Irrigation de la zone de Saiss : les projets avancent à grands pas
Très attendu par les agriculteurs de la région de Fès-Meknès, les projets d’alimentation de la plaine de Saïss, via le barrage de M’dez, seront achevés vers la fin de l’année 2023. En plus de la satisfaction des besoins de la population en eau potable, ces projets seront bénéfiques à plus de 4.800 agriculteurs via l’amélioration du rendement de leurs terres agricoles.
Après sept ans de chantier et trois ans de retard sur la date de mise en service prévue initialement, les projets d’alimentation de la plaine de Saïss sont finalement annoncés pour 2023. Très attendus par les agriculteurs de la province de Sefrou, les travaux de construction du barrage de M’dez seront achevés vers la fin de l’année 2023, sachant qu’il faut au moins 12 mois pour son remplissage. Nécessitant une enveloppe qui s’élève à 1,5 MMDH, ce grand barrage permettra l’irrigation de la zone de Saiss avec près de 125 millions de m3 chaque année et de satisfaire le besoin de la population en eau potable. Il sera bénéfique à plus de 4.800 agriculteurs via l’amélioration du rendement de leurs terres agricoles.
Au terme de ce chantier lancé en 2015, la région de Fès-Meknès sera dotée d’une capacité additionnelle de 700 Mm3. Situé sur l’Oued Sebou, à 58 km au sud-est de la ville de Sefrou, le barrage M’dez constituera une infrastructure hydrique de grande envergure, qui permettra de capter, dans le cadre de la sauvegarde de la plaine de Saïss, les ressources hydriques des zones excédentaires pour faire bénéficier d’autres zones à potentiel de développement ou qui connaissent un déficit pluviométrique. Cela dit, il faut rappeler que la province de Sefrou dispose d’un emplacement géographique favorable puisqu’elle profite du cours d’eau d’Oued Sebou, du barrage Allal El Fassi et des sources d’Ain Regurague, Louata et Timdrine. En parallèle avec les travaux de construction du barrage, le programme d’aménagement hydro-agricole de sauvegarde de la plaine de Saïss a lancé un projet d’un coût global de 5,8 MDH. Il consiste en la prise d’eau sur le barrage Mdez et vise à garantir la pérennité de la production agricole de 22 communes rurales.
En effet, le projet repose sur un mode d’approvisionnement gravitaire sur 20.000 ha et de pompage sur 10.000 ha. Il a pour but la résorption du déficit de la nappe de Saiss (actuellement estimé à -100 Mm3/an), ainsi que la sauvegarde de l’agriculture irriguée au niveau de la plaine, tout en garantissant la pérennité de la production agricole et en augmentant la valorisation de l’eau et l’intensification de la mise en valeur agricole. Le projet vise, en outre, l’amélioration des revenus des agriculteurs de 30.000 à 50.000 DH/ha et enfin le désenclavement de la population rurale. À fin 2019, ce projet a été marqué par le début des travaux au niveau de l’adducteur principal (60 km de long dont 3 tunnels hydrauliques de 4 km, ainsi qu’une panoplie d’ouvrages de régulation et de protection). Les travaux du réseau de distribution ont été lancés en 2020. Une campagne de souscription auprès des potentiels usagers agricoles est actuellement en cours de réalisation. En parallèle aux travaux de construction du barrage de M’dez, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) a mobilisé une enveloppe de 121 MDH pour des projets d’amélioration de l’accès à l’eau potable. Ils seront réalisés à la province de Sefrou, dans les centres de Ribat Al Khayr, Lmanzel, Imouzzer Kandar et Aghbalou Akourar, ainsi que dans les communes de Lbhalil, Al-Araj, Ighzaran, Kandar Sidi Khiar, Aïn Chegag et Ahl Sidi Lahcen. Parmi ces projets, trois sont en cours de réalisation à Ribat Al Khayr.
Appui financier de la BERD
Pour accélérer la construction d’éléments clés du réseau d’acheminement d’eau entre le barrage M’dez et la plaine de Saïss, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a accordé un prêt souverain de 150 millions d’euros pour le financement des projets de conservation et de gestion durable des eaux des plaines de Saïss (phase II) et du Garet dans la région de l’Oriental. Rappelons qu’en 2017, la banque avait accordé pour ce projet un premier prêt souverain de 120 millions d’euros et mobilisé 30 millions d’euros, auprès du Fonds vert pour le climat, pour la construction d’un adducteur primaire de 135 kilomètres reliant le barrage M’dez et la plaine de Saïss (une section de 45 km de la conduite à l’extérieur de la plaine et une conduite principale de distribution de 90 km dans la plaine). Le prêt de la BERD permettra également la rénovation et la modernisation du réseau de distribution d’eau du Garet dans la région de l’Oriental et sa conversion complète au goutte-à-goutte. Notons que dans le Garet, la rénovation et la modernisation du réseau assurant le transfert d’eaux de surface du barrage Mohammed V permettront de construire un système plus durable et efficient d’arrosage goutte-à-goutte et donc d’importantes économies d’eau.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO