Mélilia déroule le tapis rouge aux Marocains
Les villes de Sebta et Méililia rivalisent d’ingéniosité pour attirer le touriste marocain. Après que la première enclave ait eu l’idée d’interdire le passage des passeurs de marchandises durant les périodes de grande affluence des touristes marocains, Mélilia n’est pas, non plus, à court d’idées pour séduire le client national. Le gouvernement de la ville, dirigé par le Parti Populaire a fait part de son projet d’installer un nouveau poste-frontière, dédié strictement aux touristes marocains. De fait, le chef de l’Exécutif de l’enclave, Juan Imbroda, a annoncé que son équipe planche sur l’ouverture d’un cinquième point de passage où les passeurs de fardeaux ne seront plus les bienvenus. Cet accès, que les autorités de la ville souhaitent fluide et structuré, sera emprunté par les véhicules et les passagers désireux de faire des emplettes dans la ville. À défaut de pouvoir inaugurer un nouveau passage et vu le coût exorbitant d’une telle infrastructure, le gouvernement propose d’aménager une voie expresse, dans les postes de contrôle déjà existants, réservée aux clients vip marocains. De la sorte, Imbroda estime que cette mesure éviterait que les touristes du royaume aient à endurer de longues files d’attente. De même, la mesure devrait encourager les visiteurs récalcitrants, à cause du chaotique trafic, à franchir la frontière.
À travers cette annonce, la ville se prépare à accueillir les visiteurs de son premier mall, dont l’inauguration est prévue pour début 2018. D’un investissement global de 40 millions d’euros, le mall est situé à proximité du point de passage Béni-Ansar, ce qui explique les projets des autorités de la ville de fluidifier les postes de contrôle. Le gouvernement de Mélilia transmettra cette proposition au ministère espagnol de l’Intérieur, le responsable de la gestion de ces postes de contrôle frontalier, avec le concours des autorités marocaines. Imbroda espère convaincre le chargé du portefeuille de l’Intérieur de son pays, durant la visite que ce dernier devrait effectuer dans l’enclave, prochainement. La mise en service d’un nouveau point de passage relève de l’exploit. En atteste l’expérience de la ville sebtie.
L’enclave dispose déjà d’un nouveau passage qui attend depuis longtemps son inauguration mais les autorités marocaines ont reporté, sine die, son entrée en service alors que les travaux sont déjà bouclés. Cependant, Sebta a une longueur d’avance sur Mélilia et cette dernière a l’intention de rattraper son retard. L’enclave a confié cette mission à un cabinet spécialisé pour l’épauler dans sa conquête du touriste originaire du royaume. De fait, l’arrivée des touristes marocains est devenue une affaire plus juteuse que le casse-tête de la gestion des flux quotidiens de passeurs chargés de fardeaux. Les menaces des autorités de Sebta de mettre fin au passage, sans visa, des résidents marocains voisins de l’enclave, et l’instauration de périodes répétitives de «congés forcés» à l’encontre de ces travailleurs, sonnent le glas de ce commerce. Néanmoins, ni le Maroc, encore moins Sebta n’ont proposé des alternatives à ces hordes de porteurs qui franchissent, au quotidien, les deux frontières.