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L’Afrique en quête d’industrialisation durable : le Maroc, un modèle à suivre

Face à l’augmentation de 25% de la demande énergétique productive en Afrique, prévue d’ici 2030, il devient crucial de favoriser l’électrification des activités productives. Le Maroc, pionnier de la transition énergétique, montre la voie à suivre pour une industrialisation durable du continent.

L’Afrique connaît une demande énergétique croissante, en particulier dans le secteur des activités productives telles que l’industrie légère, les entreprises commerciales et l’agriculture. Selon le récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), ces activités représentent actuellement deux tiers de la demande énergétique productive en Afrique, le reste provenant des services et de l’agriculture.

Face à cette augmentation de 25%, prévue d’ici 2030, il est crucial de favoriser l’électrification de ces activités productives. Le rapport souligne que des politiques appropriées permettraient, notamment, d’accélérer le passage des pompes à irrigation au diesel vers des solutions solaires couplées à des batteries, le développement des chaînes du froid pour le transport des produits agricoles, ainsi que l’électrification de secteurs comme le papier, le textile ou les data centers.

Le Maroc fait figure de pionnier en la matière. Dès 2011, le pays a mis en œuvre des politiques visant à soutenir la croissance industrielle via des technologies plus durables. L’électrification progressive de l’outil productif national, couplée à un mix énergétique s’appuyant de plus en plus sur les énergies renouvelables, permet de réduire l’empreinte carbone tout en renforçant la compétitivité des entreprises.

Cette transition énergétique des activités productives se heurte cependant à l’obstacle du financement, les investissements initiaux étant souvent élevés malgré des coûts d’exploitation réduits sur le long terme. Le rapport de l’AIE insiste sur le rôle clé que doivent jouer les institutions financières, via des financements concessionnels, pour lever ces freins à l’investissement, notamment pour les petites et moyennes entreprises.

Des gains substantiels en vue avec l’électrification durable des activités productives
L’électrification des activités productives est cruciale pour répondre à la demande énergétique croissante prévue d’ici 2030, tout en réduisant l’empreinte carbone. Le rapport de l’IAE met en avant plusieurs secteurs clés où l’électrification permettrait des gains environnementaux et économiques substantiels.

Premièrement, le secteur agricole représente un fort potentiel avec le passage des pompes à irrigation traditionnelles fonctionnant au diesel vers des solutions d’irrigation solaires photovoltaïques, couplées à des batteries. Ces systèmes utilisant les énergies renouvelables permettent une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre et une meilleure résilience face à la volatilité des cours des énergies fossiles. Leur déploiement à grande échelle nécessitera cependant un soutien financier aux agriculteurs pour l’investissement initial.

Deuxièmement, le développement de chaînes du froid électriques fiables sur l’ensemble de la chaîne logistique, de la récolte au transport, jusqu’aux centres urbains de distribution, permettrait de réduire considérablement le gaspillage alimentaire. Actuellement, environ un tiers des produits agricoles se perdent faute d’infrastructures de refroidissement adéquates. L’électrification de cette chaîne apporterait ainsi des bénéfices économiques, sanitaires et environnementaux majeurs.

Troisièmement, l’électrification d’industries aussi diverses que le papier, le textile ou l’agroalimentaire représente un levier puissant de décarbonation et de gains de productivité. Remplacer les procédés reposant sur les énergies fossiles par des équipements électriques alimentés par les énergies renouvelables permet de réduire drastiquement les émissions tout en améliorant la fiabilité et la compétitivité.

Enfin, la transition numérique se poursuivant, la demande énergétique des data centers et infrastructures de télécommunications va fortement augmenter. Leur électrification via les renouvelables permettra d’accompagner cette croissance de manière durable.

Cependant, ces transitions nécessiteront d’importants investissements publics et privés dans le déploiement des infrastructures électriques, la formation des compétences locales et la mise en place d’un cadre réglementaire et de financement incitatif. Le rapport de l’IAE souligne ainsi la nécessité d’une stratégie énergétique intégrée à long terme, mobilisant tous les leviers disponibles, pour assurer l’électrification durable des activités productives africaines.

Bon élève en matière de financement vert

Le Maroc fait aussi figure de bon élève en matière de financement vert et d’implication du secteur privé. Les partenariats public-privé sont de plus en plus privilégiés pour le développement des infrastructures énergétiques, permettant de mobiliser des capitaux privés indispensables, tandis que la Banque centrale encourage les banques à accroître leur offre de produits de finance verte. Cependant, le défi de l’industrialisation durable se pose pour l’ensemble du continent.

De nouveaux pôles industriels voient le jour, comme en Éthiopie, mais de nombreux pays peinent encore à attirer les investissements et à développer une production locale de technologies propres, qu’il s’agisse de systèmes solaires, de fours améliorés ou d’équipements de production d’hydrogène vert.

Le rapport souligne ainsi la nécessité de créer un environnement réglementaire et commercial stable et attractif, tout en formant les compétences locales, pour permettre l’essor d’une véritable filière africaine des technologies propres. Des parcs industriels dédiés, bénéficiant d’un accès pérenne à l’énergie et aux infrastructures numériques, sont également cités comme vecteurs potentiels d’investissements.

Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO


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