui doivent être livrées en 2019 sont effectuées maintenant, nous disposons donc déjà de visibilité concernant ces véhicules», explique Moulay Hafid Elalamy lors d’une conférence de presse organisée suite à la signature des conventions. Le complexe industriel de Peugeot PSA, qui devrait être opérationnel en 2019, table sur la production de 90.000 automobiles dans une première étape, dans la perspective d’atteindre une production de plus de 200.000 véhicules et 200.000 moteurs par an. La création d’environ 3.500 emplois directs et 20.000 emplois indirects est annoncée, outre la mise en place d’une unité de recherche et de développement, qui emploiera 1.500 ingénieurs et techniciens supérieurs. Pour le ministre, les taux d’intégration prévus et les emplois visés dans le cadre du Plan d’accélération industrielle seront réalisées dans les temps. Il s’agit d’installer une capacité de production d’un million d’unités de véhicules. Avec Renault et PSA, le Maroc a déjà une capacité de production estimée à 650.000 unités, selon des statistiques du ministère de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique. En 2016, le secteur automobile a réalisé un chiffre d’affaires de 60 MMDH, se plaçant ainsi en pole position des secteurs exportateurs du royaume, qui vise à atteindre, à l’horizon 2020, un chiffre d’affaires annuel de 100 MMDH, un taux d’intégration locale des véhicules sortant du Maroc de plus de 80% et la création de 160.000 emplois. Avec Renault, le Maroc compte annuellement 2 milliards d’euros de pièces détachées en perspective à l’export, en plus d’un milliard d’euros avec PSA et de 600 millions de dollars avec Ford. Ainsi, avec la restructuration du secteur en écosystèmes métiers, la mise en place de dispositifs d’appui et de financement adaptés et le lancement de l’écosystème Renault et du projet Peugeot, le Maroc avance à grands pas vers la réalisation des objectifs escomptés pour ce secteur prometteur.