Forum économique arabo-japonais : Les Nippons réclament une meilleure sécurité des investissements
Le forum économique arabo-japonais, qui s’est ouvert hier à Casablanca, a permis de signer de nombreux accords de coopération entre le Maroc et le Japon. C’était également l’occasion de revenir sur les principales difficultés que connaissent les investisseurs japonais dans le monde arabe et les moyens d’améliorer les échanges économiques et commerciaux.
Sumitomo, Yazaki, Toyota, Mitsubishi, Mitsui, Fujifilm… les grands groupes industriels nippons sont présents en force pour la 4e édition du Forum Economique Arabo-japonais qui se tient depuis hier à Casablanca. Plusieurs conventions et mémorandums d’entente ont été signés à cette occasion entre les responsables marocains et ceux du pays du soleil levant. Il s’agit notamment d’un mémorandum entre le ministère de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique et l’Organisation japonaise du commerce extérieur (JETRO).
L’un accord vise à améliorer la coopération économique en matière de commerce et d’investissements entre le royaume et cette agence rattachée au ministère japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie dont l’objectif est de favoriser le développement des relations économiques entre le Japon et le reste du monde. Un deuxième accord a été signé par cette agence avec les représentants de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) visant à sceller une nouvelle dynamique t permettre de donner une impulsion supplémentaire aux opportunités d’investissements et de commerce entre le Maroc et le Japon.
A travers cet accord, la CGEM et JETRO s’engagent à échanger les informations et les expériences, à délibérer sur les questions d’intérêt commun de leurs membres et à représenter ceux-ci auprès des institutions pertinentes ainsi que lors de sommets bilatéraux. L’objectif porte essentiellement sur le développement des relations économiques, d’affaires et de partenariat entre les acteurs économiques marocains et japonais, ainsi que sur les opportunités d’investissement qui s’offrent dans les deux pays.
Climat des affaires
C’est là, une question sur laquelle les représentants du gouvernement japonais ont longuement insisté en vue de voir leurs rapports avec les pays arabes s’améliorer. Selon les statistiques japonaises, les échanges commerciaux entre le Japon et les pays arabes sont passés de 102,2 milliards de dollars en 2009 à 108,97 milliards de dollars en 2015. Soit une évolution en moyenne de 3%. Les opportunités de coopération et de partenariat entre le monde arabe et le japon sont importantes. En effet, le japon, qui a récemment entrepris une série d’investissements à grande échelle dans les pays arabes particulièrement dans la production d’électricité, la chimie et dans bien d’autres domaines, a mis en place une stratégie de revitalisation, considérée comme l’un des piliers de sa politique de croissance. «Pour voir nos rapports économiques se développer durant les prochaines années, il est important que les pays arabes améliorent leur climat des affaires», souligne le ministre de l’Economie, du commerce et de l’industrie Motoo Hayashi. Les hommes politiques japonais demandent également un renforcement de l’arsenal juridique portant sur les questions de commerce et d’investissement. «Nous demandons à ce que l’on assure la sécurité de nos capitaux, grâce à la mise en place d’accords de libre-échange, d’accords sur les investissements et sur la facilitation du commerce», précise le secrétaire d’Etat japonais chargé des affaires étrangères Yoji Muto.
L’industrie en priorité
Le Maroc s’inscrit d’ailleurs comme une importante porte d’entrée vers les marchés africains et du Moyen-Orient. Pas moins de 37 entreprises japonaises opèrent actuellement au Maroc, notamment dans les domaines des composants automobile (Sumitomo Wiring Systems et Yazaki Corporation) ainsi que celui des composantes électroniques (Fujikura). Une expérience qui semble concluante du côté japonais et que plusieurs grands groupes du pays voudraient voir appliqués dans d’autres pays voisins. Malgré tout, le royaume gagnerait à améliorer encore plus ses échanges avec le Japon. Le volume global des échanges est aujourd’hui de 4,72 MMDH. Il a atteint 3,46 MMDH durant les 9 premiers mois de 2015. Le Japon est le 26e fournisseur mondial du Maroc avec pas moins de 2,9 MMDH d’importations. Il est également le 16e client du royaume en accueillant pas moins de 1,83 MMDH. Les IDE japonais au Maroc connaissent un bond considérable durant ces derniers mois. Alors qu’ils ne dépassaient pas 4,1 MDH en 2014, ils ont culminé à 73,2 MDH les 9 premiers mois de 2015. 80% de ces investissements se font dans le secteur de l’industrie.
Mohammed Abbou
Ministre délégué chargé du Commerce extérieur
Les échanges commerciaux entre les deux pays dépassent les 400 millions de dollars, la balance commerciale pour sa part demeure déficitaire au détriment du Maroc qui accuse une carence de 1,2 MMDH. Nous disposons d’un arsenal important d’accords bilatéraux, commerciaux et de plusieurs mémorandums d’entente avec ce pays mais nous n’avons pas d’accord commercial préférentiel. Il existe un important potentiel d’exportation que nous n’exploitons malheureusement pas. Nous n’exportons pour le moment que des conserves de poissons, des produits de la mer, quelques composants électroniques et des engrais. Le Maroc peut capitaliser sur l’industrie agroalimentaire, le textile ou encore le cuir.
Nouveau deal entre Sumitomo et Masen
Autre accord signé à l’occasion de ce 4e forum arabo-japonais, celui liant Masen à Sumitomo portant sur le développement d’un démonstrateur CPV (Concentrated Photovoltaic) d’une capacité de 1MW sur la plateforme R&D du complexe solaire Noor Ouarzazate. Après les tests concluants menés en 2015 sur un premier prototype, Masen et Sumitomo renouvellent leur collaboration pour construire et mettre en exploitation, à Ouarzazate, un démonstrateur à l’échelle préindustrielle basé sur la technologie CPV d’une capacité de 1MW. L’accord vise la localisation maximale, à terme, de l’ensemble de la chaîne de valeur, y compris les cellules CPV.