L’OCP compte lever 5 MMDH
Le leader des industries du phosphate s’apprêtent à accéder au marché de la dette privée. Le groupe vient en effet de recevoir l’aval de l’AMMC pour lancer un emprunt obligataire subordonné perpétuel d’un montant de 5 MMDH avec options de remboursement anticipé et de différé de paiement de coupon. L’objectif étant de soutenir son programme d’investissement (200 MMDH) qui a démarré en 2008 et qui courra jusqu’en 2030.
L’Autorité marocaine des marchés de capitaux (AMMC) vient de donner son aval à l’OCP pour l’émission d’un emprunt obligataire subordonné perpétuel avec options de remboursement anticipé et de différé de paiement d’intérêt. Le groupe compte émettre au maximum 50.000 obligations subordonnées perpétuelles d’une valeur nominale de 100.000 DH, soit un montant maximal de 5 MMDH. La maturité de l’emprunt n’a pas été déterminée puisque selon la note d’information, les titres constituent des obligations perpétuelles de l’émetteur et n’ont pas de date d’échéance déterminée, mais pourront être remboursés au gré de l’émetteur à partir de la 10e année et à tout moment dans certaines circonstances. La période de souscription s’étend du 2 au 4 mai 2018.
Dans le détail, l’offre est répartie sur cinq tranches. Les tranches A (non cotée) et B (cotée) sont à taux révisable tous les 10 ans, avec une première option de remboursement au 10e anniversaire. Pour les 10 premières années, le taux facial sera entre 4,03% et 4,23%. Pour être cotée à la Bourse de Casablanca, le montant alloué à la tranche B doit être supérieur ou égal à 20 MDH. Si à la clôture de la période de souscription le montant est à ce plafond, les souscriptions relatives à cette tranche seront annulées. La tranche C (non cotée) est assorti à un taux révisable annuellement. Pour la première année, le taux facial sera entre 3% et 3,2%. La tranche D (non cotée), quant à elle, porte sur un taux révisable 15 ans pour la première fois précédant la première date d’option de remboursement. Le taux sera révisable tous les 10 ans au-delà de cette période. Pour la première période de 15 ans, le taux facial évoluera entre 4,72% et 4,92%. Concernant, le taux de la dernière tranche E (non cotée), celui-ci sera révisable chaque 20 ans. Pour les 20 premières années, le taux facial sera entre 5,08% et 5,28%.
Pour le groupe, l’accès à la dette privée entre dans le cadre de son programme de développement. Cet emprunt vient en effet accompagner le plan d’investissement d’envergure portant sur un montant d’environ 200 MMDH sur la période 2008-2030 (dont environ 80 MMDH ont déjà été engagés entre 2008 et 2017). Un programme qui est financé partiellement par des fonds propres et de l’endettement. La décision de recourir à un emprunt obligataire s’explique aussi selon le groupe par le fait de satisfaire une partie de ses besoins en financement. Ce recours s’inscrit dans une stratégie visant à optimiser l’accès au marché des capitaux et diversifier les sources de financement. Le recours à ce type d’emprunt permettra ainsi à l’émetteur de consolider sa structure financière notamment en lui conférant un traitement en capitaux propres par les agences de notation sous réserve du respect des conditions requises par celles-ci. Aussi et afin de maintenir la présente obligation dans la partie permanente de sa structure de capital, l’OCP a l’intention de financer tout remboursement de la présente obligation, à la date de remboursement des obligations ou dans un intervalle de 6 mois préalable à ladite date de remboursement par une émission de titres de capital ou de titres de rang «pari-passu» dont les termes confèrent un traitement au moins équivalent au niveau de contenu en capitaux propres des titres rachetés. Il faut dire que l’industriel s’est préparé méthodiquement durant ces dernières années à l’arrivée des nouvelles capacités d’engrais et à la mutation de son portefeuille clients et produits.
Sur la période 2018-2030, l’enveloppe d’investissement de 120 MMDH est répartie entre environ 40 MMDH pour l’axe nord (constitué du site minier de Khouribga et du site chimique de Jorf Lasfar et du pipeline les reliant) et environ 80 MMDH pour l’axe centre (constitué du site minier de Gantour, du site chimique de Safi, du site minier de Boucrâa et des investissements liés au complexe chimique de Boucraa et de ses infrastructures portuaires). Ainsi, sur la base des estimations actuelles du groupe, la capacité de production annuelle de roche passerait de 44 millions de tonnes (Mt) en 2018, à 60 Mt en 2028. De même la capacité de production d’acide phosphorique devrait évoluer de 6,7 Mt P2O5 en 2018 à 9 Mt P2O5 en 2022 puis à 12 Mt P2O5 en 2028. Enfin, la capacité de production d’engrais devrait progresser de 12 Mt en 2018 à 17 Mt en 2022 puis à 23 Mt en 2028. Ces augmentations de capacité devraient ainsi permettre au groupe de renforcer sa position de leader dans l’industrie des phosphates.