Éco-Business

Maroc Digital 2030. Hicham Chiguer : “Il faut désormais se focaliser sur la mise en œuvre”

Dans cet entretien, Hicham Chiguer, président de l’Association des utilisateurs des systèmes d’information au Maroc (AUSIM), revient sur la mise en œuvre de la stratégie et ses leviers d’activation. Il évoque la nécessité de procéder à des ajustements qui prennent en considération les différents PLF et les budgets de l’État ainsi que sur la mobilisation des incitations nécessaires.

Il y a plus d’un mois, le Maroc s’est doté de sa propre stratégie nationale «Maroc Digital 2030». Comment voyez-vous l’évolution de la transformation digitale au Maroc dans les prochaines années ?
La stratégie nationale «Maroc Digital 2030, qui a été dévoilée il y a un peu plus de deux semaines, est une feuille de route ambitieuse. Je le dis en connaissance de cause car nous avons été actifs lors de son élaboration avec bien sûr d’autres acteurs de l’écosystème digital. C’est une feuille de route qui a été co-construite et elle a pris du temps à être réalisée.

À l’issue de la livraison de cette stratégie, force est de constater qu’on se retrouve avec une copie qui satisfait l’écosystème dans sa première mouture, sachant qu’on peut toujours critiquer si on veut, mais l’essentiel a été fait. La vision été établie avec la définition du nouveau cap. Cette stratégie englobe aussi plusieurs chiffres et résultats ambitieux à atteindre qui ont été définis en fonction des  priorités.

Aujourd’hui, je pense que «Maroc Digital 2030» a mis en place l’ossature essentielle pour pouvoir démarrer. Dorénavant, la prochaine étape est surtout de se focaliser sur la mise en œuvre. Il faudrait donc qu’on démarre et qu’on mette en action ce que nous avons prévu dans cette stratégie afin de collecter les résultats de ces chiffres-là qui sont très intéressants.

Justement, est-ce que les chiffres annoncés dans la stratégie sont réalisables d’ici 2030 ?
Certains chiffres sont tout à fait réalisables, d’autres sont ambitieux. Mais ce qui est intéressant dans cette dynamique, c’est que l’écosystème est impliqué. Et donc forcément, l’écosystème va jouer le jeu aussi et il doit assumer son rôle à travers tous les acteurs du digital au Maroc. Maintenant, bien entendu, cela nécessite aussi un certain nombre d’activations, que ce soit sur le PLF de l’année 2025 ou les autres exercices qui vont suivre. Il va falloir travailler sur le volet légal et réglementaire qui se veut être aussi un challenge afin de mettre à niveau notre dispositif législatif atteindre les objectifs tracés dans les délais.

Des professionnels avancent qu’il faut suivre la voie de l’aéronautique et de l’automobile en attirant de nouveaux donneurs d’ordre. Que pensez-vous de cette orientation ?
Je pense que la dynamique est la même. Ça veut dire que dès qu’on a une stratégie, il faut faire une accélération. Certes, on était dans une période où on réfléchissait, là, il faut qu’on agisse. Et ce qui change par rapport aux secteurs précités, c’est que le numérique est un peu différent des autres activités. C’est un secteur qui avance très vite.

En effet, les technologies progressent à un rythme rapide sachant par ailleurs qu’on a pris deux ans pour mettre au point la stratégie.

Partant de ce constat, une partie de cette stratégie pourrait être obsolète dans un an, d’où la nécessité de son actualisation. Toutefois, ce qui nous intéresse, c’est que la stratégie a tracé un cap à suivre. On a des ambitions à l’horizon 2030 et ce qui est important, c’est que tactiquement, il faut arriver à ajuster cette stratégie d’année en année en prenant en considération les différents PLF et les budgets de l’État ainsi que la mobilisation des incitations nécessaires pour pouvoir continuer à garder le cap afin de pouvoir suivre le trend international.

L’Ausim a élaboré deux livres blancs dont celui sur l’adoption de l’IA dans les entreprises. Quelles en sont les conclusions ? Outre le livre blanc de l’intelligence artificielle, il est à signaler que nous avons réalisé un second livre dédié aux talents numériques au Maroc. Pour revenir à la question, l’objectif, c’est de pouvoir rapprocher l’usage et les cas d’usage de l’intelligence artificielle, et plus spécialement l’IA générative, pour les différents utilisateurs et les professionnels. On voulait, avec un langage simple, offrir des résultats tangibles à base de sondages avec les entreprises marocaines sur la façon dont l’IA générative est représentée au niveau du Maroc. Est-ce que les gens ont commencé à réfléchir à sa mise en œuvre ?
Pouvoir aussi mesurer notre degré de maturité au niveau national. Dans le détail, ce qu’on a remarqué, c’est qu’il y a certaines entreprises matures et de grands groupes marocains qui ont déjà des «use cases» existants. De ce fait, l’usage sera accéléré au fur et à mesure avec des locomotives de l’innovation existantes au Maroc. Notre objectif à travers ce livre blanc est de dire aux autres entreprises qui n’ont pas encore franchi le cap qu’il y en a d’autres qui ont testé l’usage de l’IA, que ça marche, et que ça apporte de la productivité et de la performance.

Les vulnérabilités et fragilités par rapport à la libération du digital sont toujours fortes. Quel rôle peut jouer l’AUSIM pour changer la donne ?
Depuis la création de l’AUSIM en 1993, notre rôle est d’être présents et au service de notre communauté. Le but aussi est de démystifier tous les concepts et de rapprocher toute la dynamique technologique et digitale qui existe au niveau international.

Il s’agit également de prendre ce qui est positif, de notre point de vue, et ce qui est important pour les entreprises marocaines et pour les citoyens en venant parler également des «use cases» à l’international, sur la base de ces concepts-là. Il faut souligner qu’on a toujours été avant-gardistes pour parler des thématiques qui ne sont pas encore très sensibles du côté des experts ou des professionnels et des entreprises marocaines, comme c’est le cas de la thématique de cette septième édition qui parle du pouvoir du digital au service du développement durable et de la résilience.

Sur ce dernier point, on a vécu la période de Covid-19 durant laquelle on a vu qu’il y avait de la résilience pour certaines entreprises qui ont joué le jeu et étaient très agiles à pouvoir rester en vie tandis que d’autres ont perdu leur business. Mais, par contre, les entreprises ne sont pas très sensibilisées à la question du développement durable, d’où la nécessité de faire un effort pour changer le mindset. C’est surtout valable lorsque on fait des choix technologiques, qu’on prend des décisions d’achat ou de prestations de services, mais toujours aussi au service du développement durable.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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