Les projets accélèrent
Le deuxième programme de coopération entre le gouvernement du Maroc et Millennium Challenge Corporation (Compact) est visiblement sur les bons rails. Neuf mois après l’entrée en vigueur effective de cet accord entre le Maroc et MCC, plusieurs actions ont été entreprises. Les détails.
L’Agence Millennium Challenge Account-Morocco a accéléré la cadence depuis le 30 juin 2017, date de l’entrée en vigueur effective du Compact II qui est doté, rappelons-le, d’une enveloppe budgétaire de 450 millions de dollars à laquelle s’ajoute une contribution du gouvernement marocain de l’ordre de 67,5 millions de dollars au minimum. Le bilan d’étape est plutôt positif, selon cet établissement public chargé de l’exécution du compact. Il faut dire que la phase de démarrage est on ne peut plus déterminante pour la mise en œuvre de l’accord quinquennal qui a été lancé officiellement en avril 2016. L’heure est au renforcement de l’action sur le terrain après l’achèvement des études préparatoires des différents projets. L’agence compte passer à la vitesse supérieure durant le deuxième semestre de 2018. L’accélération de la cadence est un enjeu de taille. Le programme a tiré les enseignements de la première expérience en décidant d’optimiser le facteur temps en vue de concrétiser tous les objectifs tracés à l’horizon 2022. Nombre de projets sont menés en parallèle avec les acteurs concernés pour booster deux secteurs complexes et stratégiques : l’employabilité et le foncier.
Éducation et formation pour l’employabilité
Le projet «Éducation et formation pour l’employabilité vise la promotion de l’employabilité des jeunes Marocains en améliorant la qualité et la pertinence des apprentissages et en garantissant l’accès équitable à l’éducation secondaire et à la formation professionnelle en vue de mieux répondre aux besoins du secteur privé. Il est axé sur deux activités : «l’éducation secondaire» et le «développement de la formation professionnelle et de l’emploi». À ce titre, des actions concrètes ont été lancées dans les régions ciblées. Il s’agit notamment du lancement d’un modèle intégré d’amélioration des établissements d’enseignement secondaire qui est en cours de déploiement au niveau de 34 établissements de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma dans la perspective de l’élargissement de sa mise en œuvre au niveau des régions Fès-Meknès et Marrakech-Safi. Il est également prévu de mettre en place un fonds de partenariat de l’éducation pour l’employabilité qui a fait l’objet d’un premier appel à projets lancé en décembre 2016 et ayant abouti à la signature avec des ONG opérant dans le secteur éducatif de trois conventions de partenariat portant sur des programmes de «soft-skills», de soutien scolaire et d’activités parascolaires au niveau des établissements scolaires bénéficiaires de la région Tanger-Tétouane-Al-Hoceïma. Pour couvrir les deux autres régions ciblées par le projet, un deuxième appel à projets a été lancé en février dernier. En vue d’appuyer le Maroc à développer, à planifier et implémenter des évaluations nationales rigoureuses, à préparer sa participation à des évaluations internationales, un design et un plan d’action quinquennal ont été élaborés et validés en étroite collaboration avec le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique et le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Sur le volet de la formation professionnelle, la réflexion est en cours avec le département de tutelle pour réformer le secteur en définissant les priorités durant la période du Compact, lesquelles ont trait notamment au cadre juridique, au financement de la formation professionnelle, au rôle du secteur privé et à la formation continue. En parallèle à cet important chantier, des projets seront retenus pour la création, l’élargissement ou la restructuration des centres de formation professionnelle dans le cadre d’un partenariat public privé afin de promouvoir une formation adaptée aux besoins de l’employeur.
Emploi inclusif
Le compact II vise la promotion de l’emploi inclusif par des financements innovants permettant l’insertion des jeunes chômeurs et des femmes défavorisées dans le marché du travail et offrant l’appui à la mise en place d’un système intégré d’observation du marché du travail. C’est ainsi que l’Agence MCA-Morocco appuie le gouvernement dans l’élaboration d’un cadre d’action à moyen terme de ce système intégré et d’un plan d’action détaillé pour la mise en œuvre de ce cadre durant la période du Compact. Ce cadre d’actions concerne les volets technique, institutionnel, législatif, réglementaire, de gouvernance et de partage d’informations et de données. Les deux livrables clés (cadre d’action à moyen terme et plan d’action détaillé) sont prévus pour le second semestre de 2018. Un deuxième projet phare dans cette composante est le «développement de programmes d’emploi à travers des mécanismes de financement basés sur les résultats». Il vise l’accompagnement à l’insertion dans le marché du travail des personnes en difficulté. Un appel à projets sera lancé et destiné aux prestataires de service et aux ONG porteurs de projets pertinents visant l’insertion de la population selon les critères de ce programme en cours de conception et dont les outils devront être prêts pour le second semestre de cette année. Pour sa mise en œuvre, une assistance technique spécifique sera fournie à l’ANAPEC, appelée aussi à s’approprier sa logique et ses outils dans un objectif de durabilité au-delà du compact.
Le foncier industriel mobilisé
La composante «sites pilotes» relevant de l’activité «foncier industriel» prévoit la revitalisation et la création de trois zones industrielles : Bouznika, Had Soualem pour la revitalisation et l’extension et Sahel Lakhyayta pour une nouvelle création. Le foncier de ces sites totalisant une superficie de 140 ha est déjà mobilisé. S’agissant du FONZID (Fonds des zones industrielles durables) dédié au financement des initiatives visant l’amélioration de la gouvernance et de la durabilité des zones industrielles au Maroc, l’Agence MCA-Morocco compte lancer conjointement avec le ministère de l’Industrie, durant le deuxième trimestre de 2018, un appel à projets pour sélectionner les projets qui bénéficieront du financement de ce fonds. À cela s’ajoute une composante importante du projet «foncier industriel» : l’assistance technique au département de tutelle et à d’autres parties prenantes en coordination avec le ministère pour l’amélioration du cadre légal et institutionnel concernant les zones industrielles ou pour le renforcement des capacités des acteurs pour s’approprier des modèles innovants en matière de conception, de développement ou de gestion des zones industrielles. À ce titre, des discussions sont en cours avec le ministère de l’Industrie en vue d’arrêter les axes prioritaires de cette assistance qui sera mobilisée et mise en œuvre à travers le Centre d’expertise pour le développement du foncier industriel (CEDFI) relevant de l’Agence et logé physiquement au sein de ce ministère. Outre le foncier industriel, il est nécessaire de s’atteler sur l’activité «Foncier rural» à laquelle est dédiée une enveloppe de 33 millions de dollars pour faire face au déficit de productivité de ce foncier causé, en partie, par une valorisation insuffisante de la superficie agricole utile. À cet égard, une étude préparatoire a été lancée en décembre 2016 sur l’opération de melkisation des terres collectives, qui a pour objectif d’élaborer une procédure optimisée de melkisation et son manuel de procédures, laquelle a permis aux parties prenantes concernées de valider une procédure optimisée de melkisation des terres collectives. Cette procédure sera formalisée sur le plan juridique et appliquée pour la melkisation des 46.000 ha de terres collectives situées dans le périmètre d’irrigation du Gharb au profit des ayant-droits. Ce modèle pourrait, par la suite, être étendu à l’ensemble des terres collectives situées dans les périmètres d’irrigation. Des mesures d’accompagnement sont envisagées: facilitation de l’accès aux crédits pour la réalisation des investissements et pour la valorisation des terres melkisées, renforcement des capacités des agriculteurs, la conception et l’expérimentation d’outils facilitant la sortie de l’indivision.
«Gouvernance» du foncier : Une stratégie en vue
Le gouvernement a saisi en janvier dernier le Conseil économique, social et environnemental (CESE) en vue de réaliser une étude sur la politique foncière de l’État qui devrait être finalisée en septembre prochain. Cette saisine intervient pour enrichir le processus de préparation du projet de stratégie foncière nationale. L’Agence MCA-Morocco supervisera et financera les études et les assistances techniques nécessaires à l’élaboration de la stratégie foncière nationale et son plan d’action. Le projet de stratégie foncière nationale sera préparé sur la base de ces études, du travail du CESE ainsi que de tous les travaux et études déjà réalisés. La commission ministérielle permanente de la politique foncière, créée à l’issue des assises de Skhirat supervisera de près ce processus ainsi que tous les livrables produits par l’agence.
L’Agence MCA-Morocco : 3 accords signés
L’Agence MCA-Morocco est chargée d’établir des accords d’exécution avec les ministères et les établissements publics concernés par les projets du Compact II. L’objectif est de mettre en place des unités de gestion de projets ayant pour mission le suivi de l’exécution sur le terrain des différentes activités du Compact sous la supervision de l’agence. La signature de ces accords d’exécution constitue une condition préalable au premier déboursement sur les fonds du Compact. Jusque-là, trois accords d’exécution ont été signés. Le premier a été conclu avec le ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle pour la mise en œuvre des activités «éducation secondaire» et «formation professionnelle», le second avec le ministère de l’Industrie pour la mise en œuvre de l’activité du «foncier industriel» et le troisième avec le ministère du Travail et l’ANAPEC pour la mise en œuvre de l’activité «Emploi». Des accords restent encore à signer pour mettre en œuvre l’activité «foncier rural» en coopération avec les ministères de l’Intérieur et de l’Agriculture, l’ORMVAG et l’Agence nationale de la conservation foncière ainsi que l’activité «éducation secondaire» et «emploi» en partenariat avec le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS). Par ailleurs, pour orienter la mise en œuvre des projets, l’agence MCA-Morocco a élaboré des documents dont un plan de suivi et d’évaluation pour déterminer la manière de mesurer les performances des projets et les évaluations des effets et impacts à long terme des différentes activités du Compact. À cela s’ajoute l’élaboration d’un plan d’action genre et inclusion sociale qui traduit l’engagement des différentes parties prenantes au Compact à promouvoir l’inclusion sociale et le genre durant toutes les étapes de sa conception et de sa mise en œuvre.