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Haute fonction publique.. vous avez dit parité?

Peut-on vraiment parler de parité dans la fonction publique, et plus encore quand il s’agit de hauts fonctionnaires? Il reste encore du chemin à parcourir, si l’on en croit les chiffres révélés par une étude de l’observatoire de l’emploi public relevant du ministère sur la place des femmes fonctionnaires aux postes de responsabilité au Maroc, dont les résultats ont été dévoilés le 8 mars dernier à l’occasion de la journée de la femme.

A cette occasion, le ministre en charge de la réforme de l’administration et de la fonction publique, Mohamed Benabdelkader, a indiqué que les femmes représentent 40% de l’effectif global des ressources humaines de l’État, dont 77% sont des cadres supérieurs, soulignant que la représentativité de la femme marocaine dans l’administration publique connaît une croissance soutenue, précisant que les femmes fonctionnaires sont placées au cœur des chantiers de réforme de son département.

Pourtant, le taux de féminisation des postes de responsabilité et emplois supérieurs dans la fonction publique ne dépasse pas 22,2 % en 2016. Ce chiffre dégringole à 15,28 % dans les emplois supérieurs, selon l’étude de l’observatoire de l’emploi public. Il en ressort également que le chemin d’accès aux postes de responsabilités est encore semés d’embûches.

Au niveau central, le taux de féminisation des postes d’emploi est plus élevé que celui des services déconcentrés. Les administrations centrales comptent, en effet, 31 % des femmes dans les postes de responsabilité contre uniquement 18 % sur le plan déconcentré. Rabat-Salé-Kénitra arrive en tête des régions avec un taux de féminisation des hautes fonctions de 54 %.

Dans les détails, 68% des femmes responsables ont moins de 20 ans d’ancienneté. 38% ont pu accéder à un poste de responsabilité dans l’espace de 5 ans, alors que 35% n’ont pu y accéder qu’après une carrière de plus de 10 ans. 71% des femmes fonctionnaires enquêtées ont pu accéder aux postes de responsabilité dans le cadre d’une procédure d’appel à candidature. 45% des interviewées refusent catégoriquement toute discrimination positive en leur faveur pour décrocher un poste de responsabilité.

L’enquête révèle un manque de visibilité sur le parcours professionnel ainsi qu’une prééminence du modèle de carrière « au masculin ». Il s’avère encore difficile de concilier entre vie privée et développement de la carrière. En effet, la représentation socio-culturelle demeure encore imprégnée de la différenciation entre les deux sexes. A titre d’exemple, on pointe du doigt l’absence de mesures d’encouragement spécifiques aux femmes pour accéder à la mobilité professionnelle.

Par ailleurs, l’enquête liste plusieurs défis à relever à commencer par le dispositif juridique et institutionnel de la fonction publique qui, -bien qu’il soit basé sur la neutralité et l’égalité des chances entre les deux sexes-, ne tient pas suffisamment compte des aspirations des femmes. Des entraves systémiques perdurent en dépit de la réaffirmation d’une politique délibérée visant à encourager une féminisation accrue des postes de responsabilité dans la fonction publique.

L’étude recommande la nécessité du renforcement du leadership au féminin. Il faut aussi réviser l’arsenal juridique et institutionnel, instaurer un environnement favorable  permettant de concilier vie familiale et vie professionnelle, renforcer des modalités de reporting sur la féminisation des postes de responsabilité, consolider des actions d’incitation et d’accompagnement, développer le réseautage. Il s’avère aujourd’hui plus que jamais impératif de conduire le changement vers une culture plus égalitaire en luttant, entre autres, contre les stéréotypes et les préjugés sexistes.

 

 

 



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