Ennakl Automobiles, le désaveu
Après un premier semestre en baisse, les choses ne semblent pas s’améliorer pour Ennakl. Un conjoncture difficile marquée par des décisions politico-économiques hostiles au secteur et une devise affaiblie, le distributeur résiste en maintenant son programme d’investissement. Au Maroc, le titre plonge suite aux réalisations peu convaincantes du premier semestre mais aussi en attendant le dénouement de l’affaire judiciaire qui oppose un actionnaire minoritaire marocain au distributeur automobile tunisien.
Le cours d’Ennakl à Casablanca affiche une contreperformance annuelle de -23,4% impactée par des réalisations en berne au terme du premier semestre. Le distributeur tunisien de Volkswagen semble en effet souffrir de plusieurs événements exogènes propres à la Tunisie. Le Dinar s’est sensiblement déprécié par rapport aux monnaies européenne et américaine, ce qui implique un certain renchérissement des prix de vente. La devise tunisienne a perdu 2,5% de sa valeur par rapport à l’euro et 5,6% par rapport au dollar américain. Le prix de vente moyen d’une voiture a augmenté de 22% entre 2017 et 2018 et de 92% depuis l’année 2011. L’inflation, de son côté, a atteint un pic de 7,8%, ce qui a impacté négativement le pouvoir d’achat des Tunisiens, ceci en plus d’un marché d’automobiles tunisien de plus en plus concurrentiel avec plus de 35 concessionnaires représentant 45 marques dont plus de 10 marques introduites sur le marché ces deux dernières années, ce qui a poussé le ministère tunisien du Commerce à adopter le «contingentement des importations» avec l’établissement d’un système de quotas. À cela s’ajoute l’augmentation des droits et taxes prévues dans la loi de Finances.
La hausse serait toujours d’actualité en 2019
Ennakl qui évolue dans cet environnement hostile a sans surprise enregistré un chiffre d’affaires consolidé en baisse de 10,4%. Il a été impacté, entre autres, par la non disponibilité de certains modèles dont la nouvelle POLO, un modèle très apprécié dans son segment et la baisse des ventes aux clients loueurs qui représentait 30% du chiffre d’affaires véhicules neufs, et ceci suite à l’augmentation des prix. La marge brute quant à elle, s’est réduite de 5,4%. Le résultat net consolidé a baissé de 14,7%. Pourtant, le top management reste confiant et soutient avoir réalisé une rentabilité constante malgré la baisse de l’activité. D’ailleurs, la société assure avoir poursuivi son plan d’investissement malgré ce contexte difficile afin d’offrir une meilleure qualité de service à ses clients et réaliser ses objectifs stratégiques. La société a presque doublé ses investissements entre l’année 2016 et 2017 et ceci dans le cadre de son 2e plan stratégique portant sur la période 2017- 2020 (H2020). Ses réalisations semblent refroidir les investisseurs mais pas seulement. L’affaire en justice qui confronte un actionnaire minoritaire au distributeur automobile coté à la Bourse de Casablanca y est également pour quelque chose. En janvier 2018, la Cour de cassation a donné raison à un des actionnaires minoritaires d’Ennakl. Celui-ci avait porté plainte en 2013 à la Cour administrative de Rabat contre la décision d’exemption octroyée par l’AMMC au consortium Poulina-Parenin pour effectuer une OPA à la Bourse de Casablanca en 2012. La décision de la cour de cassation vient ainsi contredire les jugements de la cour administrative et de la cour d’appel, qui avaient débouté le plaignant. L’affaire est ainsi renvoyée en cour d’appel administrative pour obliger le consortium à effectuer l’OPA. Ainsi le manque de visibilité sur cette valeur a fait que très peu d’analystes suivent actuellement cette valeur. «S’il est possible d’estimer le risque, nous ne pouvons rien contre l’incertitude, surtout pour cette valeur tunisienne», conclut un analyste de la place.