Éco-Business

Les experts de Citibank décryptent le potentiel du Maroc

Citibank a organisé, la semaine dernière à Londres, le Sommet régional pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Cet événement a été l’occasion de réunir les experts de l’institution financière pour décrypter le potentiel de cette région et la place qu’elle occupe dans la stratégie globale du groupe. Les ÉCO a interpellé les experts de Citibank sur le potentiel du marché marocain. Le détail.  

Décrypter, analyser et tracer les perspectives de développement de l’économie marocaine passe intrinsèquement par une analyse des activités des opérateurs marocains sur le continent africain. Cette dynamique fascine en effet les experts de Citibank qui semblent unanimes concernant les bonnes orientations stratégiques du pays sur ce marché à fort potentiel de croissance. L’expansion des compagnies marocaines sur le marché africain, l’appui et le soutien royal dont elles bénéficient et les récents déplacements du souverain sur les marchés stratégiques sont autant d’éléments qui sont relevés par les experts de Citibank.  «Les entreprises marocaines présentent un réel potentiel dans de nombreux de secteurs, notamment la finance, les services et  les télécoms. De fait, les banques, les compagnies d’assurance et les centres d’appels sont les secteurs principaux que le Maroc investit progressivement sur le continent. Cela est sans doute dû à la taille des entreprises marocaines qui gagneraient aussi à aller au-delà des marchés francophones pour investir davantage dans les marchés anglophones qui présentent souvent de plus grandes opportunités», explique Miguel Melo Azevedo, DG, chef de la banque d’investissement pour l’Afrique de Citibank. Pour ce faire, un certain nombre de préalables devront être assurés parmi lesquels le ciblage de ces marchés, une meilleure maîtrise de la langue et des stratégies basées sur une approche progressive pour intégrer les marchés.

L’énergie, nouveau chantier stratégique
Le secteur énergétique devrait présenter dans les prochaines années de réelles opportunités d’investissement. Au lendemain de la COP22 organisée à Marrakech, les experts se sont accordés sur la nécessité de l’action en faveur du climat comme du développement des énergies renouvelables. Dans ce contexte, le Maroc s’est positionné pour développer ce secteur devenu hautement stratégique. Pour ce faire, des investissements devront être réalisés avec le concours des banques et du secteur privé. Les principales banques nationales se sont déjà engagées sur ce créneau pour ne citer qu’Attijariwafa bank, la BMCE ou encore la BCP.

Le sommet régional de Citibank a été l’occasion d’interpeler les experts de l’institution financière sur la capacité des banques d’investissements ainsi que des investisseurs privés à engranger le pas. Pour ces derniers, ce secteur est indéniablement un secteur qui bénéficiera d’une grande attractivité des investisseurs, cependant certains préalables devront être assurés. «Il faudra assurément que le secteur public donne l’exemple et investisse massivement. Je reste très confiant sur le fait que les gouvernements pourront attirer des capitaux extérieurs et c’est dans ce contexte que Citibank reste une des banques d’investissement les mieux placées pour orienter ces capitaux et répondre aux besoins de financement», indique Miguel Melo Azevedo. Si les banques et le secteur privé semblent d’ores et déjà prêts à investir dans ce créneau, il n’en demeure pas moins que ces derniers requièrent quelques préalables jugés importants. «Le gouvernement doit renforcer le cadre réglementaire qui régit ce secteur hautement stratégique», renchérit Petter M.Sullivan, directeur général en charge de l’Afrique de Citibank. Et d’ajouter : «Une des clés qui peuvent permettre le développement de ce secteur est relative à la disponibilité des ressources publiques, qui permet intrinsèquement au investisseurs du secteur privé d’être plus confiants et de mobiliser des capitaux. La recette est simple, il faudra assurer un bon mix entre l’investissement public et l’investissement privé».

Un marché financier balbutiant
Le Maroc semble avoir tracé la voie sur un certain nombre de secteurs sur lesquels ses opérateurs se positionnent clairement sur l’échiquier continental voire mondial. Cependant, il est un secteur que les experts de Citibank déplorent en raison de son lent développement : le secteur financier. La vision des experts de Citibank sur le marché financier marocain se résume en effet à l’adage suivant: «Beaucoup de bonne volonté mais encore du chemin à faire». Commentant la place de la Bourse de Casablanca et son poids sur le continent, les experts de l’institution financière notent de réelles avancées, une stratégie ambitieuse déployée mais encore du travail à faire pour espérer un jour concurrencer la Bourse de Johannesburg. «Je pense que la Bourse de Casablanca et ses responsables travaillent durs pour asseoir sa notoriété et la positionner sur le continent, mais il y a encore du chemin à faire», affirme Miguel Melo Azevedo. Et d’ajouter : «cependant, cette dynamique a un impact positif en ce sens qu’elle a permis à des entreprises de se spécialiser dans le conseil financier, dans le consulting. Ceci sans oublier que cette même dynamique de développement de la Bourse de Casablanca a attiré de nombreuses entreprises européennes qui ont décidé, ces dernières années, de s’implanter au Maroc». Si la Bourse de Casablanca affiche aujourd’hui de grandes ambitions, les experts de Citibank estiment que certains ajustements restent à faire pour permettre un réel développement de la place financière.

Ainsi parmi les principales recommandations formulées, les exports notent la nécessité d’assurer une convertibilité du dirham et une meilleure disponibilité des devises. D’autre part, il faudra aller au-delà des barrières culturelles et linguistiques. Les pays anglophones restent aujourd’hui leaders dans le secteur financier, demeurent clairement plus orientés «marché financiers» et sont donc de réels exemples à suivre.  


Peter M Sullivan
Directeur général en charge de l’Afrique.

«Dans le secteur public, il faut dire que le roi du Maroc joue un rôle prépondérant et stratégique. Il est d’un excellent soutien aux entreprises marocaines qui actent des investissements sur l’ensemble du continent. Ceci est très important et explique clairement la dynamique enclenchée.»

Miguel Melo Azevedo
Directeur général, chef de la banque d’investissement pour l’Afrique

«Pour intégrer de nouveaux marchés et notamment les marchés anglophones, les entreprises marocaines doivent savoir que ces marchés ne sont pas si différents des marchés francophones. Le plus important aujourd’hui pour les entreprises intéressées par ces marchés est d’apprendre de ceux qui les ont atteints et y ont investi. J’entends par là des compagnies comme Saham et la BMCE. De plus, avant d’investir dans ces marchés, mieux vaut dans ce type d’expansion s’intéresser à de petits marchés et ne pas commencer par des marchés comme le Nigeria par exemple.»

Eugène Amusin
Vice-président du département finance inclusive

«Dans les perspectives d’investissements, un secteur peut se révéler très intéressant pour le Maroc. L’agriculture et le travail avec les agriculteurs en Afrique subsaharienne sont des domaines importants et ceci a été confirmé par des institutions internationales. Ce secteur peut également constituer un réel relais de croissance présentant même un fort potentiel d’investissement.»


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