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Croissance : l’économie fait mieux que prévu au second trimestre

L’économie nationale aurait progressé de 2,9% au deuxième trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu de +2,5% au premier trimestre. Cette expansion aurait été impulsée par une amélioration plus soutenue de la demande intérieure, sous-tendue par un effet positif du calendrier sur les dépenses de consommation.

En attendant l’établissement de l’arrêté des comptes nationaux du 2e trimestre 2024, le HCP table sur une hausse du taux de croissance du PIB national durant cette période. De ce fait, le taux de croissance se serait accéléré au deuxième trimestre 2024 selon le dernier point de conjoncture au titre de cette période et les perspectives pour le troisième trimestre, s’établissant à 2,9%, en rythme annuel, après un début d’année au ralenti.

Pour rappel, l’arrêté des comptes nationaux du premier trimestre 2024 a affiché un ralentissement de la croissance de l’économie nationale en se situant à 2,5% au lieu de 3,9% durant la même période l’année précédente. Alors que ce taux est au-dessous de la prévision déjà établi par le HCP, il y a plus de trois mois, qui a tablé sur une progression de 2,9% au 1er trimestre 2024, en variation annuelle selon la note de conjoncture émise en avril 2024. En se référant à la même note, cette hausse serait attribuable aux branches secondaires et tertiaires.

En effet, le début d’année avait été caractérisé par un sensible ralentissement des industries manufacturières qui avait installé l’activité hors agriculture dans son ensemble dans un sentier de croissance modérée. Toutefois, la relance de la production des autres filières secondaires et l’affermissement des services marchands au deuxième trimestre 2024 aurait de nouveau placé la croissance de l’activité hors agriculture à des rythmes comparables à sa dynamique d’avant la crise Covid-19, soit un taux de 3,7%.

La demande intérieure aurait conservé sa vigueur au 2e trimestre 2024
Selon l’institution productrice de la statistique officielle au Maroc, cette hausse du taux de croissance aurait été impulsée par une amélioration plus soutenue de la demande intérieure, sous-tendue par un effet positif du calendrier sur les dépenses de consommation.

Sur ce dernier point, la demande intérieure aurait conservé sa vigueur au deuxième trimestre 2024, contribuant pour 3,9 points à la croissance économique nationale, au lieu d’une contribution nulle au même trimestre de l’année passée. La consommation des administrations publiques se serait accrue de 3,7%, en ligne avec la hausse des dépenses de fonctionnement administratif.

Pour sa part, la consommation des ménages, portée par un rattrapage partiel du pouvoir d’achat, aurait continué de faire preuve de dynamisme, affichant une hausse de 3,1% au deuxième trimestre 2024. Le revenu nominal des ménages aurait été tiré par la hausse des transferts publics et par l’augmentation des salaires des enseignants, dans un contexte de légère hausse des emplois rémunérés et des transferts extérieurs. Le reflux de l’inflation à 0,7% au deuxième trimestre 2024, au lieu de 6,8% au cours de la même période de 2023, aurait permis un gain substantiel en termes de pouvoir d’achat, mais les ménages avaient dû puiser dans leur épargne pour faire face aux dépenses supplémentaires liées aux fêtes de Aid Fitr et Aid Al Adha.

Selon la dernière enquête de conjoncture réalisée par le HCP, l’équivalent de 42,3% des ménages avaient déjà déclaré, au premier trimestre 2024, s’endetter ou puiser dans leur épargne pour couvrir leurs dépenses de consommation. Le taux d’épargne des ménages par rapport au revenu disponible brut se serait, ainsi, situé en dessous de son ratio moyen d’avant-crise de 12,9%.

Poursuite du reflux de l’inflation
Selon le HCP, l’inflation, mesurée par l’indice des prix à la consommation, aurait reculé de près de la moitié au deuxième trimestre 2024 par rapport au premier trimestre, s’établissant à 0,7% au lieu de 1,2%. Ce reflux aurait résulté, essentiellement, de la baisse de 0,5% des prix des produits alimentaires, tandis que ceux des produits non alimentaires se seraient, à l’inverse, accélérés de 1,5%, après 0,9% au premier trimestre.

L’inflation sous-jacente, qui exclut les prix fixés par l’État et les produits volatils, se serait également replié, passant de 2,5% à 2,2%, en raison de la diminution des prix des produits alimentaires et manufacturés. La baisse des prix des produits alimentaires frais aurait été le principal moteur du recul de l’inflation globale, avec une contribution de -0,8 point, au lieu de -0,5 point au trimestre précédent.

Cette baisse aurait été attribuable à la diminution des prix des légumes frais et des agrumes, après les fortes hausses observées au même trimestre en 2023. Les prix des œufs, de la volaille et de l’huile de table auraient, également, diminué. Toutefois, certaines denrées alimentaires, telles que les fruits, la viande rouge et les épices, auraient vu leurs prix augmenter, en raison de la sécheresse et de la hausse des coûts de production.

Pour leur part, les prix des produits non-alimentaires auraient connu un retournement à la hausse, après plusieurs trimestres de recul, principalement du fait de l’augmentation de l’inflation énergétique de 4,2%, liée à l’ajustement des prix du gaz et des carburants. Les prix des produits manufacturés auraient continué de baisser légèrement, tandis que ceux des services seraient restés stables. Pour le troisième trimestre 2024, l’inflation devrait rester quasi-stable, atteignant environ 0,8% pour l’inflation globale et 2,1% pour l’inflation sous-jacente, soutenue par une réduction des pressions inflationnistes dans les secteurs de l’alimentation et des biens non énergétiques.

Rechute de l’activité agricole
Par ailleurs, la valeur ajoutée agricole se serait infléchie de 4,9% au deuxième trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu d’une hausse de 1,5% une année plus tôt. Cette contre-performance, principalement due aux impacts de la sécheresse sévère sur les grandes cultures, s’inscrit dans une phase de volatilité accrue qui avait affecté les récoltes des céréales, des légumineuses et des fourrages et amputé le potentiel de croissance agricole depuis 2019. En 2024, le repli de la production de blé et d’orge aurait été de 44,4% et 51% respectivement.

De plus, les dépenses d’investissement auraient, pour leur part, poursuivi leur évolution modérée au deuxième trimestre 2024, au rythme de 4,4% en variation annuelle, après une expansion de 16,6% à fin 2023. Cette modération traduit un attentisme marqué de la part des industriels dont les investissements en biens d’équipement orientés pour l’augmentation des capacités productives se seraient améliorés, induisant une hausse de 7,2% des importations des machines et autres appareils.

En revanche, ceux destinés à l’innovation et à la digitalisation auraient ralenti. Le renchérissement du coût des crédits aurait poussé les entreprises privées à s’orienter principalement vers des projets d’équipement de long terme, alors que leur besoin de financement pour les investissements de court terme et la gestion des stocks serait resté limité, en ligne avec le repli continu depuis juin 2023 de leurs crédits de trésorerie. Dans l’ensemble, l’encours total des crédits accordés aux sociétés non financières privées aurait été en baisse de 1,2% à fin mai 2024, comparativement à la même période de 2023.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO

 


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