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Formation agricole : OCP sonde les nouvelles tendances

Pour avoir une vue d’ensemble sur les nouvelles compétences à créer pour répondre aux défis agricoles, Trait d’Union a invité deux Européens et deux Africains. Il s’agit de Jean-Marie Seronie, consultant agroéconomiste et membre de l’Académie d’agriculture de France depuis 2017, d’Anastasia Boucheron, directrice des affaires sociales de l’Association nationale des industries agroalimentaires de France (ANIA), de Pierre Blaise Ango, président du Réseau international de formation agricole et rurale (FAR) dont le siège est basé au Cameroun, et de Bruno Gérard, professeur en Agrobioscience à l’Université polytechnique Mohammed VI.  Les détails.  

Quel(s) modèle(s) de formation(s) agricole(s) faut-il mettre en place pour faire face aux enjeux climatiques et alimentaires ? C’est sur ce thème que Trait d’Union, l’initiative lancée par le groupe OCP, a organisé son premier webinaire de la rentrée de septembre 2022, tenu la semaine dernière.

L’objectif étant de voir les nouvelles tendances qui se dessinent dans le milieu agricole pour nourrir les nouveaux cursus de formation à lancer à l’Université polytechnique Mohammed VI et les compétences à déployer dans le court-moyen terme dans ce secteur grand pourvoyeur d’emplois à travers le monde et en Afrique.

En effet, comme l’a souligné d’entrée la modératrice du webinaire, l’enjeu de l’emploi dans l’agriculture n’est plus à démontrer. C’est le premier pourvoyeur d’emplois dans le continent africain. Plus de la moitié de la population active africaine vit de ce secteur de plus en plus capitalistique, qui contribue à hauteur d’une moyenne de 32% au PIB des 54 pays du continent.

Seulement 2% des étudiants africains s’orientent vers l’agriculture
Cependant, seulement 2% des étudiants africains s’orientent vers les filières agricoles. A contrario, 8,5% des agriculteurs européens ont reçu une formation agricole complète et 70% ont eu une formation pratique individuelle. Mieux, les filières agricoles font l’objet d’un engouement croissant dans un pays comme la France, puisque de plus en plus de jeunes citadins lâchent tout pour aller s’installer dans la campagne où ils se reconvertissent volontiers en agriculteurs et jouissent d’espace de vie de vie plus aérés.

Pour avoir une vue d’ensemble sur les nouvelles compétences à créer pour répondre aux défis agricoles, Trait d’Union a invité deux Européens et deux Africains. Il s’agit de Jean-Marie Seronie, consultant agroéconomiste et membre de l’Académie d’agriculture de France depuis 2017, d’Anastasia Boucheron, directrice des affaires sociales de l’Association nationale des industries agroalimentaires de France (ANIA), de Pierre Blaise Ango, président du Réseau international de formation agricole et rurale (FAR) dont le siège est basé au Cameroun, et de Bruno Gérard, professeur en Agrobioscience à l’Université polytechnique Mohammed VI (UM6P). Dans le Vieux Continent, comme en Afrique, le problème de compétences dans le secteur agricole se pose avec acuité.

En Europe, 50% des agriculteurs ont plus de 50 ans
En effet, comme l’a déclaré Seronie, «en Europe, et plus particulièrement en France, plus de 50% des agriculteurs ont plus de 50 ans. On a donc besoin de jeunes dans l’agriculture française pour renouveler cette génération qui se rapproche inexorablement de la retraite». Abondant dans le même sens, Anastasia, qui travaille en aval du secteur agricole, notamment dans l’agroalimentaire, déclare qu’il faut également renouveler 1/3 du personnel du secteur agroalimentaire.

Ce qui est un objectif qui ne sera pas du tout facile à atteindre. Pourquoi ? Parce que actuellement 70% des entreprises agroalimentaires françaises ont des difficultés à recruter. Autrement dit, l’insuffisance de ressources humaines qualifiées, en amont et en aval du secteur agricole, se fait cruellement sentir en France. Qu’en est-il en Afrique ? Premier Africain à intervenir, le professeur Bruno Gérard, qui a passé le plus gros de sa carrière en Afrique centrale, une région qu’il connaît bien, a, lui, recentré le débat en déclarant que, dans l’agriculture, il faut distinguer les agriculteurs et les gens qui travaillent dans l’agriculture.

Avant d’ajouter qu’en Afrique, le problème des compétences dans le domaine est à prendre très au sérieux puisque le continent va connaître un quasi-doublement de sa population à l’horizon 2050, et il va falloir nourrir tout ce monde en relevant le défi de devoir produire plus en polluant moins. Poursuivant son propos, il a déclaré que le défi n’est pas uniquement d’ordre technologique, mais plutôt qu’il va falloir des innovations technologiques à mettre en contexte avec des innovations financières et sociales. Autrement dit, pour lui, l’Afrique a besoin de soft skills pour impulser son agriculture dans l’agriTech par exemple.

D’ailleurs, des expériences sont menées dans ce sens au sein de l’UM6P. S’agissant d’Ango, il a dépeint un tableau beaucoup plus sombre de l’agriculture africaine qu’il a qualifiée d’agriculture administrée, d’agriculture subie où les formations n’offrent pas de métiers. Elles dépendent généralement de programmes gouvernementaux et de bailleurs de fonds. Les formations continues sont rares et la formation universitaire et technique attire très, très peu de candidats.

C’est la raison pour laquelle le FAR a été mis en place, notamment, pour changer la donne. Le combat est difficile, mais il faut le mener sur ce front pour contribuer à la construction de la souveraineté alimentaire de l’Afrique.

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO


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