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La corruption, cette grande menace !

La lutte contre le changement climatique ne peut aboutir sans l’instauration de la bonne gouvernance et l’éradication de la corruption, surtout dans les pays en développement.

La corruption est un obstacle à la lutte contre le changement climatique. Le constat a été dressé lors d’une rencontre tenue dans la zone verte de la COP22 par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et l’Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC). Il s’agit d’une question à laquelle les pouvoirs publics des différents pays, notamment ceux du Sud, doivent s’atteler afin d’améliorer la gouvernance et atteindre les objectifs tracés en matière de lutte contres les dérèglements climatiques. Certains pays du Nord veulent être rassurés sur l’issue des financements dédiés aux projets climatiques dans les pays les plus vulnérables qui sont le plus concernés par le fléau de la corruption. Pour certains, la solution réside dans le déblocage des fonds en fonction de la validation des résultats obtenus afin de barrer la route à toute tentative de fraude ou de dilapidation des financements climatiques. Le problème est complexe pour plusieurs raisons, selon les intervenants.

Pour l’ICPC, le lien entre la corruption et le changement climatique est avéré. Cette corruption pourrait être due à des pressions exercées par des industriels puissants ou des politiciens pour contourner la loi et éviter de respecter les règles environnementales. Il s’agit à titre d’exemple du dépassement du seuil en matière d’émission de gaz toxiques par les grandes entreprises industrielles et du versement des pots-de-vin pour modifier les résultats d’inspections environnementales. L’ICPC relève d’autres impacts indirects très sérieux comme le trafic d’influence et le lobbying illégal lors de l’élaboration des politiques publiques ou des lois environnementales, notamment pour protéger les entreprises ou les industries puissantes qui exercent une grande pression pour bloquer des lois ou sortir des textes qui n’exigent pas l’application des standards internationaux.

À cela s’ajoute le détournement des fonds réservés aux projets environnementaux et activités génératrices de revenus comme le remplacement d’une zone verte dans une ville par un projet immobilier. La réduction des budgets et des subventions réservés à la protection de l’environnement à cause du lobbying est aussi considérée comme une forme de corruption. En somme, la mauvaise gouvernance combinée à la mauvaise gestion cause des politiques environnementales en deçà des standards internationaux, d’après l’Instance centrale de prévention de la corruption. Dans des cas extrêmes, notamment dans certains pays pauvres, une corruption politique très poussée à grande échelle peut même faciliter le pillage en masse des ressources naturelles d’un pays.

Les causes «institutionnelles» de la corruption
La corruption dans le domaine de lutte contre le changement climatique est due à une multitude de causes d’ordre institutionnel : une législation insuffisante ou inefficace en raison de l’incohérence entre les lois, des institutions complémentaires mais avec une faiblesse de coordination, une faible détection de la corruption à cause du manque de spécialisation des forces de l’ordre, un manque d’application des lois, une non-exécution des jugements dans certains cas, une faible démocratie, une mauvaise gouvernance, un manque de responsabilité, une faiblesse en matière de reddition des comptes, des contrôles défaillants, une faible volonté politique, des institutions publiques non efficaces… Selon l’ICPC, la corruption politique à grande échelle peut empêcher l’élaboration des politiques environnementales, tandis que la petite corruption permet de contourner les politiques, même les mieux conçues. Rappelons que Transparency International a tiré la sonnette d’alarme sur la question en 2011. Son rapport sur la corruption et le changement climatique souligne que la corruption menace de remettre en question les efforts de la communauté internationale en matière de lutte contre le changement climatique. Pour Transparency International, les efforts pour empêcher et répondre au changement climatique auront un coût énorme. «Quand de très importantes sommes d’argent passent par des marchés et mécanismes financiers nouveaux et non éprouvés, il y a toujours un risque de corruption».

Maroc : l’ICPC compte élargir son approche
L’Instance centrale de la prévention de la corruption a contribué à l’élaboration de la stratégie de lutte contre la corruption qui prévoit des plans d’action sectoriels de lutte contre la corruption. C’est à ce niveau-là que l’ICPC compte agir. D’ailleurs, depuis sa création, l’instance a opté pour des stratégies sectorielles en signant des conventions de partenariat avec plusieurs départements et en élaborant des études. Pour intégrer l’aspect environnemental, elle compte élargir l’approche de détection des risques à l’impact de la corruption sur l’environnement. Plusieurs secteurs ayant un lien avec l’environnement sont ciblés par de futurs partenariats visant l’intégration des plans spécifiques de lutte contre la corruption en vue de réduire les risques de dégradation de l’environnement. Il faut dire que la lutte contre la corruption et l’amélioration de la gouvernance des secteurs et des institutions sont un moyen efficace de prévenir le réchauffement climatique.


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