Croissance au Maroc. Le FMI plus optimiste que le HCP et le CMC
L’institution de Bretton Woods table sur 3,2% contre une tendance à 2,4% pour le HCP et le CMC. Le Fonds monétaire international est aussi plus optimiste quant au taux de chômage prévoyant une baisse en 2019 et en 2020. Les importations de biens finis de consommation n’auraient crû que de 0,8%, en glissement annuel, au lieu de 10,5% une année plus tôt.
Les prévisions de croissance au Maroc ont toujours fait l’objet de confrontation entre les différentes projections : celles du ministère des Finances, du FMI, de la Banque mondiale, du HCP sans oublier le Centre marocain de conjoncture (CMC). Bien que les différentes estimations affi rment se baser sur des éléments macro et microéconomiques avérés, les critiques fusent souvent sur l’écart entre elles parfois important. Sur fond politique, certaines lectures des agrégats économiques peuvent être soupçonnés d’impartialité. C’est ainsi que le ministère des Finances a souvent croisé le fer avec le HCP ou encore le CMC, proche de l’USFP, sur fond de taux de croissance en yoyo.
Dans son rapport sur les perspectives de l’économie mondiale, rendu public mardi à Washington, le FMI prévoit un taux de croissance en 2019 au Maroc de 3,2% contre 3,1% en 2018. Il est encore plus optimiste avec 3,8% en 2020. A contrario, le CMC dans sa lettre d’information pour le mois d’avril revoit à la baisse la croissance en 2019 à 2,4%. Le CMC en veut pour cause l’absence de pluie, mais aussi ce qu’il qualifi e de fébrilité «inquiétante » des opérateurs économiques privées durant le premier trimestre 2019. Au départ, la prévision du CMC était plus généreuse à 3,6% à la faveur d’indices précurseurs qui étaient tous au vert. Le rapport du centre en cite une légère baisse du chômage, le bon comportement de certains secteurs, l’intensité et la répartition des pluies précoces enregistrées durant les mois d’octobre et de novembre, la forte croissance mondiale annoncée à 4%.
Toutefois, cette dernière, selon le FMI, n’aura pas été au rendez-vous. L’institution de Bretton Woods s’attend à une croissance mondiale de 3,3% en 2019, contre 3,6% réalisée en 2018, en baisse de 0,4 point par rapport à ses prévisions d’octobre dernier. Non loin des prévisions du CMC, ceux du Haut commissariat au Plan prévoient une croissance de l’économie nationale de 2,4% au deuxième trimestre de l’année en cours contre 2,5% durant la même période une année auparavant. Le HCP se base pour son pronostic sur une régression de 4,3% de la valeur ajoutée agricole. Au premier trimestre, cette croissance se serait établie, selon le HCP, à 2,3% au lieu de 3,3 l’année dernière. Si ce rythme se confirme pour le reste de l’année, les prévisions du HCP épouseront la courbe déjà établie par le CMC. Dans ce contexte, l’indicateur de premier plan qu’est la demande intérieure est de bon augure cette année. Toujours selon le HCP, la consommation finale des ménages se serait affermie de 2,8%, contribuant pour 1,6 point à la croissance globale du PIB. Et d’étayer cet aspect en expliquant que les dépenses de consommation auraient été alimentées par une hausse de 5,7% des crédits à la consommation et aurait profité plutôt aux produits locaux. Fait marquant, les importations de biens fi nis de consommation n’auraient crû que de 0,8%, en glissement annuel, au lieu de 10,5% une année plus tôt. Il n’en reste pas moins vrai que quel que soit le pronostic, la pluviodépendance de l’économie nationale est toujours d’actualité et ceci malgré la bonne performance des secteurs hors agricultures qui continue de nourrir les exportations nonobstant la baisse de régime de la demande mondiale adressée au Maroc mais la tendance n’est pas à l’euphorie.
Selon le CMC, les expéditions des marchandises du Maroc vers le reste du monde en 2019 devraient, en partie, subir le repli essuyé par le secteur agricole. Ainsi, les exportations hors phosphates, agroalimentaires et automobile, n’enregistreraient, selon le CMC, qu’un accroissement de 6%. La même source ajoute que par contre, les importations, sous le poids de la facture pétrolière, l’approvisionnement en blé et en biens d’équipement, évolueraient à un taux qui frôlerait les 7,5%. Résultat : cet effet de ciseaux aboutirait à un creusement du défi cit commercial d’environ 8% du PIB. Quid de l’emploi ? Le CMC est catégorique : le ralentissement de l’activité économique se traduirait par une pression importante sur le marché du travail. Et après une embellie à la fin de l’année 2018, le taux de chômage devrait augmenter de 1,5 point sous les mêmes conditions actuelles. Ce qui est énorme. Contrairement à cela, le FMI s’attend plutôt à une détente en tablant sur une baisse du taux de chômage respectivement à 9,2% en 2019 et à 8,9% en 2020.