Écosystèmes industriels : Au-delà du taux d’intégration
Le taux d’intégration attribué aux opérateurs mondiaux qui s’installent au Maroc varie selon l’écosystème industriel. Au même titre que les bénéfices derrière ces implantations qui sont également tributaires des conditions de chaque écosystème.
La récente implantation à Tanger Automotive City d’OFS, filiale de Furukawa Electric Group et spécialiste de la fibre optique soulève la question du taux d’intégration (TI), centrale dans le processus de mise en place des écosystèmes industriels au Maroc. L’écosystème digital dans lequel s’inscrit cette nouvelle arrivée d’un géant mondial de la «connectivité» étant lié à un marché particulier dont les équipementiers sont présents, en majorité, hors territoire national, le taux d’intégration d’’OFS oscillera entre 20 et 30% selon Patrice Dubois, président et directeur d’exploitation. Dans les autres écosystèmes, notamment celui de l’automobile, ce taux est bien plus élevé quoique la comparaison ne semble pas pertinente, tellement ces écosystèmes sont distincts, soumis à des «contingents» différents. Par-dessus tout, le secteur de la fibre optique n’en est qu’à ses prémices, comparé à un écosystème automobile qui a déjà trouvé ses marques. En tout cas, une mise en parallèle entre les mastodontes OFS et PSA peut donner une idée claire sur leur apport en termes de sourcing industriel mais aussi d’attrait qu’ils exerceront sur les équipementiers. Elle permet en outre de faire la lumière sur les spécificités de chaque implantation.
OFS, transfert de technologies et stratégie nationale
L’arrivée de la filiale de Furukawa Electric Group s’est accompagnée d’une préparation préalable. Celle-ci a concerné entre autres le personnel censé accomplir un métier pointu. Ainsi, une grande partie des 210 employés de l’usine d’OFS ont transité par d’autres usines du groupe aux États-Unis, au Brésil et en Allemagne afin d’y suivre un programme de formation adapté. «Les employés qui opèrent aujourd’hui dans cette usine ont été formés dans ces pays, ce qui veut dire que le transfert des technologies est important dans cette opération. C’est en fait la première usine du groupe en Afrique et au Moyen-Orient et notre nouvel acteur de l’écosystème digital», a souligné le 8 mai dernier Moulay Hafid El Alamy, lors de l’inauguration officielle de l’usine (cf:www.leseco.ma). Pour parler de bénéfices, le ministre de l’Industrie préfère mettre cette implantation dans le cadre général national. «Le plan d’accélération industrielle (PAI) a pour but de créer de l’emploi et de développer l’industrie mais pas de le faire uniquement sur des métiers traditionnels. Il faut aussi développer des métiers nouveaux comme les télécommunications qui constituent un axe de développement très fort accompagnant l’évolution mondiale», a déclaré le ministre. Quoi qu’il en soit, l’inauguration d’OFS est considérée comme «un bon début» qui ne sera nullement un «one shot». «Nous avons l’intention de développer d’autres opérations avec le groupe Furukawa. Ce pas que nous avons fait ensemble est essentiel dans la chaîne de valeur globale de l’écosystème et dans sa mise en place», a expliqué Moulay Hafid El Alamy.
PSA, le TI revu à la hausse
Autre écosystème, autres conditions et considérations. En avril dernier, PSA a annoncé que l’objectif du taux d’intégration (TI) d’un milliard d’euros à l’horizon 2022 (environ 60%) fixé en amont et en concertation avec les autorités marocaines sera atteint et par conséquent revu à la hausse. En effet, les commandes d’ores et déjà faites par le géant français aux équipementiers permettront d’atteindre un TI de 650 millions d’euros en 2020. Devant être formulées au moins trois ans avant la production, ces commandes qui servent à alimenter la production de véhicules en 2019 et 2020 feront tourner 27 usines afin de livrer à PSA les pièces détachées nécessaires et en conformité avec les contrats signés. Au-delà du taux d’intégration, d’autres objectifs ont été assignés au producteur automobile français. Il s’agit de la fabrication de 200.000 véhicules et de 200.000 moteurs annuellement, en plus d’un centre de recherche avec 1.500 ingénieurs et techniciens supérieurs marocains. Ce dernier objectif ayant été atteint.