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Gaz hilarant : l’étau se resserre autour des importateurs et distributeurs indélicats !

Utilisé initialement en médecine comme anesthésique et analgésique, puis dans l’industrie alimentaire comme gaz propulseur, le protoxyde d’azote (N²O) est de plus en plus détourné comme drogue purement festive. Ce qui amène les autorités à soumettre les importations sous forme de capsules au régime de licence d’importation. 

La pression monte d’un cran sur les barres à chicha, boîtes de nuit, night-clubs et autres grossistes et échoppes de produits de pâtisserie, habitués à écouler les capsules de protoxyde d’azote (N²O), plus connu sous le nom de gaz hilarant, «nefakha» ou essence du rire.

En effet, la multiplication des cas d’usage détourné de ce gaz incolore, inodore et de saveur légèrement sucrée, amène le Maroc à prendre une décision ferme : soumettre, à compter du 4 août 2022, le protoxyde d’azote présenté sous forme de capsules, au régime de licence d’importation.

La décision ciblant ce produit, souvent importé de Chine ou des Pays-Bas, vient d’être publiée via l’Avis n°DRFC/06/2022 de la Direction générale du commerce, signée le lundi 8 août.

En principe utilisées pour lever la crème Chantilly ou comme anesthésiant dans les hôpitaux, ces capsules métalliques sont ainsi détournées de leur usage classique par de plus en plus de jeunes qui s’adonnent à leur consommation illégale pour quelques moments d’euphorie.

En 2020 déjà, plusieurs alertes ont été données pour tirer la sonnette d’alarme concernant les dégâts de ce produit. Un article de notre confrère L’Opinion indiquait que «le gaz hilarant devient une drogue fortement consommée par les jeunes Marocains qui se le procurent facilement.

Cette drogue, qui provoque hallucination et euphorie, devient une substance en vogue, ces dernières années» du fait que la plupart l’inhalent «en méconnaissance de ses nombreux effets secondaires».

Les jeunes en milieu urbain particulièrement exposés
Ces derniers temps, des alertes en France ont signalé que ce gaz, utilisé en milieu hospitalier en tant qu’analgésique, était de plus en plus consommé de façon détournée chez les lycéens et étudiants comme drogue en raison de son effet euphorisant.

Dans une alerte datant de juillet 2022 émanant de l’Agence régionale de Santé Hauts-de-France, il est relevé que “l’usage détourné du protoxyde d’azote est en recrudescence chez des collégiens, lycéens et étudiants avec des consommations répétées, voire quotidiennes, au long cours et en grandes quantités”.

Selon l’Agence, la multiplication des cas de complications graves, consécutives à la consommation détournée de protoxyde d’azote, constitue une problématique majeure de santé publique dans la région.

Si pour l’heure, nous ne disposons pas d’éléments sur les réelles motivations de la décision du ministère de l’Industrie et du commerce de soumettre les capsules à une licence d’importation, l’une de nos sources souligne que «cela doit certainement avoir un lien avec sa consommation en tant que drogue».

Et d’ajouter : «il est difficile d’évaluer le volume des importations étant donné que la nomenclature douanière SH confond les capsules et les grosses bouteilles, sachant que seules les capsules sont soumises à cette mesure. Toutefois, la valeur totale des importations, en 2021, était d’environ 20 millions de dirhams», nous indique-t-il.

Une première mesure pour renforcer la traçabilité de ce produit
Les signes de son utilisation sont parfois visibles dans l’espace public avec la présence de cartouches métalliques dans lesquelles ce gaz est contenu.

En décidant d’appliquer une licence aux importations de capsules de protoxyde d’azote, les autorités prennent des mesures allant dans le sens du renforcement de la traçabilité de ce produit, du fournisseur au destinataire, et même son utilisation. L’enjeu est aussi d’éviter les détournements.

Ainsi, la licence d’importation sera accordée ou refusée sur la base des justificatifs de l’origine et de la traçabilité des marchandises objet de la licence, et ce après avis du ministère de l’Industrie et du commerce.

«Les importateurs désirant bénéficier de la licence d’importation du produit doivent déposer leurs demandes de licences, via la plateforme Portnet, accompagnées d’une copie de la facture pro-forma ; la fiche technique du produit à importer ; et le certificat sur la destination et l’utilisation du produit», précise la Direction générale du commerce.


Des effets secondaires graves

Le Centre antipoison du Maroc (CAPM) a, lui aussi, mis en garde contre l’utilisation de ce gaz hilarant, relevant que «l’inhalation de grandes quantités peut avoir des conséquences immédiates, surtout neuropsychiatriques (euphorie, anxiété, panique, vertiges, céphalées..), picotements au niveau des membres avec faiblesse musculaire, gelures du nez, des lèvres, du larynx et des poumons.

Parmi les autres symptômes, figurent l’hyperthermie maligne, la perte de conscience, l’arrêt cardiaque chez les personnes souffrant de problèmes cardiovasculaires et attentionnels avec risque de décès.

À forte dose, le gaz hilarant peut être la cause d’une hypoxie (manque d’oxygène) pouvant entraîner la mort. L’usage chronique peut entraîner l’impuissance sexuelle chez l’homme et la réduction de la fertilité féminine ainsi que des troubles sphinctériens et des hallucinations».

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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