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Nouveau modèle de développement. Les vérités qui fâchent

Lors du Colloque international sur le modèle de développement du Maroc, tenu récemment, le wali de Bank Al-Maghrib a passé en revue les dysfonctionnements du modèle actuel. Le capital humain non valorisé et le non suivi des grands chantiers et réformes…des sujets à prendre avec plus de sérieux.

Abdellatif Jouahri n’y est pas allé de main morte pour souligner la réalité des insuffisances du modèle de gouvernance publique au Maroc. Intervenant au colloque international sur le modèle de développement du Maroc tenu en fin de semaine dernière à Skhirat, le wali de Bank Al-Maghrib (BAM) a insisté sur l’importance d’un travail collégial pour mener la réflexion sur un sujet d’une haute importance car depuis le discours royal, il y a un an, à l’occasion de la rentrée parlementaire où le souverain à appelé à la conception d’un nouveau modèle de développement plus adapté au contexte et aux évolutions que le pays a connu, les efforts dans ce sens ont été peu ou prou convaincants. Aujourd’hui que les attentes sociales et du secteur privé se font plus pressantes, il y a lieu de secouer le cocotier. C’est aussi dans cette optique que dans son discours du 12 octobre, SM le roi a donné ses instructions pour la mise en place d’une commission ad-hoc chargée d’agencer et de structurer les contributions des acteurs à propos du nouveau modèle de développement. Ce serait s’y méprendre que de considérer cette exhortation à la réflexion commune comme un devoir de classe.

En effet, la plupart des drafts émanant des partis politiques et d’autres institutions font piètre figure face aux attentes sérieuses. Dans son intervention au colloque organisé par l’association des membres de l’Inspection générale des finances (AMIF) en collaboration avec le ministère de l’Économie et des finances, Jouahri a critiqué le non aboutissement du nombre de chantiers et de réformes comme celle des retraites, des subventions, du Code du travail et la loi encadrant le droit de grève, notamment. L’absence d’un cadre de suivi et d’évaluation qui y sont pour beaucoup dans ce genre de blocage. «Force est de constater que nos performances économiques et sociales se sont affaiblies ces dernières années. En effet, depuis 2013, la croissance non agricole est revenue à un palier plus bas et la tendance baissière du chômage s’est inversée de manière particulièrement inquiétante pour les jeunes citadins», a lancé le wali de BAM.

Quant à l’investissement privé, il reste faible, selon le responsable et ceci malgré les incitations accordées. Ce tableau trouve son écho dans une perception populaire qui considère le chômage comme étant en forte aggravation, le niveau de vie en détérioration avec des inégalités qui s’accentuent. Cet état de fait est corroboré tous les trimestres par l’enquête du HCP auprès des ménages qui relate une appréciation négative. Les réseaux sociaux prennent aujourd’hui fortement le relais et renseignent plus clairement sur une opinion publique qui exprime les problèmes et les attentes plus clairement encore. Parmi les sujets qui taraudent le gouvernement dans son effort de réflexion sur le modèle de développement figure le rendement de la dépense publique qui, selon Jouahri, reste faible. L’absence de convergence des programmes et chantiers des différents départements y est pour beaucoup. C’est la raison pour laquelle le souverain n’a eu de cesse d’insister sur la convergence des politiques principalement en ce qui concerne les programmes sociaux. S’appuyant sur sa longue expérience dans le service public, Jouahri en est arrivé à la conclusion que ce qui manque au Maroc c’est «le souffle long» pour mener les chantiers à termes. Quand bien même les cadres du pays arrivent à faire de bons diagnostics mariés aux solutions appropriées, cette persévérance essentielle pour réussir les réforme ferait alors défaut. Les changements disruptifs que connaît le monde marqué par le repli économique des États-Unis et la montée du populisme, nécessitent un effort particulier pour définir les contours du nouveau modèle économique du Maroc. Il faut aussi compter avec une digitalisation de l’économie et de plusieurs autres aspects de la vie en société y compris les rapports commerciaux avec l’extérieur qui impliquent de nouveaux défis. 


Recommandations  

Le Colloque international sur le nouveau modèle de développement du Maroc a donné lieu à certaines pistes de réflexions. Primo, ce modèle doit remplir certains critères garantissant sa réussite. Il s’agit principalement de la bonne gouvernance, la valorisation du capital humain, le suivi de la mise en œuvre des politiques publiques et la communication en direction des citoyens. Ceci doit s’accompagner d’une optimisation des ressources et de la rationalisation des dépenses, la priorisation des politiques publiques et la sauvegarde des équilibres macroéconomiques car l’expérience a montré que la préservation des équilibres macro des fluctuations mondiales est un gage de stabilité et de souveraineté économique des pays. L’exemple de la Grèce est assez éloquent à ce sujet. Par ailleurs, l’approche territoriale revient comme un pilier du nouveau modèle. En effet, les collectivités territoriales sont appelées à relayer les besoins et attentes des citoyens dans le cadre de la politique de la régionalisation avancée et la déconcentration administrative.



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