Éco-Business

Germain Breugnot : “Les télécoms connaissent un développement important en Afrique”

Le secteur des télécoms poursuit sa dynamique de développement en Afrique. Porté par la data, il se révèle de plus en plus vital et s’élargit dans diverses activités économiques, désormais vitales. Qui sont les grands acteurs de ce secteur et qu’en est-il de la cherté des services sur le continent ?  Réponses dans cette interview avec Germain Breugnot, directeur général de Titane Conseil International.

Comment évolue le secteur des télécoms en Afrique ?
Le secteur des télécommunications en Afrique est dans une phase de développement important. Et il va continuer à se développer durant les années à venir. Voici un indicateur de taille qui illustre son évolution : le taux d’adoption des smartphones en Afrique subsaharienne devrait atteindre 88% en 2030, contre un peu plus de 53% en 2023.

Ce développement va également se matérialiser sur plusieurs plans. En ce qui concerne les infrastructures, de nombreux pays africains investissent sur le développement des réseaux, notamment pour la généralisation de la couverture 4G.

En Afrique subsaharienne, la couverture de la 4G est passée à 27% en 2018 à 65% en 2023. Cela représente 100 millions de nouveaux utilisateurs potentiels. Il y a également le développement du réseau qui permet de raccorder les maisons en fibres optiques, ainsi que sur les réseaux permettant de connecter les villes entre elles et de sécuriser le trafic. De nombreux autres projets sont également en cours, pour la couverture des zones rurales. A l’horizon 2030, on prévoit que 100 milliards de dollars devraient être investis dans les infrastructures du numérique en Afrique, afin d’absorber la demande en trafic d’environ 700 millions d’utilisateurs attendus.

Qui sont les grands opérateurs qui télécoms qui dominent le secteur en Afrique ?
Le groupe Maroc Telecom est l’un des grands acteurs en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, grâce à sa marque «Moov Africa». Cette marque réunit, depuis 2021, ses dix filiales subsahariennes. On peut aussi citer l’opérateur français Orange, présent dans 18 pays, alors que le groupe sud-africain MTN possède des filiales dans 16 pays, dont neuf en Afrique de l’Ouest. Airtel Africa, la filiale de l’indien Baharty, est présente dans 14 pays, alors que le malgache Axian opère dans huit pays. Ce sont, là, les principaux acteurs des télécoms en Afrique subsaharienne, aux côtés desquels on trouve des entités étatiques généralement.

Qu’en est-il de l’évolution des entités de Maroc Telecom sur le continent ?
Maroc Telecom a réalisé de bonnes performances en 2023. Le secteur des télécoms est porteur et les tailles des marchés augmentent, en raison de la croissance démographique en Afrique. La croissance économique a également augmenté le pouvoir d’achat des ménages. Dans ce cadre, Maroc Telecom a retrouvé la croissance grâce à ses filiales d’Afrique subsaharienne, qui permettent de porter la performance du groupe, avec un chiffre d’affaires en hausse de 3%. Aussi le FTTH, c’est-à-dire les activités de l’internet fixe, favorise cette croissance pour Maroc Telecom, et permet de compenser la baisse des revenus du mobile.

Quels sont les perspectives de développement et de croissance du secteur des télécoms en Afrique ?
Les revenus liés à la voix sont en baisse, mais sont compensés par les revenus liés à la data. Aujourd’hui, la data et le mobile money sont les deux facteurs de croissance du secteur des télécoms en Afrique. Avec l’essor des smartphones abordables et la généralisation des data, les services financiers digitaux, tels que le paiement mobile, le mobile money, le transfert d’argent se sont développés et sont devenus indispensables pour le commerce électronique.

Quels sont les défis qui persistent, malgré ce développement du secteur des télécoms en Afrique ?
Il s’agit notamment des disparités d’accessibilité entre les zones urbaines et rurales, ainsi qu’entre les pays. De même, les coûts des télécommunications restent élevés pour de nombreuses personnes. Ce qui limite l’accessibilité pour une bonne partie des populations à faible revenu. Il faut réussir à baisser les coûts des services télécoms en Afrique, afin que l’ensemble des populations puissent y avoir accès. Cela pourra aussi faciliter le e-gov. Enfin, l’aspect réglementaire est aussi à prendre en considération, car il freine, dans certains pays, l’émergence du secteur des télécoms.

Quels sont les moteurs de la croissance du secteur des télécoms, sachant que son rôle économique est désormais vital ?
L’Afrique est un continent en développement, avec un nombre de consommateurs en hausse. La demande est donc forte. C’est un moteur pour le secteur des télécoms. L’essor des smartphones connait également une dynamique soutenue. Les services digitaux et toutes les offres pratiques liées aux télécoms vont aussi favoriser la croissance et le développement de ce secteur en Afrique.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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