L’athlétisme en bonne santé financière
La Fédération royale marocaine d’athlétisme (FRMA) a tenu son assemblée générale le 30 janvier à Rabat. Zoom sur les performances sportives et financières de l’athlétisme marocain.
Et si on oubliait pour un moment, le foot, sa gestion et ses dépenses faramineuses. Intéressons-nous à la vie d’une fédération qui ne fait pas de vagues mais continue sa course de fonds pour (re)construire sa structure et redorer le blason de l’athlétisme marocain. Les recettes de la FRMA se sont hissées à 115 MDH, tandis que les dépenses durant la saison précédente se sont établies à 90 MDH. Nous sommes bien loin des chiffres du foot où les dépenses du ballon sont de 611 MDH et les recettes de 554 MDH.
«Bilan positif»
Ce fut une après-midi paisible pour le comité directeur de la FRMA. L’interdiction faite à Khalid Sekkah d’accéder à l’AG a été le seul faux raccord de cette réunion annuelle. Le rapport moral et financier a été voté à l’unanimité et les débats ont durée 1 heure et demie en présence de Fayçal Laraichi, président du Comité national olympique marocain (CNOM). Le consensus des clubs de l’athlétisme autour d’Abdelssalam Ahizoune, président de la FRMA, qui a défendu son «bilan positif» était au rendez-vous. «Nous avons réussi à élargir la base des pratiquants de l’athlétisme», se réjouit le rapport. L’année sportive 2016-2017 a connu l’émergence de 18 nouvelles associations qui s’ajoutent aux 260 existantes. Les activités organisées sous l’égide de la FRMA sont passées de 159 à 172 en une année. Le nombre d’athlètes participants à ces compétitions a fortement évolué ; en une année la progression était de 53%, passant de 45.400 à 69.600 participants. Cet intérêt affiché pour les compétitions nationales s’explique par le soutien financier apporté aux clubs et ligues (13 MDH) et aux athlètes (28 MDH), soit 46% des dépenses de la FRMA. 90 clubs bénéficient de ce soutien financier. La formation des athlètes est d’ailleurs un des axes principaux de travail de l’actuelle équipe dirigeante de la fédération. «7 athlètes ont réussi à battre des records nationaux et 40 autres ont atteint les minima internationaux leur permettant de prendre part aux meetings», détaille ledit rapport. Actuellement, 131 athlètes sont pris en charge au sein des centres de formations régionaux et 46 autres font partie des athlètes d’élite au sein de l’Académie Mohammed VI d’athlétisme d’Ifrane et bénéficient d’un encadrement de 8 coachs. «Nous sommes la seule fédération au monde à offrir autant de soutien aux clubs et aux athlètes», insiste Ahizoune. Ces efforts commencent à donner leurs fruits, selon la FRMA. «Les équipes nationales marocaines ont remporté 84 médailles dans différentes compétitions régionales et internationales», rappelle M’Hammed Rhazlane, secrétaire général de la FRMA. Aux championnats du monde de cross-country, organisés en Ouganda en mars dernier, l’équipe marocaine junior hommes a terminé à la 5e place mondiale. Aux Jeux de la francophonie en Côte d’Ivoire, l’équipe d’athlétisme a raflé 27 médailles dont 10 médailles d’or. La médaille d’argent de Soufiane El Bakkali aux Championnats du monde d’athlétisme a permis de sauver les honneurs de l’athlétisme marocain lors de cette compétition. Même si les résultats au niveau international paraissent décevants, Ahizoune défend sa stratégie basée sur la formation et le sport propre. «Nous préférons une médaille propre à des victoires entachés d’irrégularités et de cas de triches», défend le président de la FRMA. Sur le plan financier, l’arrivée de grands sponsors (OCP, ONCF, Crédit Agricole, IAM, Sidi Ali, RAM et AWB) ainsi que le soutien continu du ministère de la Jeunesse et des sports renflouent la trésorerie de la FRMA. Les ressources financières sont passées de 112 MDH lors de la saison 2014-15 à 115 MDH la saison précédente. «Les contrats de sponsoring représente 20% de nos recettes, le reste de notre budget est financé par le MJS dans le cadre de contrats-programmes», explique Mohamed Achbal, trésorier de la FRMA. Pour la saison actuelle (2017-18), les recettes prévisionnelles sont de 117 MDH et les dépenses se situeront à 91 MDH. Ahizoune se félicite surtout de la mise en place de processus financiers. «Il y a quelques années, les paiements se faisaient en espèces, il n’y avait même pas de chéquier, aujourd’hui, tout a été modernisé». Les représentants des ligues régionales et les clubs et associations présents ont soulevé des questions relatives à la réorganisation des ligues selon le nouveau découpage régional de 16 à 12 régions ainsi que la mise à disposition de pistes d’entraînement par les collectivités territoriales au profit des clubs affiliés à la FRMA. «Le jour où vous souhaiteriez rencontrer des élus ou des représentants des autorités locales, appelez-moi et je vous accompagnerai. Je serai votre soutien», promet Ahizoune. Un engagement suivi par les applaudissements de la salle.
Dopage, la lutte continue…
«Il fut un temps où les athlètes marocains fuyaient les tests de contrôle. À cette période, nous avions atteint des niveaux dangereux. Désormais, cette page est tournée. Nous défendons des valeurs et l’éthique», martèle Ahizoune. La FRMA a réalisé 346 tests, dont 191 hors compétitions. 205 tests ont été réalisés auprès de catégories «senior» et 115 dans la catégorie «junior». Cette mobilisation a fini par payer. Le Maroc a été retiré de la liste noire de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) en novembre dernier. À la même période, l’instance internationale confirmait la suspension de quatre athlètes marocains : Abdallah Taghrafet, Amine El Manaoui, Abdelmajid El Hissouf et Abdallah Falil. Nouveau coup dur et signal que la lutte anti-dopage ne fait que commencer…