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Loi de finances 2025 : volet social et défis économiques, un cap à consolider

Des avancées sociales et fiscales majeures ont été réalisées sous cette législature, notamment la généralisation de l’AMO et les mesures de soutien au pouvoir d’achat. Mais sans pour autant avoir l’incidence espérée sur l’inflation. Cependant, Faouzi Lekjaa, qui s’est prononcé à la CGEM, a insisté sur les défis restants, tels que la maîtrise de l’inflation, la réforme de la fiscalité locale et le renforcement de la compétitivité des TPME, appelant le secteur privé à s’impliquer davantage dans toutes
les réformes. 

La priorité sociale a été la principale locomotive qui a guidé les décisions et les mesures prises par le gouvernement durant cette législature. C’est ce qu’a affirmé Fouzi Lekjaa, ministre chargé du Budget lors d’une rencontre à la CGEM. Une séance qui a été marquée par une mise au point sur les principales mesures, notamment fiscales et douanières dans la Loi de finances.

D’ailleurs, le focus a été mis sur le développement et les réalisations relatifs au volet social avant de passer en revue les différentes mesures mises en place en matière de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), l’impôt sur les sociétés (IS) et l’impôt sur le revenu (IR), notant qu’après la fin de la mise en œuvre de cet arsenal, il est possible d’ouvrir le débat de nouveau pour apporter les corrections à même de consolider la stabilité et de permettre à la petite et moyenne entreprise de se développer le plus rapidement possible. Un aspect crucial aux yeux du patronat, dont l’objectif central reste de renforcer la compétitivité des TPME.

«Les dernières Lois de finances ont permis d’avancer dans la bonne direction. Néanmoins, il nous reste un certain nombre de sujets à adresser. Il s’agit, notamment, de la fiscalité locale et en particulier de la taxe professionnelle. Le regroupement et l’agrégation de ces taxes locales constituera une avancée majeure. L’informel est également un chantier crucial qui permettrait de mettre fin à la concurrence déloyale, dont souffrent nos TPME. En matière de droits de douane, à la CGEM, nous préconisons une uniformisation progressive des droits de douane à 0% pour les intrants par exemple. Cette disposition permettrait de réduire les coûts de production et favoriserait l’accès aux matières premières de qualité», suggère Chakib Alj, président de la CGEM.

Réalisations vs défis
Un constat corroboré par Faouzi Lekjaa, qui a souligné qu’en dépit des avancées majeures, il reste encore du chemin à parcourir.

«La consolidation des acquis et la consolidation des prérequis d’un état social juste a été la priorité. Certes les chiffres, à mon sens, représentent des réalisations très significatives, mais bien qu’on soit dans la dernière année de mise en œuvre, il reste beaucoup de défis à surmonter. La CGEM est, d’ailleurs, fortement interpellée pour prendre part à la réflexion», indique-t-il.

S’agissant des réalisations, le ministre a dévoilé qu’en termes de généralisation de l’AMO (assurance maladie obligatoire), 11,4 millions bénéficient à aujourd’hui du régime AMO Atadamoun.

Du côté des travailleurs non salariés, 3,7 millions sont actuellement couverts, précisant qu’un effort supplémentaire est à fournir pour que davantage de TNS dans différents secteurs intègrent le régime surtout que tous les ingrédients sont réunis pour y parvenir. En somme, ce sont 32 millions de citoyens sur 36 millions de l’ensemble de la population, qui bénéficient de l’AMO.

Toutefois, le ministre a insisté sur un travail concerté qui devrait être mené au niveau deux chantiers toujours en relation avec l’AMO. Il s’agit du segment médicament qui représente des pourcentages très élevés dans la charge de cette assurance, (34% pour la CNOPS et 32,4% pour la CNSS). Une charge qui pèse lourd sur la pérennité et la soutenabilité du régime.

Pour l’aide directe dont 4 millions de familles en profitent, la charge est estimée à 25,5 MMDH et passera à 27 MMDH en 2025. Pour la réussite de ces deux réformes, le gouvernement a mobilisé 35 MMDH. L’autre segment concerne ainsi l’amélioration de l’offre de soins, d’où l’importance de renforcer les capacités entrepreneuriales dans le domaine.

Perspectives
En matière d’éducation, Lekjaa a mis l’accent sur le préscolaire, qui peut, par ailleurs, faire l’objet d’échange avec le patronat pour le renforcer davantage. Le pouvoir d’achat, le dernier aspect évoqué dans le volet social, a suscité la mise en place de plusieurs mesures pour le soutenir.

Dans ce sens, le soutien du transport a nécessité 8,6 MMDH. Pour stabiliser les prix de l’eau et d’électricité, 13 MMDH ont été mobilisés. Le dialogue social a nécessité 45,7 MMDH, avec l’ajustement de l’impôt sur le revenu. En revanche, le ministre chargé du Budget admet que, malgré les efforts consentis, l’inflation n’a pas pu être jugulée.

«Pour être honnête, les mesures étaient incapables de maîtriser l’inflation au niveau espéré. Les changements survenus, surtout il y a trois ans, nous ont placés sur des paliers d’inflation assez élevés. Malgré tout, il faut dire que nous sommes l’un des rares pays de la région à avoir tout de même réussi à maîtriser ces niveaux relativement supportables. Cependant, le volet social a coûté plus de 100 MMDH, sans intégrer les produits subventionnés», rassure Lekjaa.

Or, le sujet de la Caisse de compensation est une autre paire de manches. A cet égard, le ministre a souligné qu’il est temps de rouvrir ce dossier dans la perspective d’introduire les mesures appropriées tout en prenant compte de la sensibilité sociale.

Pour lui, du fait que le ciblage ne soit pas atteint, seuls les investissements, la diversification et l’introduction de technologies peuvent faire la différence. En parlant d’investissements, l’implication du secteur privé a été fortement sollicitée pour définir les contours du décret relatif aux TPME dans la charte d’investissement.

Cependant, au niveau des mesures fiscales et douanières, le ministre a soulevé que le deuxième semestre de 2025 va permettre d’effectuer des évaluations afin de relever les difficultés de mise en œuvre de chaque groupe. Quoi qu’il en soit, les mesures fiscales mises en place ont permis d’accroître les recettes fiscales, lesquelles se sont répercutées positivement sur le déficit budgétaire qui s’est réduit pour se situer à fin 2024 à 3,9%, avec la perspective d’atteindre 3%. Au niveau de l’endettement public, l’objectif est de passer de 72% en 2022 à moins de 67% en 2026.

Fouzi Lekjaa
Ministre chargé du Budget

«Pour être honnête, les mesures étaient incapables de maîtriser l’inflation au niveau espéré. Les changements survenus, surtout il y a trois ans, nous ont placé sur des paliers d’inflation assez élevés. Malgré tout, il faut dire qu’on est l’un des rares pays de la région à avoir tout de même réussi à maîtriser ces niveaux relativement supportables. Cependant, le volet social a coûté plus de 100 MMDH, sans intégrer les produits subventionnés.»

Amnistie fiscale : Une mobilisation collective

L’opération d’amnistie fiscale, qui a pris fin le 31 décembre dernier, a favorisé la réintégration dans le tissu formel et le regain d’investissement de la part des contribuables. L’engouement de cette opération visait à encourager les contribuables à régulariser volontairement leurs profits et revenus imposables, n’ayant pas été déclarés avant le 1er janvier 2024, en s’acquittant d’une contribution libératoire fixée à 5% de la valeur des avoirs et dépenses déclarés.

Pour Lekjaa, cet engouement renseigne qu’il y a encore plus de marges et de dépôts à légaliser, au regard du flux très important.

Et de poursuivre : «Nous ne pouvions pas prolonger le délai, parce qu’en tout état de cause, nous allons toujours attendre la dernière minute pour le faire».

Lekjaa a également fait état d’une réflexion menée avec Bank Al-Maghrib pour aboutir à des solutions structurelles au cash. Quant à la taxe carbone, le ministre a souligné qu’une réflexion devrait être menée avant de l’introduire afin d’éviter de surtaxer les entreprises.

Coupe du Monde 2030. Le comité d’organisation se met en place

Les grands événements sportifs à venir, notamment la Coupe d’Afrique des nations et de la Coupe du monde du football, nécessitent une mise à niveau des hôtels et des terrains. Côté infrastructures, les chantiers avancent à vitesse grand V. La mise à niveau des stades de Rabat et de Tanger devrait ainsi être achevée dans deux mois. Les travaux vont bientôt démarrer pour le stade Hassan II de Benslimane.

Faouzi Lekjaa a affirmé qu’après la Coupe d’Afrique, une attention particulière sera accordée aux stades de Marrakech, Fès et Agadir. Le deuxième grand projet structurant au menu concerne l’extension des aéroports ainsi que la construction d’un hub au niveau de l’aéroport de Casablanca. La capacité hôtelière devra également être renforcée.

«À mon sens, le plus important est de pouvoir profiter de ces évènements, puisque le Maroc sera à la Une de tous les médias, pour montrer une bonne image. Il faut rappeler aussi que le Maroc compte l’organisation d’une dizaine d’événements à l’international durant lesquels les yeux sont braqués sur lui», indique le ministre délégué au Budget.

Quant aux préparatifs de la Coupe du monde 2030, il a souligné que le comité d’organisation est en cours de finalisation et qu’une place importante est réservée à la CGEM.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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