La formule de l’APIC pour revigorer l’industrie
L’Association professionnelle des industries céramiques au Maroc (APIC) ressort ses vieilles doléances. Dans un récent document, elle insiste sur les questions du coût de l’énergie, du contrôle aux frontières et de la préférence nationale.
Les temps sont durs dans l’industrie de la céramique. Après avoir enterré la hache de guerre avec les importateurs, l’Association professionnelle des industries céramiques au Maroc (APIC) revoit sa stratégie en vue de renforcer sa compétitivité tant sur le marché local qu’à l’export. Industrie jeune au Maroc (les premières unités industrielles du secteur ont vu le jour dans les années 80), pas moins de 9 entreprises industrielles opéraient dans le secteur en 2014, employant plus de 30.000 personnes (emplois directs et indirects). «En 2017, il ne reste que 8 entreprises encore actives avec des capacités utilisées variant de 50 à 75%», regrette l’APIC dans un récent document incluant des propositions de relance. Les professionnels gardent toutefois le moral, estimant que le secteur a encore de beaux jours devant lui. L’activité du sanitaire génère un chiffre d’affaires estimé à plus de 1 MMDH pour une capacité de production annuelle d’environ 5,5 millions de pièces dont plus de la moitié est destinée à l’export, selon les estimations des professionnels.
En outre, le marché des équipements sanitaires suit la tendance du secteur de la construction et de l’immobilier qui, bien qu’ayant montré quelques signes d’essoufflement, devrait reprendre une croissance soutenue durant les prochains mois. Le marché marocain connaît par ailleurs un développement sur tous les segments mais plus particulièrement sur le segment du produit économique. Les segments haut de / moyenne gammes connaissent également, depuis ces dernières années, une nette évolution liée aux programmes immobiliers haut standing et à la construction d’importants établissements hôteliers, notamment dans le luxe. Cette importante demande existante et à venir est couverte par la production locale et complétée par les importations en provenance d’Espagne et de Chine. «Cependant, si le marché marocain est en pleine expansion, il n’en demeure pas moins qu’il souffre de certains handicaps, dont le coût trop élevé de l’énergie thermique qui pénalise l’industrie nationale des carreaux de céramique», relève l’APIC.
L’association reformule ainsi ses vieilles doléances portant principalement sur le coût de l’énergie et sur la mise en place d’une préférence nationale. La principale faiblesse du secteur est le coût de l’énergie. L’implantation d’un terminal gazier et l’exploitation de gisements de gaz locaux constituent une solution pour l’industrie nationale dans la mesure où il permettraient de réduire la charge énergétique de 30% à 40%, voire 60%. Il est à noter qu’à l’exception du Maroc qui utilise du gaz GPL, les autres pays producteurs utilisent le gaz naturel dont le prix n’a quasiment pas évolué durant les 5 dernières années. À ce titre, il est intéressant de noter que le coût du GPL au Maroc est 40 fois plus cher que le prix du gaz (naturel) utilisé en Égypte, 10 fois plus cher que le prix du gaz en Tunisie et 4 fois plus cher que le gaz utilisé en Europe. Pour renforcer la compétitivité du secteur, l’APIC propose d’appliquer la règle de la préférence nationale pour tous les projets bénéficiant d’une exonération de la TVA, et donc d’une subvention qui devrait bénéficier au tissu industriel national. Selon les professionnels, la préférence nationale devrait s’appliquer à chaque fois que le prix du carreau céramique marocain est équivalent au carreau importé. Ainsi, la subvention de l’État, à travers l’exonération de la TVA, bénéficierait à tous les secteurs industriels nationaux impliqués dans l’acte de bâtir. Par ailleurs, importateurs et industriels se sont engagés à renforcer le contrôle aux frontières aussi bien terrestre que maritime pour stopper la contrebande. À ce niveau, les opérateurs du secteur exigent une conformité des produits importés aux normes marocaines. Une redéfinition de la méthode d’échantillonnage utilisée pour le contrôle de la qualité au moment de l’entrée des carreaux d’importation sur le territoire marocain.
Une étude prospective en gestation
Les céramistes ont formulé en décembre dernier leur réconciliation avec l’Association nationale des professionnels de la céramique et du second œuvre (APISA). Un «gentlemen’s agreement» a été signé à l’occasion, fixant les pistes de collaboration entre les deux professions. Cette déclaration de principe permet de fixer les priorités de la collaboration. Il s’agit notamment de mettre de l’ordre chez les importateurs et d’instaurer des mécanismes de coopération pour la conquête des marchés local et externe. Un premier signe d’apaisement est intervenu mi-novembre avec le retrait de la requête de l’APIC pour l’application de mesures antidumping à l’encontre de céramiques importées d’Espagne. Une affaire qui l’opposait à l’APISA devant le département du Commerce extérieur depuis 2015. Les deux parties veulent aller plus loin en produisant une étude prospective de positionnement du secteur des carreaux. Cette étude devrait aboutir à un plan d’action à mettre en œuvre pour permettre au secteur de renforcer son positionnement sur le marché domestique et sur les marchés d’exportation. Les parties entendent solliciter le Secrétariat d’État chargé du commerce extérieur (SECE) pour leur fournir l’appui à la réalisation de cette étude.