Les entreprises marocaines en quête d’opportunités en Italie
Quelque quinze entreprises marocaines participent au rassemblement du programme Élite à la Bourse d’Italie. Un évènement premier du genre depuis le lancement d’Élite au niveau international. L’ambition est au rendez-vous. L’introduction en bourse est le principal objectif.
Une quinzaine d’entreprises marocaines sur un total de 58 du programme Élite ont fait le déplacement en Italie pour participer au premier rassemblement du programme qui s’est ouvert hier à Milan. L’évènement réunit non seulement les entreprises adhérentes au programme mais aussi des investisseurs ainsi que des universitaires et experts triés sur le volet. C’est en effet l’occasion pour les entreprises marocaines d’engager de sérieuses discussions avec des partenaires potentiels commerciaux ou investisseurs en vue de leur permettre d’évoluer vers une nouvelle étape de croissance. D’ailleurs des rencontres sont programmées aujourd’hui avec les entreprises italiennes pour examiner les perspectives de coopération entre les hommes d’affaires des deux pays. Lancé par la Bourse de Casablanca il y a deux ans et demi, le programme Élite vise à donner un véritable coup de fouet au développement des entreprises et leur faciliter l’accès à de nouvelles sources de financement. Jusque-là, cinq cohortes ont été lancées par le Maroc. Le chiffre d’affaires de la communauté marocaine d’Élite pèse 15,5 milliards de dirhams.
Le lancement de la sixième promotion du programme est prévu pour décembre prochain. Onze entreprises sont déjà certifiées et la majorité d’entre elles a manifesté l’intérêt de s’introduire en bourse. D’ailleurs, même celles qui suivent encore le programme nourrissent l’ambition de se développer en vue de s’introduire en bourse. C’est ce que tient à souligner aux Inspirations ÉCO Mohamed Ait Benzaiter, directeur général délégué de Ménara holding qui a intégré le programme il y a un an. «Nous souhaitons nous hisser au même niveau que celui des sociétés internationales dans la perspective d’entrer en bourse», souligne-t-il. La même ambition est affichée par Lino Bacco pour Radio Mars qui postule pour la certification d’Élite en vue de faire bientôt son entrée en bourse. Les petites et moyennes entreprises marocaines sont appelées à mettre fin au frein psychologique vis-à-vis du marché des capitaux en vue de réussir leur développement et leur croissance.
Le programme Élite semble être, pour le moment, le meilleur moyen pour se restructurer et développer leur gouvernance. L’engouement est visiblement au rendez-vous. Les initiateurs d’Élite international semblent satisfaits du chemin parcouru par le Maroc en la matière. Luca Peyrano, PDG d’Élite, estime que le partenariat avec le Maroc s’est révélé un véritable succès et peut ainsi être une source d’inspiration pour d’autres pays. L’heure est au développement du programme aussi bien au Maroc qu’en Afrique. Le directeur général de la Bourse de Casablanca Karim Hajji est on ne peut plus clair : la prochaine étape consiste à concrétiser quelques introductions en bourse à travers l’écosystème Élite.
“Les entreprises sont prêtes à faire appel au marché des capitaux”
Quels sont les obstacles que le programme Élite essaie de lever pour promouvoir le développement des entreprises ?
Le programme Élite a été mis en place avec l’aide des entreprises elles-mêmes. Après des réunions de prospection avec les entreprises marocaines, nous avons sélectionné les thèmes qui sont importants pour elles, à savoir la gouvernance, la stratégie, le business plan, la valorisation de l’entreprise… Donc, tout a été décidé d’un commun accord avec les entreprises. C’est pour cette raison que nous avons un taux de satisfaction qui dépasse les 95%. Les entreprises sont en effet largement satisfaites de ce programme et le recommandent à d’autres. Nous espérons que certaines entreprises feront le pas de s’introduire en bourse ou d’introduire des partenaires dans leur tour de table. D’ailleurs, l’une d’entre elles a déjà pris un partenaire sud-africain dans son tour de table et d’autres ont déjà manifesté leur intérêt à s’introduire dans la Bourse de Casablanca.
Globalement, quelle évaluation faites-vous d’Élite Maroc ?
Élite Maroc est un véritable succès. Nous avons aujourd’hui une soixantaine d’entreprises dans le programme Élite dont 11 sont déjà certifiées. Elles peuvent ainsi faire appel au marché des capitaux car elles ont désormais tous les ingrédients nécessaires en termes de gouvernance, de business plan, de stratégie et d’organisation leur permettant de lever des fonds. Elles sont prêtes à faire appel au marché. Par ailleurs, nous avons aussi lancé en Afrique de l’Ouest une cohorte Élite avec dix entreprises de plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est pour la première fois que la Bourse de Casablanca exporte ses services à l’extérieur du Maroc. Il s’agit d’un grand motif de satisfaction. Nos partenaires Élite en Italie et en Angleterre sont très satisfaits de ce partenariat avec la Bourse de Casablanca qui a le mieux réussi parmi tous les partenaires en bourse d’Élite à travers l’Europe.
L’introduction en bourse des entreprises certifiées Élite dépend-elle de leur volonté ou est-elle tributaire d’autres facteurs ?
Il faut que ces entreprises aient des projets de développement. Les entreprises ne s’introduisent pas en bourse juste pour le faire, mais plutôt pour financer une croissance. Il faut ainsi qu’elles aient un véritable programme de développement d’une part et la volonté d’ouvrir leur capital et de s’inscrire dans une démarche de transparence totale vis-à-vis des investisseurs, d’autre part. L’investisseur à la Bourse de Casablanca ne va pas exiger une caution personnelle ou une hypothèque de premier rang, mais il va simplement demander de la transparence, soit de l’information sur les résultats, les perspectives des entreprises dans lesquelles il investit.
Le frein psychologique est-il le principal obstacle qui dissuade les entreprises marocaines à s’introduire en bourse ?
On ne peut pas nier l’ampleur du frein psychologique que nous nous employons à lever. Cette mission n’est pas simple. Nous avons des réunions one to one avec les entreprises marocaines pour démystifier le marché des capitaux de manière générale et la bourse en particulier et faire en sorte que les entreprises se sentent à l’aise et fasse appel à des investisseurs extérieurs pour financer leur croissance. Nous essayons de donner confiance aux PME pour qu’elles aient le courage d’exprimer leurs ambitions et de faire appel au marché pour les financer. C’est en effet ce qui nous manque.
Quel est l’intérêt du partenariat avec l’Afrique dans le cadre d’Élite ?
Les défis des PME marocaines et celles dans la région de l’Afrique de l’Ouest sont très semblables. La bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan est un partenaire de la Bourse de Casablanca. Nous avons signé un protocole il y a trois ans. Le programme Élite est une manière concrète d’exprimer ce partenariat. Et à l’avenir, il n’est pas exclu que nous ayons une double cotation entre la BRVM et la Bourse de Casablanca.
Les objectifs d’Élite
Élite Maroc s’assigne pour objectif de permettre aux entreprises de trouver les meilleurs outils pour atteindre leur vision de développement tout en permettant au marché des capitaux d’accueillir des entreprises aux meilleures normes d’organisation, de gouvernance et de transparence. Il ne s’agit pas d’une école de management, comme l’a souligné hier l’un des intervenants au rassemblement d’Élite en Italie, mais l’accent est plutôt mis sur le volet de la gouvernance. L’idée est d’aider les entreprises à mettre le doigt sur leurs faiblesses afin d’y remédier et promouvoir leurs atouts. Le label Élite permet aux entreprises de rehausser leur visibilité auprès des investisseurs nationaux et internationaux. Au Maroc, premier pays non européen à développer ce programme, plusieurs partenaires sont impliqués, notamment des banques, des cabinets de conseil financier, des cabinets juridiques, des fonds d’investissement…