Doing Business : le Top 50 à portée de main pour le Maroc ?
Le Maroc pourrait atteindre le Top 50 dans le classement du Doing Business grâce à la réforme des sûretés mobilières, selon une source proche du dossier. Le futur indicateur sur les marchés publics permettra au Maroc de poursuivre l’amélioration de son score. On mise aussi sur l’élaboration de la nouvelle politique nationale de l’environnement des affaires, dont la mise en œuvre devrait être entamée dès 2021.
La concrétisation de l’engagement du Top 50 dans le classement du Doing Business semble à portée de main dès cette année, selon une source proche du dossier, géré par le Comité national de l’environnement des affaires (CNEA). C’est à cet organe qu’incombe la lourde mission de préparer le dossier des réformes et de défendre le positionnement du royaume auprès de la Banque mondiale, en étroite collaboration avec les départements concernés, le secteur privé ainsi que les professionnels. Alors que le Maroc a été prudent sur les prévisions avant l’annonce du verdict de la précédente édition, l’optimisme est, cette fois-ci, au rendez-vous. «Le feedback est positif sur le dossier marocain qui est bien ficelé», pour reprendre les propos de notre source. Le Maroc s’attend, cette année, à un meilleur classement grâce surtout à la grande réforme des sûretés mobilières qui permettra d’améliorer son score l’indicateur de l’obtention des prêts. Rappelons à cet égard qu’en dépit du bond spectaculaire du royaume au niveau de l’édition 2020 du Doing Business (53e rang), une régression de 7 places a été enregistrée sur l’indicateur «Obtention des prêts» par rapport à 2019 en passant du 112e au 119e rang. Le Comité national de l’environnement des affaires souligne à ce titre qu’en matière de couverture, d’étendue et d’accessibilité des informations sur le crédit, le Maroc est précurseur concernant l’indice de divulgation des informations sur le crédit de l’indicateur Obtention de prêts. Néanmoins, l’indice de la protection juridique des emprunteurs et des prêteurs, qui concerne essentiellement le système des sûretés mobilières, pénalisait le classement du royaume sur cet indicateur et déteignait sur le classement global du pays dans le rapport Doing Business. Et c’est dans ce cadre que s’inscrit le nouveau dispositif sur les sûretés mobilières qui devrait permettre au Maroc d’améliorer considérablement son classement.
Attention à la concurrence internationale!
L’opérationnalisation du registre national électronique des sûretés mobilières depuis mars dernier permettra au Maroc de bien se positionner sur cet indicateur pour la première fois. D’ailleurs, le Maroc devient le 1er pays en Afrique du Nord à avoir un tel registre qui répond aux meilleurs standards internationaux. L’expérience internationale démontre en effet que le registre national des sûretés mobilières permet d’améliorer considérablement l’accès au financement, surtout des jeunes et des femmes qui, souvent, ne possèdent pas les sûretés immobilières exigées par les institutions financières. Le lancement du registre national électronique des sûretés mobilières est l’aboutissement du chantier global de réforme des sûretés mobilières. Le dispositif vise à faciliter l’accès aux crédits en élargissant la palette des garanties. En dépit des avancées, il faut rester aux aguets pour ne pas être dépassé par la concurrence internationale. En effet, plus on avance dans le classement, plus la concurrence devient rude et la course vers l’amélioration du classement se corse, sachant que certains pays ne lésinent pas sur les moyens dans la préparation de leur dossier en recourant à des cabinets internationaux de consulting. Il faut dire que le jeu en vaut la chandelle car ce classement international représente un baromètre du climat des affaires et un outil de benchmark au niveau international. Pour les prochaines éditions, le Maroc tend à se positionner sur le nouvel indicateur «Marchés publics» qui sera ajouté au classement du Doing Business en 2021. D’après notre source, même si cet indicateur ne sera pas pris en compte dans le prochain classement, le Maroc a déposé un dossier sur les marchés publics pour entamer le processus d’élaboration des réformes et de compréhension de la méthodologie. On prévoit d’entamer cet indicateur «avec un bon classement vu tous les efforts qui ont été déployés au cours des dernières années sur les marchés publics ayant permis l’adoption des réformes à la fois réglementaires et procédurales». Il s’agit d’évaluer le positionnement du Maroc au niveau international et de construire de nouvelles réformes. C’est un dossier sur lequel travaille le CNEA depuis 2010.
Politique nationale
Parallèlement au dossier du Doing Business, une stratégie nationale du climat des affaires est en cours de préparation. Elle devrait voir le jour d’ici la fin de l’année. Actuellement, on est dans la phase de diagnostic et d’échange entre les représentants des secteurs public et privé. On tend en premier lieu à bien définir les contraintes majeures. Il faut en effet trouver une réponse concrète à une question importante: quelles sont les priorités du Maroc et quelles sont ses fragilités en matière d’environnement des affaires? Quelques actions ont déjà été menées pour y répondre. Une enquête structurelle menée avec les experts de la Banque mondiale sur le territoire national a mis en exergue les contraintes. À cela s’ajoute l’analyse de tous les rapports sur le Maroc au cours des dernières années pour bien saisir l’évolution des contraintes dans le temps. Actuellement, des focus groupes avec le secteur privé sont tenus pour mettre le doigt sur les difficultés et élaborer, dans les mois à venir, la politique nationale de l’environnement des affaires. La future feuille de route devra être basée sur un mécanisme de livraison des réformes structurelles dans le cadre de la continuité avec le modèle actuel. L’objectif est de doter le Maroc d’un fil conducteur pour les cinq prochaines années. La mise en œuvre de la stratégie est prévue pour 2021. Le Maroc entend, à ce titre, saisir les opportunités après la crise sanitaire. Pour atteindre les objectifs escomptés, deux éléments-clés sont désormais au centre des intérêts des pouvoirs publics: un repositionnement sur la carte internationale des échanges et la digitalisation des services pour l’entreprise.
Jihane gattioui / Les Inspirations Éco