Importations : l’Afrique n’a jamais été aussi accessible !
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Trente-trois pays, des centaines de produits. Épargnez sur vos droits d’importation et boostez vos marges ! Voici tout ce que vous devez savoir sur la circulaire n°6632/221 que l’Administration des douanes et impôts indirects vient de publier. Elle met à jour la liste des produits originaires de pays d’Afrique subsaharienne pouvant être importés au Maroc en totale franchise de droits. Cette mesure concerne désormais plus de 200 produits clés en provenance de 33 pays partenaires. Détails.
Si vous voulez importer des produits au Maroc à partir de pays africains, sans payer de droits d’importation, voici les pays et produits à cibler en 2025. L’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) a récemment publié la circulaire n°6632/221 modifiant la liste des produits originaires de certains pays africains bénéficiant d’une exonération totale des droits d’importation au Maroc pour l’année 2025.
Cette décision s’inscrit dans la lignée des «circulaires n°4666/200 du 29 décembre 2000 et n°6619/210 du 26 décembre 2024» visant à promouvoir les échanges commerciaux entre le Royaume et ses partenaires africains. Comme l’indique la circulaire n°6632/221, «afin de tenir compte des modifications à la nomenclature douanière introduites par la Loi de finances pour l’année budgétaire 2025, la Liste 2 annexée à la circulaire relative au régime fiscal de faveur au profit de certains pays d’Afrique est mise à jour». Les produits concernés couvrent un large éventail, des produits de la mer aux denrées agricoles en passant par les matières premières et minerais.
Parmi eux, on trouve «les poissons d’ornement vivants, les thons à nageoires jaunes congelés, les listaos ou bonites à ventre rayé congelés, les crevettes congelées, les noix de coco, le café non torréfié, le thé, les épices (sauf le cumin), les graines de ricin, de karité, les racines de réglisse et de ginseng, la gomme arabique, le kapok, le beurre de karité, les préparations de thons et bonites, le cacao, le caoutchouc naturel, les peaux brutes de bovins, de veaux et de caprins, les bois tropicaux bruts ou sciés, les laines en masse, le coton brut, le sisal, les diamants et l’or».
Une opportunité en or pour les importateurs marocains
Cette mesure présente des avantages indéniables pour les importateurs marocains souhaitant se fournir à moindre coût auprès des 33 pays africains éligibles listés dans la «circulaire n°4666/200 du 29 décembre 2000» dont «l’Angola, le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, les Comores, Djibouti, l’Érythrée, l’Éthiopie» (1). Autant dire que les importateurs marocains ont tout à gagner de cette mesure exceptionnelle d’exonération totale des droits d’importation sur de nombreux produits en provenance de 33 pays africains.
En s’approvisionnant directement auprès de ces nations, ils pourront bénéficier de coûts d’achat très compétitifs sur une pléthore de matières premières, produits agricoles et miniers essentiels. En important ces produits en franchise, ils bénéficient d’un avantage tarifaire décisif par rapport à leurs concurrents. Cela leur permettra de dégager des marges plus élevées, de pratiquer des prix plus compétitifs ou de combiner les deux pour booster leur compétitivité. De quoi conforter leur position sur le marché local mais aussi à l’export.
Prenons quelques exemples concrets : un importateur de poissons et fruits de mer pourra s’approvisionner en thons, bonites et crevettes congelées sans taxes depuis des pays comme la Mauritanie, le Mozambique ou la Somalie. Un transformateur de bois verra son coût de production considérablement allégé en important en franchise des bois tropicaux bruts ou sciés du Gabon, de la République démocratique du Congo ou de la Tanzanie.
Les secteurs du textile, de la bijouterie et du BTP ne seront pas en reste avec l’exonération sur le coton brut, les laines, les diamants et l’or en provenance de pays comme le Mali, le Lesotho ou l’Angola. Même les compléments alimentaires ou la cosmétique pourront tirer parti de l’importation sans taxes de produits comme le karité, la gomme arabique ou la réglisse.
Au-delà des économies substantielles réalisées à l’import, c’est toute la chaîne de valeur locale qui bénéficiera d’un avantage compétitif en aval. Les entreprises marocaines de transformation ou de distribution pourront ainsi proposer des prix plus attractifs sur le marché national et à l’export. L’accès facilité à un large vivier de fournisseurs africains représente aussi un atout en termes de diversification des sources d’approvisionnement. Les importateurs réduiront leurs risques de pénuries ou de hausses spéculatives en élargissant leur portefeuille de partenaires commerciaux.
Enfin, simplification des procédures et gain de temps sont aussi au rendez-vous puisque plus aucune formalité douanière ne sera requise sur cette liste de produits africains, hormis les contrôles règlementaires usuels. Il appartient désormais aux opérateurs économiques marocains de saisir cette opportunité à bras le corps en renforçant leurs liens commerciaux avec le continent africain.
Prospection, négociations d’accords-cadres, déploiement logistique transfrontalier… Le potentiel de développement est immense pour toute entreprise sachant jouer la carte africaine avec ambition et professionnalisme.
Le Maroc, hub économique et pont commercial entre l’Afrique et le monde
Au-delà des simples considérations tarifaires, cette mesure d’exonération totale des droits d’importation sur de nombreux produits africains s’inscrit dans une vision stratégique et géopolitique de grande envergure pour le Royaume. C’est un pas supplémentaire vers l’affirmation du Maroc comme plaque tournante économique incontournable entre l’Afrique et les autres continents.
En facilitant les échanges avec les pays subsahariens, le Maroc consolide son rôle naturel de porte d’entrée et de plateforme de redistribution pour les flux commerciaux en provenance et à destination du continent africain. Sa situation géographique stratégique, ses infrastructures logistiques modernes et son environnement des affaires stable en font un partenaire privilégié.
Prenons l’exemple d’un industriel européen souhaitant s’approvisionner en coton brut, cacao ou caoutchouc naturel africains pour ses activités de production. Plutôt que de traiter directement avec de multiples pays d’origine, celui-ci pourra transiter de manière simplifiée par les plateformes logistiques et zones économiques spéciales marocaines pour regrouper ses achats en un point unique.
De même, un négociant en produits de la mer basé au Maroc disposera d’un accès direct en franchise de droits à un large vivier de fournisseurs de thons, crevettes et autres poissons des côtes africaines. Il pourra ainsi approvisionner à moindre coût le marché local mais aussi exporter plus facilement vers l’Europe, l’Amérique ou les pays arabes.
Cette position de hub facilite également l’accès des produits africains aux grands marchés de consommation mondiaux en passant par le Royaume comme porte d’entrée logistique régionale. Un exemple concret est celui des fruits et légumes maliens qui pourront être exportés plus rapidement et à moindre coût vers l’Europe en transitant par les infrastructures portuaires et aériennes marocaines.
Mais au-delà de cet aspect purement commercial et logistique, le Maroc joue aussi un rôle fédérateur en resserrant ses liens séculaires avec les pays africains frères sur les plans humain, culturel et économique. En favorisant ces échanges mutuellement avantageux, le Royaume se positionne comme un acteur clé du co-développement à l’échelle du continent.
«C’est une décision haute en symboles qui inscrit durablement le Maroc dans une dynamique de rapprochement et d’intégration économique avec l’Afrique subsaharienne», analyse un analyste.
«En facilitant ces flux commerciaux dans les deux sens, le Royaume tisse de nouveaux liens économiques forts avec ses partenaires africains, dans un esprit de coopération gagnant-gagnant».
Le Maroc peut ainsi compter sur un accès facilité aux ressources naturelles et matières premières stratégiques du continent, tout en offrant un débouché de choix et une porte de passage rapide vers les marchés mondiaux pour les exportations africaines. Les défis logistiques sont nombreux mais le potentiel de développement conjoint est immense pour toutes les parties prenantes.
(1) Liste n°1 : Liste des pays africains dont les produits bénéficient du régime fiscal de faveur à l’importation : Angola, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cap-Vert, Comores, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Lesotho, Madagascar, Guinée équatoriale, Libéria, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, République centrafricaine, Niger, Ouganda, Rwanda, Sierra Leone, Tchad, République Unie de Tanzanie, Somalie, Soudan, Sao-Tomé et Principe, Togo, République démocratique du Congo et Zambie.
Opportunités et défis d’un co-développement gagnant-gagnant
Du côté des pays exportateurs, cette ouverture représente une formidable opportunité de valoriser leurs ressources naturelles et leur production locale sur un marché d’environ 36,9 millions de consommateurs. Le Maroc constitue un débouché privilégié pour les pays africains qui pourront exporter leurs produits clés en franchise, créant ainsi de nouveaux emplois et revenus pour leurs populations.
Néanmoins, certains défis subsistent comme la nécessité de renforcer les infrastructures logistiques et les procédures douanières pour fluidifier les échanges. La professionnalisation des filières d’exportation et le respect des normes de qualité seront aussi essentiels pour tirer pleinement parti de cet accord.
«C’est une décision gagnant-gagnant qui rapproche un peu plus le Maroc de l’Afrique sur les plans économique et humain», conclut notre analyste. «En libéralisant ces échanges commerciaux, nous posons les bases d’un co-développement durable et renforcé entre nos nations respectives.»
Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO