Les pistes de réformes de Baraka
Le rapport nouvellement publié par le CESE pour le compte de l’année 2016 liste une série de recommandations portant sur les domaines économique, social et environnemental.
L’analyse des principaux indicateurs du paysage économique et social réalisée par le CESE a mis en relief l’importance d’éviter la baisse de la demande interne en pratiquant une politique «de lutte contre les aléas économiques saisonniers en vue de garantir la stabilité des prix et renforcer le pouvoir d’achat». Le conseil suggère aussi de créer des mécanismes visant la réduction de la fluctuation des revenus de la population rurale à travers le financement de projets non agricoles au sein des zones concernées afin de stimuler la demande locale durant les mauvaises saisons agricoles. Le CESE recommande dans le même registre «d’élargir le circuit de la production au niveau national pour augmenter le nombre des entreprises créées, en vue de remplacer le déplacement des capitaux vers les secteurs émergents». L’économie bleue se trouve parmi les pistes préconisées par l’instance présidée par Nizar Baraka (photo), qui dépasse le secteur de la pêche et repose sur l’optimisation de l’exploitation des ressources halieutiques au sein des secteurs qui sont en relation directe avec la mer. Le CESE cite dans ce registre la construction de navires, l’usage de l’énergie éolienne et la valorisation des algues marines.
Environnement : la dépendance technologique inquiète
Concernant les questions environnementales, le CESE appelle à prendre en considération les risques climatiques dans la planification urbaine, essentiellement au niveau des documents d’urbanisme et des schémas d’aménagement ainsi que pour les plans de déplacement urbain. L’une des priorités du conseil est l’acquisition d’une expertise nationale solide en matière d’énergies renouvelables et d’industries y afférentes. En ligne de mire, il s’agit d’«éviter une dépendance technologique qui pourrait s’instaurer à la place d’une dépendance énergétique», selon les recommandations finales. La sonnette d’alarme a été aussi tirée pour le secteur de l’eau, malgré la publication de la loi régissant le secteur. Le Maroc figure parmi 33 pays qui sont menacés par le stress hydrique à l’horizon 2040, ce qui nécessite «de renforcer la cadence des projets de traitement des eaux usées, d’assainissement liquide et de dessalement».
La paix sociale reste fragile
S’agissant du climat social et malgré l’adoption du projet de la loi organique sur la grève par le Conseil des ministres tenu en septembre 2016, le CESE note que le nombre des journées de grève a augmenté de 86%, malgré la baisse du nombre des entreprises concernées par les désœuvrements collectifs. «Cette situation est un résultat direct de l’absence d’un dialogue social régulier et reflète les difficultés rencontrées en matière de médiation sociale et de prévention des conflits collectifs du travail». En matière de droits économiques, l’indicateur retenu par le CESE porte sur l’accès au logement. Ainsi, le nombre de familles bénéficiant du Fogarim a baissé en 2016 de 11% pour atteindre 12.700 familles. Le CESE appelle à instaurer plus d’intégration entre les deux milieux urbain et rural via une approche territoriale efficiente des stratégies d’intégration sociale en insistant sur le rôle des régions durant toutes les étapes de l’élaboration des politiques publiques. Toujours au niveau régional, le CESE appelle à encourager 12 conseils régionaux à s’impliquer davantage dans la formation, notamment par le financement des programmes et le contrôle de gestion des établissements d’enseignement. La contribution des associations des parents d’élèves a été aussi mentionnée comme étant une clé de la réussite de la transition souhaitée pour le champ éducatif. Pour ce qui est de la santé, le CESE s’attend à ce que des mécanismes de financement soient mis en place, lesquels devront rendre obligatoires les dispositions prévues par la carte sanitaire. En ce qui concerne la couverture médicale, une évaluation d’étape semble s’imposer, tout en poursuivant la généralisation du régime et l’amélioration de ses retombées sur la population ciblée.
Les horizons ouverts par l’économie numérique
Dans le domaine de l’économie numérique, le diagnostic du CESE a été très tatillon avec la réalisation d’un rapport thématique sur «la transition numérique au service du citoyen et du développement durable». Le CESE voit surtout dans cet outil l’amélioration des services administratifs ainsi qu’un moyen «de lutte contre la corruption et la réduction du pouvoir discrétionnaire de l’administration». Les recommandations du conseil insistent sur la nécessité de mettre en place une approche globale en vue d’atteindre un autre niveau de numérisation des services publics, essentiellement l’activation de la charte prévue par la Constitution et la création d’une instance de pilotage. Enfin, concernant l’accès à l’information, le CESE suggère de mettre en place un observatoire de la qualité des services publics ainsi qu’un cadre réglementaire qui permette la certification des documents numériques et la généralisation de la signature électronique, accompagnées de l’adoption
d’un régime d’adresses électroniques.