Fès : l’UPF lance une réflexion sur les modèles d’organisation dans un contexte de crises
Lors d’un colloque international organisé, vendredi dernier, par l’Université privée de Fès (UPF) sur les organisations en contexte de crises, plusieurs chercheurs se sont engagés dans une réflexion autour des orientations et des bonnes pratiques à adopter par les entreprises dans une situation de crise.
En l’absence de recette miracle pour gérer et résorber une crise, plusieurs chercheurs, chefs d’entreprise et dirigeants se sont penchés, vendredi dernier, à Fès, sur les voies scientifiques permettant d’envisager la survenance de crises, tout en analysant les éléments contextuels permettant d’avoir une connaissance fine de l’écosystème et des parties prenantes qui sont à l’œuvre. Organisé par le laboratoire de recherche en entrepreneuriat et management des organisations, ce colloque international, sous le thème «Les organisations en contexte de crisess : de la vulnérabilité à une performance durable et responsable», entre dans le cadre des activités scientifiques organisées par la Fès Business School.
«La programmation de ce colloque découle de notre volonté d’engager, dans le cadre de la recherche scientifique, une réflexion sur les organisations en contexte de crisess. L’objectif consiste à approfondir la réflexion sur les orientations à donner aux organisations sur les méthodes à adopter et sur les bonnes pratiques dans ce domaine», précise Eddakir Abdellatif, PES à l’ENCG de Fès, et membre du comité d’organisation.
D’ailleurs, face à un monde devenu très complexe, dynamique et plus connecté que jamais, de nombreux phénomènes imprévisibles déséquilibrent les sociétés provoquant des crises, des points d’arrêt qui peuvent menacer de tout submerger. Ces crises et ces arrêts sont similaires à une série d’états que les organisations traversent, ce qui déclenche des situations non anticipées par l’organisation et suggèrent à la fois le développement de dysfonctionnements organisationnels. «Si nous nous référons aux études antérieures sur le management des organisations, nous relèverons un grand nombre de situations qui ont connu des crises imprévues, dévastatrices, ayant des causes diverses et variées», précise Eddakir Abdellatif.
De son côté, El Hiri Mariam, enseignante chercheuse à Fès Business School de l’UPF, a expliqué que la gestion dans un contexte de crises exige une attention extrêmement délicate, car ce contexte constitue en lui-même une situation critique inhabituelle dont les retombées sont souvent désastreuses pour toute forme d’organisation. «Une crise est un passage entre l’ordre et le désordre et où il est impératif d’opérer des changements rapides et décisifs», a-t-elle précisé.
D’ailleurs, les périodes de crise peuvent constituer pour les organisations un terrain fertile à un ensemble de mutations et une opportunité positive qui les pousse à reconsidérer les théories, ainsi que leurs pratiques managériales, dans le but d’assurer leur pérennité.
Ainsi, face aux menaces et aux opportunités auxquelles les organisations sont confrontées, il s’avère nécessaire pour ces dernières de favoriser un comportement anticipateur au lieu d’en subir les effets négatifs. Lors de cette rencontre, les participants ont mis l’accent sur la nécessité de mettre en place des politiques d’anticipation. Lesquelles permettront de réduire l’exposition des organisations aux différents types de risques et de préparer les processus de gestion de crise et des plans de secours. Il est donc nécessaire de repenser la logique d’affrontement, d’accepter la part d’imprévisibilité et d’adapter la culture de chaque organisation qui fonctionne, aujourd’hui, sur ce qui doit être atteint et non sur ce qui doit être évité.
Il faut revoir le concept de performance «globale»
Dans le domaine des Sciences de gestion, il est admis que la performance des organisations ne peut aujourd’hui se concevoir que de manière globale et dans la durée. Nombreuses sont les communautés scientifiques ou socio-économiques défendant la nécessité de concilier performance économique, performance sociale et performance environnementale.
«Travailler sur le concept de performance globale et durable dans le champ des organisations nous ouvre des voies de recherche nombreuses et prometteuses», précise Ouazzani Mohammed Jamil, vice-président de l’UPF.
Il s’agit, selon lui, de comprendre comment ces organisations de petite et moyenne taille, souvent contraintes en termes de ressources et en position de faiblesse par rapport aux grands groupes, peuvent accroître leurs avantages concurrentiels et la qualité de leurs prestations, dans un contexte d’instabilité économique, politique et désormais sanitaire. Il faut noter que ce colloque a connu la participation d’une quarantaine de chercheurs et de responsables qui ont débattu plusieurs thématiques liées au contexte de crises, dont la gouvernance et la performance durable, la responsabilité sociale des organisations, le rôle des établissements publics dans la gestion des effets de la crise, en plus du management des chaînes logistiques et des ressources.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO