Inclusion financière : BAM met les bouchés doubles
Comment faire du paiement mobile un vecteur central de l’inclusion financière ? Comment booster son développement, ou encore donner un coup d’accélérateur à l’adhésion des commerçants et des agents de proximité ? Dans un contexte de crise sanitaire où la demande du cash enregistre une hausse exceptionnelle, Bank Al-Maghrib met les bouchées doubles pour dynamiser la mise en œuvre de la Stratégie nationale d’inclusion financière.
La crise de la Covid-19 constitue-t-elle une opportunité pour accélérer l’inclusion financière au Maroc ? Les paiements numériques et l’inclusion financière n’ont jamais été aussi nécessaires qu’aujourd’hui. Paradoxalement, la demande de cash a connu une hausse exceptionnelle. Selon le rapport de Bank Al Maghrib (BAM), présenté devant le souverain samedi dernier, la circulation fiduciaire a enregistré une progression de 20,1% à 319 MMDH en valeur, soit près de 30% du PIB, en 2020. En volume, le nombre de billets a affiché une hausse de 17% à 2,1 MMDH et celui des pièces métalliques s’est accru de 2% à 2,9 milliards d’unités.
Dans le détails, la circulation des billets est restée dominée par les coupures de 200 dirhams, qui représentent 54% de l’ensemble et les pièces de monnaie, par celle de un dirham, avec une part de 30%. C’est dans ce contexte que Bank Al-Maghrib a mis les bouchées doubles pour dynamiser la mise en œuvre de la Stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF). Au niveau national, le déclenchement de la crise de la Covid-19 a amené BAM à engager une réflexion, avec les acteurs de l’écosystème, sur les leviers à activer rapidement pour dynamiser la mise en œuvre de la SNIF, notamment à travers la poursuite du chantier de développement du paiement mobile, en vue d’en faire un vecteur central de l’inclusion financière. Laquelle passe principalement par l’adhésion des commerçants et des agents de proximité, le déploiement de la communication institutionnelle et le renforcement de l’éducation financière des populations concernées.
L’initiative «Tadamon»
Dans ce sillage, la banque centrale a pris plusieurs initiatives en vue de faciliter l’accès à l’aide aux bénéficiaires de l’opération «Tadamon», consistant en l’édiction du cadre réglementaire régissant l’ouverture de comptes à distance. Il s’agit d’assurer l’équivalence avec la présence physique de la clientèle et la vérification de leurs documents d’identification tout en simplifiant les démarches pour les comptes dont les soldes sont plafonnés à 5.000 dirhams.
Par ailleurs, poursuivant les efforts particuliers en faveur de la population rurale, Bank Al-Maghrib a mis en place un plan d’action spécifique en collaboration avec le Ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts. Ses principaux axes ont porté sur le renforcement de la couverture géographique des zones rurales par des points d’accès accessibles à moindre coût, et l’accompagnement de la population concernée à travers l’accès à l’expertise technique et au renforcement des capacités.
Parallèlement, l’année 2020 a été marquée par le lancement, en collaboration avec le Fonds Sanad, d’un projet portant sur l’éducation digitale pour la promotion de l’inclusion financière. La première phase a porté sur la conduite d’entretiens bilatéraux avec les parties prenantes, l’analyse des données sur l’inclusion financière et le passage en revue des pratiques internationales.
Renforcement du dispositif de pilotage et évaluation de la SNIF
Dans le même sillage, Bank Al-Maghreb a renforcé le dispositif dédié au pilotage et à l’évaluation de la mise en œuvre de la Stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF), à travers, notamment, la mise en place d’outils de monitoring trimestriel et l’accompagnement des parties prenantes pour le déploiement de la feuille de route. Parallèlement, d’autres travaux ont été engagés pour améliorer le suivi et l’évaluation des indicateurs d’accès, d’usage et de qualité, en ligne avec les standards internationaux. Ces indicateurs ont connu une évolution importante, traduisant les avancées significatives réalisées en matière de couverture géographique, et d’utilisation des services financiers formels. Toujours dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie nationale, le ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration (MEFRA) et Bank Al Maghrib ont poursuivi leurs efforts, en coordination avec les parties prenantes de l’écosystème. Ils ont ainsi élaboré, en 2020, le premier rapport de cette stratégie, au titre de l’exercice précédent. Ce rapport rappelle les conclusions des travaux de diagnostic et le bien-fondé de ladite stratégie d’une part, et met en lumière les réalisations majeures, dans le cadre de la phase de formulation, d’autre part. Il dresse également un bilan des principaux chantiers de la feuille de route, et servira de référence pour les prochaines éditions du rapport.
584 millions de billets neufs et 93 millions de pièces neuves mis en circulation
Pour assurer l’approvisionnement de l’économie dans le contexte de crise, Bank Al-Maghrib a dû adapter ses plannings de production et de livraison. En effet, elle a mis en place, dès les premiers jours du confinement, un mode organisationnel flexible pour la production, qui a permis la continuité de l’activité, tout en respectant les mesures sanitaires. Elle a ainsi pu produire 584 millions de billets neufs et 93 millions de pièces neuves. Pour ce qui est du faux monnayage, le nombre de faux billets a accusé un repli de 34% à 6.335 coupures pour une valeur d’un MDH. Sur les faux billets décelés, la coupure de 200 est demeurée prédominante, avec une part de 69%. Le ratio de contrefaçon ressort ainsi à 2,9 billets pour chaque million de billets en circulation, contre 5,2 en 2019. En ce qui concerne les documents sécurisés, les engagements de la banque centrale vis-à-vis de ses partenaires ont été honorés en intégralité. À ce titre, elle a pu produire et livrer plus d’un million de passeports biométriques, ainsi que 1,2 million de cartes identitaires sécurisées personnalisées et près de 41 millions de différents types de documents sécurisés.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO