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Lilia Hachem Naas. “Le système des subventions est à revoir”

Lilia Hachem Naas. Directrice du Bureau Afrique du Nord de la Commission économique pour l’Afrique (CEA)

La Commission économique pour l’Afrique dispose d’une vue d’ensemble sur la croissance et le développement dans la région. La directrice de son bureau en Afrique du Nord nous livre ses analyses sur les dossiers chauds du moment : Nouveau modèle de développement, réforme des subventions, retour du FMI, emploi et croissance.

La CEA a décrit l’économie de l’Afrique du Nord comme créant «une croissance sans emplois». Comment votre bureau pourrait changer cette donne et plus spécifiquement au Maroc ?
Notre rôle est de produire des analyses de situations permettant au pays de prendre la bonne décision en matière économique. C’est au niveau de chaque pays d’agir pour changer cette situation. Nous étudions chaque politique et comment faire pour y apporter des corrections. Pour le cas de la croissance, nous avons constaté que les gouvernements soutiennent certains secteurs qui n’ont pas nécessairement un impact positif sur l’emploi. Au Maroc, l’automobile ou l’aéronautique sont intensifs en capitaux mais la création d’emplois ne suit pas le même rythme. Nous étudions ces cas de figures pour pouvoir proposer des corrections et prévoir les structures pour former des profils pointus.

Le Maroc a lancé un processus de réflexion sur son nouveau modèle de développement, comment la CEA envisage-t-elle sa contribution à ce débat ?
Notre intervention se fait à la demande des pays. La nature de notre travail nous permet d’effectuer des analyses et des recherches approfondies. Notre contribution à cette réflexion marocaine pourrait permettre d’avoir une vue d’ensemble sur différentes thématiques et de proposer certaines orientations à ces politiques, tout en laissant au pays le choix de choisir les solutions les plus adaptées à ses choix.

Pourriez-vous nous donner un exemple d’une de ces thématiques ?
Par exemple, nous avons remarqué que dans la sous-région, des politiques de soutien à l’emploi à travers des subventions d’une partie du coût du travail existent depuis des années. Les résultats à court terme montrent qu’on a une création d’emplois. Cependant à long terme, et à notre connaissance, nous n’avons pas de retour sur les effets de ce type de politiques pour répondre à la question de la durabilité de ces emplois créés. Notre contribution pourra permettre d’avoir une vue d’ensemble et proposer des bonnes pratiques en la matière.

Plusieurs pays de la sous-région (Égypte, Tunisie, Soudan et Maroc) connaissent le retour du FMI soit à travers du financement ou des assurances (LPL pour le Maroc). Faut-il craindre un retour vers l’ajustement structurel ?
La période de l’ajustement structurel est derrière nous. L’actuelle intervention du FMI est liée à certaines conditions économiques prévalant dans ces pays. Le FMI est un instrument mis à la disposition de ces pays. Une intervention qui doit se faire en discussion avec chaque pays dans le cadre la souveraineté des États. Cette intervention doit permettre un retour à une croissance équilibrée et durable.

Le Maroc se dirigent vers la suppression graduelle des subventions des produits de base. Quelles sont vos recommandations pour réussir cette transition ?
Actuellement, le système en place ne donne pas de résultats concluants. Les subventions ne vont pas aux gens qui en ont besoin. Ce système ne donne pas les résultats escomptés. Un réajustement de ce système de subventions est nécessaire pour pouvoir soutenir les plus pauvres et ceux qui ont le plus besoin. Je rappelle que ce système de subvention n’a pas vocation à rester indéfiniment. Chaque État peut mettre en plan un appui nécessaire pour une période déterminée, pour ensuite réorienter les fonds publics pour d’autres missions car ce système représente un coût pour l’État. Bien sûr, si on arrive à un niveau où personne au sein de la population n’aurait besoin de subvention, ça serait l’idéal. Ce système datant du temps des indépendances doit être revu et réajusté à l’aune de la situation actuelle de nos pays.  


La CEA-Afrique du Nord : Carte de visite

La Commission économique pour l’Afrique est l’une des cinq commissions régionales du Conseil économique et social de l’ONU. Son bureau en Afrique du Nord, domicilié à Rabat, a pour mission «de soutenir le développement des sept pays de la sous-région (Algérie, Égypte, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie et Soudan) en les aidant à formuler et mettre en œuvre des politiques et programmes à même de contribuer à leur transformation économique et sociale».


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