Eau et énergie : un enjeu de survie nationale
Avec une pénurie d’eau et une dépendance aux énergies fossiles, le Maroc fait face à une équation très délicate. Un rapport du CMC sonne l’alarme et détaille les défis vitaux à relever. Dessalement, hydrogène vert ou nucléaire, les solutions existent, mais le Royaume doit s’engager dans une profonde mutation énergétique et environnementale. Sinon, c’est l’avenir du pays qui sera compromis.
Dans son dernier rapport, le Centre marocain de conjoncture (CMC) dresse un état des lieux alarmant concernant les contraintes hydriques et énergétiques auxquelles le Royaume fait face. Ce rapport met en lumière les enjeux cruciaux liés à la gestion durable des ressources en eau et en énergie, des défis qui menacent la croissance économique et le développement du pays.
Selon le CMC, le Maroc se trouve dans une situation de péril imminent en matière de ressources hydriques. Les effets conjugués du changement climatique, de la croissance démographique et du développement économique exercent une pression sans précédent sur les réserves d’eau douce. Selon le rapport, la disponibilité en eau par habitant a chuté de près de 80% depuis les années 60, atteignant un niveau critique de 606 m3 par an et par personne.
Face à cette situation alarmante, le pays a mis en place des programmes d’urgence visant à améliorer l’offre en eau potable et à rationaliser la demande. Par ailleurs, la stratégie à long terme, inscrite dans le Plan national de l’eau (PNE), repose sur le développement de nouvelles ressources hydriques, notamment non conventionnelles comme le dessalement de l’eau de mer. Une solution prometteuse, mais coûteuse et aux impacts environnementaux non négligeables. Le rapport souligne également l’importance des «autoroutes de l’eau», un projet visant à redistribuer spatialement les ressources en eau disponibles à travers le pays. Une initiative cruciale pour garantir un accès équitable à cette ressource vitale.
L’énergie, un défi incontournable pour une croissance durable
Sur le front énergétique, le Maroc fait face à une dépendance accrue aux énergies fossiles polluantes, telles que le charbon et le pétrole. Cette situation pose des défis majeurs en termes d’impact environnemental et de durabilité, sans parler des coûts économiques liés à l’importation de ces ressources non renouvelables. Le rapport met en avant la nécessité pour le Royaume de se tourner vers les énergies renouvelables, un secteur dans lequel il nourrit de grandes ambitions.
D’ici 2030, le Royaume ambitionne d’atteindre un mix énergétique composé à 52% d’énergies renouvelables, une transition énergétique cruciale pour assurer une croissance durable et respectueuse de l’environnement. Parmi les projets phares évoqués dans le rapport figurent les «autoroutes électriques», dont la ligne Dakhla-Casablanca de 1.400 km, visant à transporter l’électricité produite à partir de sources renouvelables. Le rapport explore également le potentiel de l’hydrogène vert, une filière d’avenir dans laquelle le pays entend se positionner comme un acteur majeur, grâce à ses atouts géographiques et son ensoleillement abondant.
Explorer l’option des réacteurs nucléaires modulaires
Le CMC n’écarte pas l’option nucléaire, évoquant le potentiel des petits réacteurs modulaires (SMR) pour répondre aux besoins énergétiques croissants du pays. En effet, face à la demande énergétique stimulée par l’expansion économique, la croissance démographique et l’urbanisation, le Royaume doit envisager de nouvelles sources d’énergie pour combler son déficit grandissant. Bien que faiblement doté en ressources énergétiques conventionnelles, il semble vouloir se tourner vers le nucléaire comme une voie prometteuse.
Parmi les options étudiées, les petits réacteurs modulaires (SMR) de 300 à 600 MW apparaissent comme une solution adaptée aux besoins et contraintes actuelles. Ces réacteurs de taille réduite présentent de nombreux avantages, notamment leur flexibilité, leur facilité de gestion et leur compétitivité en termes de coûts. Alors que le paysage énergétique marocain connaît des transformations profondes, poussé par les politiques environnementales et le progrès technologique, l’énergie nucléaire, notamment avec les SMR, pourrait ainsi occuper une place importante dans le futur mix énergétique du pays.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO