Éco-Business

L’offre dépasse la demande

Le rapport entre l’offre et la demande est déséquilibré, le nombre des opérateurs ne cesse d’augmenter sans que la demande ne suive. Les opérateurs pointent du doigt la non-publication des décrets d’application de la loi 140.12. Ils ont même demandé l’arrêt temporaire de l’octroi des agréments. 

Dans un article que nous avons publié sur nos colonnes le 22 janvier dernier, les opérateurs du Transport international routier (TIR) s’inquiétaient de la numérisation de la procédure douanière D20. En filigrane des doléances de plusieurs professionnels gît un autre constat qui est tout aussi inquiétant que cette nouvelle mesure, qui les a pris de court. En effet, le secteur souffre d’un déséquilibre entre la demande et l’offre, le rapport entre les deux étant, selon les propos de Driss Bernoussi, président de l’Association marocaine du transport routier international, disproportionné. «L’offre est disproportionnée par rapport à la demande. Le nombre d’opérateurs ne cesse d’augmenter. En même temps, rien n’est fait pour limiter la casse», précise-t-il. Même dans une période de haute saison, surtout pour le segment du transport frigorifique, la durée d’attente des camions à l’arrêt demeure longue. C’est ce que nous révèle un opérateur de la ville d’Agadir sous couvert d’anonymat. «Cette durée peut atteindre dix jours. Pour les petites entreprises, qui constituent la plus grande partie du secteur, cela agit de manière très négative sur les comptes», s’alarme-t-il. Autre statistique alarmante, sur une flotte d’entre 3.000 et 3.500 véhicules, environ 33% réalisent 70% du chiffre d’affaires du secteur du Tir. Plus de 60% des opérateurs ont par conséquent une capacité inexploitée.

Un processus législatif avorté
C’est le législateur que les opérateurs incriminent. Si leur nombre va croissant, sans que la demande ne suive, cela est dû à un processus législatif avorté, disent-ils. En effet, la loi 142.12 qui régit l’accès et le maintien à la profession n’a jamais été corroborée par les décrets d’application, indispensables à son entrée en application. Cette loi, qui a mis en place un cahier des charges, que les nouvelles entreprises du TIR doivent respecter, en plus de trois principes obligatoires, est donc restée sur le papier. «Trois principes régissent l’accès à la profession. Il s’agit de l’honorabilité, la capacité professionnelle (management, gestion et compétence) et la capacité financière (prix et charges). Ces trois principes font que la profession se régule par elle-même. Tant que les décrets ne voient pas le jour, tous ces pré-requis ne seront pas respectés», souligne Driss Bernoussi.  À en croire le président de l’AMTRI, cette situation n’est en aucun cas en faveur des professionnels, surtout que le Maroc n’a jamais imposé des barrières à l’entrée. Résultat ? Un gérant étranger d’une entreprise de transport, sans pour autant être résident, peut lancer sa propre entreprise de TIR au Maroc. Pire, la procédure d’accès au métier ne prévoit pas de tests, à l’opposé de certains pays européens comme la France ou l’Espagne où l’accès à la profession est conditionné par des examens.

Levée de boucliers
Ils ne sont pas restés les bras croisés. L’AMTRI a adressé par le passé une requête à la tutelle, lui proposant l’arrêt de l’octroi des agréments en attendant la publication et la mise en œuvre des décrets cités. Pour l’instant, cette demande est restée sans suite. «Nous avons reçu une réponse négative : le Maroc est un pays libre et il est impossible de ne pas octroyer des agréments. C’est le retour que nous avons eu. Néanmoins, certains pays dits libres ont procédé à l’arrêt des agréments pour protéger le secteur», nous explique Bernoussi. Les opérateurs, surtout les petites entreprises, continuent conséquemment à lutter pour tirer leur épingle du jeu dans l’absence, pour la plupart, de conventions ou de contrats les liant aux clients. En tout cas, si tous ne subissent pas la loi de la saisonnalité, spécificité du segment du frigo qui ne s’épanouit qu’entre octobre et juin, tous sont presque unanimes. La mise en application de la loi 140.12 changera la donne. L’avenir nous en dira plus.


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