Éco-Business

Industrie automobile : le Maroc rayonne

Le Maroc confirme son positionnement en tant qu’acteur majeur sur l’échiquier mondial de l’automobile. Premier producteur automobile en Afrique, le royaume passe à la vitesse supérieure, à travers des projets structurants en perspective, mobilité électrique, décarbonation, intégration en profondeur…

Ce qui fait la force du secteur automobile marocain, c’est le développement de différents écosystèmes performants gravitant autour de cette activité, et dont le nombre s’élève, désormais, à dix. Ils visent notamment à accompagner l’intégration de commodités, de nouveaux métiers et de savoir-faire autour des métiers de l’automobile. C’est ainsi que le PAI a permis au secteur de réaliser un taux d’intégration de plus de 60%, de monter en gamme, en compétence et en maturité technologique, et d’accélérer le développement d’une ingénierie locale tournée vers l’international. Hakim Abdelmoumen, président de l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce automobile (AMICA) a déclaré, dans ce sens, que «le PAI a représenté, pour le secteur automobile marocain, un tournant, à plusieurs titres.

Il a permis de restructurer et réorganiser la filière automobile marocaine en écosystème homogène, dit «commodités automobiles», en corrélation avec la vision du donneur d’ordre final qui est le constructeur automobile». Il y a lieu aussi de rappeler que le partenariat public-privé (PPP) a joué un rôle essentiel dans le développement de ces écosystèmes automobiles. Les besoins des chaînons de valeur ont donc été identifiés par des PPP, dans l’objectif d’augmenter le taux d’intégration locale et la valeur ajoutée du secteur. Abdelmoumen a ainsi affirmé qu’«ensemble, nous avons transformé ces besoins en opportunités d’investissement.

Les objectifs que nous nous sommes assignés pour 2020, en termes d’exportation, d’investissement et de créations d’emplois, ont été réalisés de manière anticipée dès 2018». Et d’ajouter qu’«après le confinement, tous les emplois ont été maintenus, et le secteur a pu redémarrer avec une croissance de plus de 30% au dernier trimestre de l’année dernière». Le secteur automobile marocain s’est bâti des bases solides qui ont permis à deux constructeurs, Renault et Stellantis, de trouver place dans l’écosystème automobile marocain, et d’en devenir les locomotives.

De nouveaux objectifs pour Renault
La marque au losange, avec les deux usines de Tanger et Casablanca (SOMACA), dispose d’une capacité de production de 500.000 véhicules par an. Deuxième plus grande entreprise du royaume en terme de chiffre d’affaire, Renault, qui compte plus de 11.000 collaborateurs, veut développer davantage sa présence au Maroc. «Nous avons signé des accords ambitieux qui donnent une nouvelle impulsion à notre partenariat. D’ici 2025, nous visons 2,5 MM d’euros de chiffre d’affaire en sourcing local et, à terme, 3 MM d’euros et 80% de taux d’intégration», annonce Luca De Meo, le CEO du Groupe Renault.

De son coté, Marc Nassif, directeur général de Renault Maroc, explique que «c’est un plan qui va être porteur de valeurs, auquel le groupe au Maroc va pouvoir contribuer de manière extrêmement forte, et l’alignement des nouveaux objectifs communs va permettre de le booster, au service de l’activité du développement, des technologies et des compétences». Justement, le groupe se prépare à industrialiser, à partir de ses deux sites marocains, de nouveaux véhicules pour les marques Renault et Dacia, qui devront inclure, progressivement, les nouvelles technologies et l’électrification.

«Le Maroc a fait le choix stratégique de développer ses énergies renouvelables et de réduire son empreinte carbone. Ce projet de décarbonation permettra aux industries de gagner en compétitivité. Ce sera un élément structurant dans les années à venir, et c’est totalement en phase avec notre vision», explique, dans ce sens, Luca De Meo. Renault Maroc a atteint un chiffre d’affaire sourcé de 1,3 MM d’euros avant la pandémie, et dépassé les 400.000 véhicules produits globalement entre ses deux usines.

L’écosystème Stellantis,  complet et unique
Ambitieux, le constructeur automobile Stellantis (groupe PSA) a également démontré son engagement pour le secteur, avec son usine de Kénitra qui dispose d’une capacité de 200.000 véhicules par an. «Nous avons fait un très beau chemin, que nous continuons, d’ailleurs, aujourd’hui à parcourir. Un chemin de collaboration, un chemin de développement du tissu automobile au Maroc, avec notre site de Kénitra, mais surtout l’ensemble des fournisseurs qui nous accompagnent pour produire la magnifique Peugeot 208 dans cette usine», déclare Carlos Tavares, CEO de Stellantis.

Le patron du groupe a aussi exprimé sa satisfaction quant au partenariat qui lie le Maroc au groupe PSA, mettant l’accent sur l’importance de la compétitivité pour l’industrie automobile. «Nous sommes en mouvement, nous sommes en train d’avancer vers l’avenir», a-t-il ajouté. Ses propos ont été confortés par la déclaration de Samir Cherfan, Chief Operating Officer Middle East & Africa region de Stellantis, qui a assuré, de son coté, que «c’est ce que nous sommes en train de faire, étape par étape. Cela passe par la mise en place de matières, d’équipement de rang 2 ainsi que l’augmentation de la profondeur d’intégration, et les atouts que nous trouvons au Maroc nous permettent d’atteindre ce niveau de performance (…).

C’est ce que les équipementiers trouvent au Maroc, et font qu’ils s’y développent davantage». Qualifiant l’écosystème Stellantis de «complet et unique», Cherfan a rappelé que le groupe qui compte 66 fournisseurs, dont 29 en greenfield, a atteint 62% d’intégration locale, dépassant ainsi son engagement de départ, fixé à 60%. Il a ajouté que l’engagement d’achats sourcé au Maroc, fixé à 600 millions d’euros avant 2020, a purement et simplement doublé.

Des projets structurants dans le pipe
Ont participé, également, à ce rendez-vous spécial sur l’industrie automobile, outre les représentants des deux principaux constructeurs présents sur le marché national, les opérateurs marocains intervenant dans l’écosystème. Ces derniers ont partagé leurs visions concernant le secteur, et surtout leurs projets futurs. Dans ce cadre, le directeur général de Dicastal Maroc, Badr Lahmoudi, a annoncé, que «je me permets de vous annoncer une bonne nouvelle, qui est en phase de validation finale.

Comme vous le savez, Dicastal ne fait pas que des jantes en aluminium, même si nous sommes un leader mondial des jantes en aluminium, mais nous fabriquons aussi des pièces pour châssis et moteurs. Donc, il s’agit de fonderie, plus de l’usinage, avec une technologie très poussée». Et de préciser que son groupe «vient de valider le projet, avec des commandes déjà reçues de plusieurs de nos clients premiums, pour commencer à livrer, à partir du Maroc, et ce dès la fin 2022.

C’est une bonne nouvelle pour le secteur de l’automobile au Maroc, car ce projet va participer à l’augmentation de son taux d’intégration». Jouissant de la confiance des plus grands leaders automobiles, le royaume peut, aujourd’hui, prétendre à devenir le hub le plus compétitif au monde. «Il faut absolument persévérer dans la voie de l’amélioration de la compétitivité, et ne jamais s’arrêter. Ce n’est pas parce que nous sommes aujourd’hui classés 3e en terme de compétitivité, qu’il faut ralentir. Il faut, au contraire, accélérer, et essayer de rattraper les deux qui sont devant nous», a insisté le ministre.

Et d’ajouter que l’ère de la mobilité verte et la mobilité électrique est déjà arrivée, imposant au secteur d’apporter une réponse à ce besoin écologique. «Nous y sommes, par Stellantis avec l’Ami et par Renault avec les projets en cours, donc, nous sommes dedans, mais ce n’est pas suffisant. Je pense que le véhicule sera à la fois électrique et connecté. Il y a le spatial civil qui, aujourd’hui, entre en jeu», a-t-il fait remarquer, soulignant que le Maroc a un rôle à jouer sur ce plan: «nous avons besoin d’intégrer le monde de la recherche et développement, et détenir une position forte dans le spatial civil, pour les véhicules connectés». 

Hakim Abdelmoumen
Président de l’AMICA

Le PAI a permis de restructurer et réorganiser la filière automobile marocaine en écosystème homogène, dit «commodités automobiles», en corrélation avec la vision du donneur d’ordre final qui est le constructeur automobile.

Luca De Meo
DG du Groupe Renault

Le Maroc est un partenaire historique de Renault Group. C’est un pays à haut potentiel qui est, aujourd’hui, dans le top cinq de nos pays industriels. Le Royaume joue un rôle important en tant qu’un des piliers de notre plan stratégique «Renaulution».

Carlos Tavares
PDG de Stellantis

Nous avons parcouru un très beau chemin, que nous poursuivons, d’ailleurs, aujourd’hui. Un chemin de collaboration, un chemin de développement du tissu automobile au Maroc, avec notre site de Kénitra, mais surtout l’ensemble des fournisseurs qui nous accompagnent pour produire la magnifique Peugeot 208 dans cette usine.

Samir Cherfan
Directeur de la région Moyen Orient Afrique de Stellantis

Les engagements de Stellantis, pris devant Sa Majesté Le Roi, ont été réalisés avant la date prévue. Le groupe, qui compte 66 fournisseurs, dont 29 en greenfield, a atteint 62% de taux d’intégration locale, dépassant ainsi son engagement de départ fixé à 60%.

Formation Africa Technical Center dépasse ses objectifs

Le centre de formation de Stellantis, Africa Technical Center, a dépassé son objectif de formation en ingénierie, passant de 1.500 à environ 3.000 ingénieurs et techniciens, 1.000 représentant l’effectif Stellantis, et les 2.000 autres travaillant auprès de nos partenaires. Le groupe a pour objectif de faire de son centre un véhicule complet sur plateforme existante, ce qui est le niveau de complexité maximum demandé à une ingénierie internationale.

Intégration locale et énergie : les priorités du ministère

Le ministère a travaillé main dans la main avec les constructeurs sur deux axes, à savoir l’intégration locale en profondeur et l’énergie. Concernant le premier axe, le ministère a décortiqué, en profondeur, la chaine des valeurs automobile, et identifié les chainons manquants, comme le pare-brise automobile et l’intérieur véhicule regroupant plusieurs pièces en plastique, à base de polypropylène. Quant au second axe, il porte sur la réduction du coût énergétique, notamment des matières premières réputées être très énergivores. Un objectif qui a nécessité un travail en étroite collaboration avec les constructeurs et les partenaires publics sur des écosystèmes verts, et dont l’aboutissement a été le développement d’une offre d’énergie renouvelable très compétitive, pouvant aller jusqu’à – 30% par rapport à l’énergie conventionnelle. La réduction de l’empreinte carbone s’inscrit dans le cadre du processus de décarbonation que le Plan de relance industrielle a déjà entamé, et qui représente l’un des enjeux majeurs du secteur. Outre le respect de l’environnement, la décarbonation permettra surtout aux exportateurs marocains de maintenir leur accès aux marchés européens qui se préparent à instaurer une taxe carbone dans les prochains mois.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO


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