Liquidité bancaire : une fin d’année sous le signe du creusement
Avec un déficit de liquidité bancaire atteignant -138,9 milliards de dirhams et des ajustements notables sur les taux d’intérêt, le marché monétaire a anticipé les répercussions de la récente baisse du taux directeur. Entre levées limitées sur le marché primaire et correction des rendements sur le marché secondaire, les conditions actuelles posent les bases d’une stabilisation attendue en 2025.
Durant la semaine écoulée, le déficit de liquidité bancaire moyen a progressé de 2,4%, atteignant -138,9 milliards de dirhams (MMDH). Parallèlement, les avances à 7 jours allouées par Bank Al-Maghrib ont augmenté de 1,17 milliard, s’établissant à 63,5 MMDH. Cette situation reflète une pression persistante sur le système bancaire, en dépit de l’intervention de la Banque centrale pour stabiliser les liquidités.
Évolutions du TMP et du MONIA
L’impact de la baisse du taux directeur de 25 points de base (pbs), actée mardi dernier lors du Conseil trimestriel de Bank Al-Maghrib, s’est fait ressentir sur les taux d’intérêt interbancaires. Dans la foulée, le Taux moyen pondéré (TMP) a reculé à 2,50%, tandis que le taux MONIA (Moroccan overnight index average) a diminué à 2,44%. Ces ajustements traduisent une adaptation du marché monétaire aux orientations de BAM.
Levées limitées et concentration sur le marché primaire
En outre, sur le marché primaire, le Trésor a procédé à des levées totalisant 500 millions de dirhams (MDH), réparties entre une ligne à 13 semaines (taux limite de 2,280%) et une ligne à 2 ans (taux limite de 2,625%). Ces opérations ont entraîné une baisse des taux primaires de, respectivement, 11 pbs et 6,4 pbs, accentuée par la réduction du taux directeur.
Baisse généralisée des taux dans le marché secondaire
Le marché secondaire a également enregistré une tendance baissière, avec des replis oscillant entre 23,8 pbs sur la ligne à 13 semaines et 8,2 pbs sur les maturités longues de 20 ans. Cette correction reflète l’ajustement progressif des rendements à la nouvelle donne monétaire. Les taux secondaires actuels se rapprochent désormais de leur niveau d’équilibre, selon les analystes de BKGR.
Vers une stabilisation en 2025 ? Les perspectives pour les premiers mois de 2025 restent tributaires de plusieurs facteurs, notamment les besoins de financement du Trésor et le calendrier d’éventuelles émissions internationales.
Dans ce contexte, BKGR anticipe une poursuite des ajustements sur les marchés obligataires, avec un retour progressif à une stabilité des taux. Les évolutions récentes traduisent une correction salutaire sur les marchés monétaire et obligataire, après des périodes d’incertitudes. La stratégie proactive de BAM, conjuguée à une gestion prudente des levées du Trésor, semble poser les jalons d’un environnement plus équilibré pour les investisseurs en 2025.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO