L’économie nationale brave la crise
Les fondamentaux de l’économie sont bons et la conjoncture économique nationale a connu une évolution positive, selon la dernière note du ministère des Finances. La demande intérieure et le pouvoir d’achat des ménages, le comportement positif des crédits et des transferts des MRE sont autant de facteurs de confiance.
Contrairement au sentiment d’atonie ambiant, l’économie nationale affiche une bonne santé. En attestent les chiffres de la dernière note de conjoncture du mois d’août publiée par la direction des études et des prévisions financières relevant du ministère des Finances. La production céréalière 2017-2018, véritable baromètre économique au Maroc, a enregistré un record de 103 millions de quintaux même avec un rendement moyen de 22,9 quintaux par hectare. La confiance des ménage s’est appréciée de 11,6% et les crédit à l’équipement ont cru de près de 10%. Quant au déficit budgétaire, il s’est allégé, selon la note, de 1,2 MMDH en août, par rapport à son niveau d’il y a un mois. Ceci, grâce à la relative amélioration des recettes fiscales, conjuguée à un redressement significatif du solde des Comptes spéciaux du trésor (CST). Le taux de couverture des importations par les exportations s’est amélioré de 0,7 point à 57,5% et les réserves en devises couvrent 5 mois et 10 jours d’importations de biens et de services. Les crédits bancaires, souvent critiqués pour la frilosité des opérateurs de la place, ont progressé de près de 10% à l’équipement, 5,6% à la consommation et 3,3% à l’immobilier. Ces chiffres, présentés de manière schématique, ne peuvent que donner de la confiance aux ménages et aux investisseurs. Les fondamentaux de l’économie sont bons malgré les insuffisances qui ralentissent la croissance comme l’éducation, les services de bases ou encore la répartition spatiale de la richesse. Des sujets qui accaparent la réflexion lancée autour du modèle de développement du pays.
Le phosphate en pôle position
Comme attendu, les activités extractives et à leur tête la production phosphatière a gardé son trend haussier. Le volume des ventes à l’é́tranger du phosphate roche, qui constitue une composante clé de ce secteur, a progressé de 9,7% à̀ fin juin 2018, après une augmentation de 8,7% à fin mars 2018. En parallèle, la production de phosphate brut s’est améliorée de 6,4% au terme des cinq premiers mois de l’année 2018, après une hausse de 26,1% durant la même période de l’année précédente. Au terme des sept premiers mois de 2018, le chiffre d’affaires à l’export du groupe OCP s’est inscrit en hausse de 15,1% après 8,3% un an auparavant.
Hausse de la production électrique
L’autre indicateur infaillible de l’activité économique est l’énergie électrique. Alors que la production électrique a augmenté de 6% à fin juin, la consommation a connu une légère baisse de 1,1% durant la même période. Mais l’on remarque, par contre, une hausse de la production privée de 3% et de celle des projets développés dans le cadre de la loi 13-09 de 48,8%. Ce qui est un bon indicateur de l’ouverture du réseau à l’initiative privée. Concernant les échanges avec le reste du monde, le volume des importations de l’énergie électrique s’est replié de 27,2%, à fin juin 2018, après +12,8% un an auparavant, dans un contexte de quasi- stagnation de l’énergie nette appelée (+ 0,1% après +4,9%).
Le crédit immobilier ne décroche pas
Certes, l’immobilier n’est pas un baromètre moins fiable, mais il semble relayé au second plan par rapport à d’autres secteurs qui boostent la croissance comme l’automobile. La note de conjoncture indique à ce sujet qu’en dépit du repli des ventes de ciment au terme des cinq premiers mois de l’année 2018 (-4,8% après un recul de 5,8% un an auparavant), l’encours des crédits alloués au secteur immobilier maintient une évolution favorable avec une croissance de 3,3% à fin juin 2018. Cette évolution résulte d’une hausse des crédits alloués à l’habitat de 3,3% et de la confirmation de la bonne tenue de ceux accordés à la promotion immobilière (+2,8% après +2,3 à fin juin 2017).
Maintien du pouvoir d’achat des ménages
La demande intérieure est marquée par le maintien du pouvoir d’achat des ménages. Cela s’explique par les effets combinés de la bonne campagne agricole, de la hausse de 5,3% des transferts des MRE et de celle des crédits à la consommation. S’y ajoute la bonne performance du marché de l’emploi qui a enregistré la création de 141.000 emplois rémunérés au titre du deuxième trimestre de l’année. Quid de l’investissement ? La note de conjoncture indique qu’il devrait se maintenir grâce notamment au bon comportement des crédits à l’équipement (+9,9% à fin juin 2018), la progression des importations des biens finis d’équipement (+12,1% à fin juillet 2018) et de l’augmentation des dépenses d’investissement du Budget de l’État (+5,8% à fin juin 2018). La direction des Etudes a jugé aussi opportun de mettre en contexte le fait que la Commission interministérielle des investissements ait approuvé, début 2018, 48 projets d’investissement d’une enveloppe globale de 32,3 milliards de dirhams, permettant de générer plus de 6.190 emplois directs et 13.952 emplois indirects. Dans le même contexte, l’on remarque une relative maîtrise des prix à la consommation. Durant le mois de juillet, l’on a constaté que l’indice des prix à la consommation (IPC) a connu une baisse de 0,9% en glissement mensuel. Celà s’explique par la baisse conjointe de l’IPC alimentaire de 2,2% et de celui non alimentaire de 0,1%. Plus en détail , la baisse des prix des produits alimentaires a concerné, principalement, les poissons et fruits de mer (-9,5%), les fruits (-6,3%), les légumes (-5,6%), les viandes (-1,4%) et le lait, fromage et œufs (-0,7%). Quant à l’IPC non alimentaire, la baisse aura concerné principalement et contre toute attente, les carburants (-0,2%).
L’activité touristique tire son épingle du jeu
Pour ce qui est du tourisme et malgré un léger ralentissement de l’activité durant le mois de mai, dont la deuxième moitié a coïncidé avec le mois de ramadan, les indicateurs touristiques, particulièrement ceux afférents au marché extérieur, maintiennent leur évolution favorable au terme des cinq premiers mois de l’année 2018. Ainsi, le nombre des arrivées aura atteint 4,1 millions au terme des cinq premiers mois de 2018. C’est essentiellement du à la progression des arrivées des touristes étrangers de 15,1% (après +12,3%), mais impacté par le léger repli des arrivées des MRE de 0,9%. Quant aux recettes touristiques, elles ont progressé de 9,3% à fin juillet 2018, totalisant 38,3 milliards de dirhams, en consolidation d’une hausse de 6,3% à la même période de l’année précédente.
Les télécoms tirés par IAM
Le secteur des télécoms n’est pas en reste. La note explique que suite à une évolution positive de sa valeur ajoutée au premier trimestre 2018 (+2,5%), le secteur des postes et télécommunications aurait affiché des résultats favorables au terme du premier semestre 2018. Et ce, en phase avec la bonne performance affichée par le groupe Maroc Telecom (IAM) en sa qualité d’opérateur clé. Justement, le parc de la téléphonie mobile du groupe a progressé, est-il indiqué, de 2,8% à 18,9 millions d’abonnés, celui du fixe de 6,5% et celui de l’Internet haut débit de 10,2%. Suite à cette évolution, le chiffre d’affaires du groupe, généré au niveau national, s’est affermi de 4,8% à 10,6 milliards de dirhams. Compte tenu du bon comportement du groupe à l’international, le parc global du groupe compte dans son actif, à fin juin 2018, plus de 60 millions de clients (en hausse de 9,7%), portant son chiffre d’affaires consolidé à 17,9 milliards de dirhams, en amélioration de 5% sur une année.
Recettes IS en baisse et IR en hausse
Concernant les finances publiques, on note une hausse du déficit budgétaire, en glissement annuel, de 8 milliards de dirhams pour s’établir à 20,2 milliards de dirhams. Cette évolution a résulté, essentiellement, de l’effet conjoint du repli des recettes ordinaires de 1,3% à 113,4 milliards de dirhams, et de la hausse des dépenses ordinaires de 3,6%. L’on remarque aussi un repli des recettes de l’IS de 11,6% pour se situer à 25,5 milliards de dirhams contre une hausse de celles de l’IR de 5% pour atteindre 21,6 milliards de dirhams. S’agissant des dépenses ordinaires, et en droite ligne des prévisions de la loi de finances, elles ont été exécutées à hauteur de 50,5% à fin juin 2018, pour se situer à 109 milliards de dirhams, enregistrant une hausse de 3,6% par rapport à fin juin 2017. Cette évolution s’explique essentiellement par la hausse des dépenses de biens et services, alors que les charges en intérêts de la dette et celles de compensation ont stagné.
La bourse continue sur son trend baissier
Sans surprise, au cours du mois de juillet 2018, les indicateurs de la Bourse de Casablanca ont confirmé leur tendance baissière entamée au cours du mois d’avril. Les indices MASI et MADEX se sont repliés par rapport à fin juin 2018 de 1,1% et 0,6% respectivement, Le volume global des transactions réalisé au titre du mois de juillet 2018 a atteint 2 milliards de dirhams, en baisse de 69,3% par rapport au mois de juin 2018. Parmi les 24 secteurs représentés à la cote de la Bourse de Casablanca, 17 ont enregistré des performances négatives par rapport à fin juin 2018, particulièrement, les indices des secteurs des mines (-19%), des services aux collectivités (-12%) et des loisirs et hôtels (-7,8%). La baisse a concerné également les indices des secteurs du BTP (-2,4%) et des banques (-0,9%). Les performances positives du mois ont concerné, notamment, les indices des secteurs de sylviculture et papier (+7,9%), des services de transport (+4,9%) et des télécommunications (+2,7%).