Liquidité bancaire : le déficit s’allège
Le marché monétaire a connu une semaine marquée par un allégement du déficit de liquidité bancaire et une baisse généralisée des taux, aussi bien sur le marché primaire que secondaire. Les interventions de Bank Al-Maghrib et les levées du Trésor ont joué un rôle clé dans cette dynamique, offrant des conditions plus favorables pour les investisseurs.
La semaine passée a été dominée par plusieurs tendances clés sur le marché obligataire, notamment un allégement significatif du déficit de liquidité bancaire et une baisse des taux sur le marché primaire. Selon les analyses de BMCE Capital Global Research dans sa note Fixed Income Weekly, cette dynamique est en grande partie attribuable aux interventions de Bank Al-Maghrib et aux levées du Trésor.
La première observation marquante est l’allégement du déficit de liquidité bancaire qui a diminué de 5,19%, atteignant -143 milliards de dirhams (MMDH). Cette baisse intervient à un moment où Bank Al-Maghrib a renforcé ses avances à 7 jours, augmentant de 2 milliards, pour atteindre un total de 65 MMDH. Ce soutien accru a permis de stabiliser le marché monétaire, en particulier avec des placements du Trésor qui ont atteint un encours quotidien maximal de 10,3 MMDH, le 4 septembre 2024.
Le Taux Moyen Pondéré (TMP) interbancaire s’est établi à 2,75%, tandis que le taux MONIA (Moroccan Overnight Index Average) a légèrement progressé pour atteindre 2,700%. Ce niveau reste cohérent avec les tendances observées ces dernières semaines et reflète une stabilisation progressive du marché monétaire, même si des pressions demeurent sur certaines maturités.
Baisse des taux sur le marché primaire
L’une des autres caractéristiques notables de la semaine est la baisse des taux sur le court et moyen terme sur le marché primaire. Lors de la dernière séance d’adjudication, le Trésor a levé un total de 2,15 milliards, répartis sur des maturités de 13 semaines, 52 semaines et 2 ans. Les taux limites respectifs pour ces échéances ont été de 2,4800%, 2,6947% et 2,8139%.
Ces opérations ont induit des baisses respectives de -10,0 points de base (pbs) pour les maturités à 13 semaines, -3,2 pbs pour celles à 52 semaines et -2,8 pbs pour les échéances à 2 ans. Le besoin de financement maximal annoncé par le Trésor pour le mois de septembre est de 12,5 MMDH, ce qui pourrait maintenir une certaine pression sur les taux d’ici la fin du mois, bien que les tendances actuelles soient orientées à la baisse.
Tendance baissière sur le marché secondaire
En parallèle, le marché secondaire a également enregistré des baisses de taux sur la majorité des maturités. Les replis les plus notables ont été observés sur les maturités très court terme, avec des baisses de -14,9 pbs pour la ligne à 13 semaines et de -11,6 pbs pour la ligne à 26 semaines.
Cette tendance témoigne d’une diminution générale des coûts de financement à court terme, soutenue par la réduction de la pression sur la liquidité bancaire. Le marché secondaire a ainsi continué à offrir des conditions favorables pour les investisseurs, avec des taux en baisse sur des maturités allant jusqu’à 30 ans, bien que les variations aient été plus modérées sur les échéances longues.
Perspectives
Dans les prochaines semaines, Bank Al-Maghrib devrait réduire son rythme d’intervention sur le marché monétaire. Les avances à 7 jours ont été fixées à 61,3 MMDH pour la semaine à venir, contre 65 MMDH la semaine précédente.
Cette évolution s’inscrit dans un contexte de décélération de l’inflation et de ralentissement des levées du Trésor, ce qui pourrait conduire à une stabilisation, voire une baisse des taux à moyen terme. En somme, le marché obligataire traverse une phase de détente sur les taux, aussi bien sur le court que le long terme.
Toutefois, les évolutions futures dépendront en grande partie des décisions de politique monétaire à venir, notamment lors du prochain Conseil de Bank Al-Maghrib, qui devrait confirmer cette tendance de desserrement des taux en réponse à la décélération inflationniste et au ralentissement des besoins de financement du Trésor sur les premiers mois de l’année.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO