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Désengagement de Veolia dans Lydec : les enjeux d’une étape stratégique

La cession de Lydec par Veolia à la Société régionale multiservices Casablanca-Settat marque un tournant stratégique dans la gestion des services publics au Maroc. Cette décision, tout en renforçant la gouvernance locale, ouvre la voie à de nouvelles opportunités pour améliorer les infrastructures urbaines et les services aux citoyens. Décryptage.

Le 5 juillet 2024, Veolia, géant français des services environnementaux, a annoncé la cession de sa participation dans Lydec, l’opérateur historique des services publics de Casablanca, à la Société régionale multiservices Casablanca-Settat. Cette transaction marque une nouvelle phase dans la gestion des services publics au Maroc, tout en reflétant les dynamiques changeantes du marché des services environnementaux à l’échelle mondiale.

En effet, Veolia a décidé de céder ses parts dans Lydec dans le cadre de son engagement à rationaliser ses actifs suite à l’acquisition de Suez. L’accord stipule que la Société régionale multiservices Casablanca-Settat, entité nouvellement formée pour gérer les services publics de la région, acquerra l’ensemble des actions de Veolia dans Lydec. Cette transaction s’inscrit dans une stratégie plus large de Veolia visant à se concentrer sur ses activités principales et à optimiser son portefeuille global.

Cette cession répond à plusieurs objectifs stratégiques pour Veolia. Premièrement, en ce qui concerne la rationalisation des actifs, après l’acquisition de Suez, Veolia s’est engagée à rationaliser son portefeuille d’actifs pour se recentrer sur ses activités stratégiques. La cession de Lydec permet à Veolia de libérer des ressources financières et de se concentrer sur d’autres marchés clés. Deuxièmement, cette cession respecte les engagements pris par Veolia lors de l’acquisition de Suez.

En effet, Veolia avait pris des engagements envers les autorités de la concurrence, incluant la cession de certaines activités pour éviter des positions de monopole et garantir une concurrence saine sur le marché. La cession de Lydec à un acteur régional répond à ces exigences. Troisièmement, Veolia a clairement indiqué son intention de se focaliser sur les marchés où elle peut maximiser son impact et sa croissance. En se retirant de la gestion directe de Lydec, Veolia peut investir davantage dans des secteurs et des régions où elle voit un potentiel de croissance plus important. De plus, l’impact local et la continuité des services sont également des considérations importantes. La Société régionale multiservices Casablanca-Settat, en tant que nouvel acquéreur, est bien positionnée pour assurer une continuité et une amélioration des services publics à Casablanca.

Cette entité locale est mieux placée pour comprendre et répondre aux besoins spécifiques de la région, assurant ainsi une gestion plus réactive et efficace des services publics. La transaction ouvre la voie à de nouvelles opportunités pour introduire des innovations et des pratiques de développement durable dans la gestion des services publics. La Société régionale multiservices Casablanca-Settat pourra tirer parti des avancées technologiques et des meilleures pratiques pour améliorer la qualité et l’efficacité des services fournis aux citoyens.

Historique de Lydec
Depuis 1997, Lydec est un acteur clé dans la gestion des services publics de Casablanca, opérant sous un contrat de gestion déléguée. Cette entreprise a été pionnière dans l’introduction de partenariats public-privé (PPP) au Maroc, un modèle qui a permis d’améliorer considérablement les infrastructures et les services urbains de la ville. Lydec a modernisé les réseaux d’eau potable, d’assainissement et d’électricité, tout en mettant en œuvre des solutions innovantes pour l’éclairage public.

Grâce à ces efforts, Casablanca a connu une amélioration notable de la qualité de ses services publics, ce qui a contribué à l’augmentation du bien-être de ses habitants et au développement économique de la région. En 2023, Lydec a réalisé un chiffre d’affaires de 7,598 milliards de dirhams (MMDH), avec un résultat net de 38 millions de dirhams. Les investissements dans la gestion déléguée se sont élevés à 1,066 MMDH, dont 317 millions financés par le délégataire.

Les enjeux de la cession
La cession de Lydec par Veolia soulève plusieurs enjeux majeurs pour la gestion des services publics. La reprise de Lydec par la Société régionale multiservices Casablanca-Settat symbolise un retour à une gouvernance locale plus forte. Cette structure régionale est mieux placée pour répondre aux besoins spécifiques des habitants de Casablanca et de ses environs. En renforçant le contrôle local, les autorités espèrent améliorer la réactivité et l’efficacité des services publics. La gestion déléguée, qui confie la prestation de services publics à des entreprises privées tout en maintenant la supervision et la régulation par des entités publiques, est une pratique courante au Maroc.

Cette approche permet une meilleure adaptation aux réalités locales et une gestion plus proche des citoyens. Un des principaux défis de cette transition sera de garantir que la qualité des services publics ne soit pas compromise. La gestion déléguée a montré ses avantages, notamment en termes de professionnalisme et d’efficacité opérationnelle, mais elle nécessite une supervision rigoureuse et une coordination efficace entre les différents acteurs pour maintenir des standards élevés.

La Société régionale multiservices Casablanca-Settat devra s’assurer que les services de distribution d’eau, d’électricité et de gestion des déchets restent à un niveau de qualité élevé, tout en étant accessibles et fiables pour tous les résidents. La transition vers une gestion locale pourrait également attirer de nouveaux investissements, tant nationaux qu’internationaux.

En renforçant la gouvernance locale et en assurant la continuité et la qualité des services, Casablanca pourrait devenir un modèle de gestion urbaine moderne et efficace. L’objectif est de continuer à moderniser les infrastructures urbaines, d’introduire des technologies avancées et de promouvoir des pratiques de développement durable. Les investisseurs potentiels seront attirés par un environnement stable et bien géré, propice à des investissements à long terme.

Cette transition offre également une opportunité unique pour promouvoir le développement durable et l’innovation. La Société régionale multiservices Casablanca-Settat pourra intégrer des technologies vertes et des pratiques durables dans la gestion des services publics, contribuant ainsi à la réduction de l’empreinte carbone de la ville. La mise en place de systèmes de gestion de l’eau et de l’énergie plus efficaces, ainsi que l’amélioration de la gestion des déchets, sont autant de domaines où des avancées significatives peuvent être réalisées. La gestion des services publics au Maroc, et en particulier à Casablanca, est également confrontée à des enjeux sociaux et environnementaux importants.

La croissance urbaine rapide et les défis liés à l’urbanisation nécessitent une approche proactive et innovante pour garantir que tous les citoyens aient accès à des services de base de qualité. En outre, les questions environnementales, telles que la gestion durable des ressources en eau et la réduction des déchets, sont des priorités essentielles pour assurer un avenir durable pour les générations futures

Estelle Brachlianoff
Directrice générale de Veolia

«Nous reconnaissons la contribution de Lydec au développement des services essentiels d’eau et d’assainissement au Maroc depuis 27 ans. Cette cession permettra une transition en douceur au bénéfice des populations locales et accompagnera la mise en place des nouvelles corporations régionales multiservices».

Perspectives de la gestion déléguée

La gestion déléguée reste un modèle pertinent pour de nombreuses villes marocaines, surtout lorsque les autorités locales sont capables de gérer efficacement les partenariats avec des entreprises privées. Ce modèle permet d’accéder à une expertise technique et à des ressources financières qui seraient autrement hors de portée des municipalités. La clé du succès réside dans l’équilibre entre contrôle public et efficacité privée. Le contrat actuel de Lydec avec la ville se termine en 2027, mais l’entreprise se dit prête à prolonger son partenariat selon les nouvelles orientations des autorités marocaines. Lydec s’engage à mobiliser toutes ses capacités d’expertise et d’innovation pour servir les parties prenantes dans le cadre de ce contrat.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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